L'oublié

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Molie Lydosty arpentait la petite pièce, d'une démarche saccadée, frustrée de ne pas savoir ce qu'on était en train de faire subir à son cher frère, Ovide. Elle l'aimait – oh ! Oui elle l'aimait – son cher frère, son jumeau. Il était sa moitié, elle était la sienne, ensemble ils se complétaient parfaitement.

Alors, quand elle entendit les cris de son jumeau résonner à travers les cloisons, rien, ô grand rien ! n'aurai pu la préparer à cela...

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Molie dormait dans le même lit que son frère, de peur qu'il ne lui arrive quoi que se soit. C'était pareil pour Ovide, les jumeaux aimant veiller l'un sur l'autre à tout moment du jour et de la nuit. Tous les enviaient de leur proximité. Les jumeaux Lydosty avait alors 12 ans.

Rien n'aurait pu plus surprendre Hyra et Wylan, les parents Lydosty, que le fait d'avoir des jumeaux. A l'accouchement, la sage-femme avait d'abord hurlé « C'est une fille ! » mais, douze minutes plus tard, alors que Hyra s'apprêtait à se reposer, la sage-femme l'ordonna de se redresser et s'était alors écrié « Et un garçon ! ». Le mari avait rit. Alors que sa femme était aux anges, la seule chose qu'il a trouvé à dire fut que l'appartement ne sera plus assez grand ! Hyra lui avait décoché un regard noir (comment pouvait-il dire cela comme ça ?). Pour toute réponse, Wylan avait rit de plus belle et embrassée sa femme sur le front. Finalement, la jeune maman avait rit à son tour, puis les médecins et les sage-femme s'étaient joins à la joie général et bientôt, toute la salle résonna de merveilleux rires. Une magnifique journée !

Le jour filtrait par une mince ouverture du volet, réveillant ainsi Molie, qui avait alors sentit une présence pesait au dessus d'elle et de son frère... La petite fille se dégagea des bras d'Ovide, qui avait tendance à prendre sa sœur pour un doudou, essayant de se redresser, légèrement tendue. Son jumeau gémit alors et ouvrit à son tour les paupières, puis laissa échapper un grognement furieux lorsque Molie ouvrit les volets.

« -Agression de la rétine ! Marmonna t-il à travers les couvertures.

« -Désolée, lui répondit sa sœur, c'est juste que... »

Elle haussa les épaules.

Pour toute réponse, son frère se dégagea de sous ses couettes et alla déposer un baiser sur sa joue, baiser qu'elle lui rendit. Ils sourirent.

Un raclement de gorge les fit sursauter et tous deux se retournèrent. Une femme mince, aux cheveux court et aux yeux marron banal, les fixait.

« -Petit déjeuner, dit la nounou des enfants.

-Oh, ça va, pas obligé de nous déranger, se plaignit Ovide. »

Aucune réaction de la part de leur nounou, elle attendait une autre réponse, que Molie donna :

« -Ovide ! S'offusqua t-elle, ne parle pas à Nounou comme ça ! Excuse-toi ! »

Ovide ronchonna. La nounou arqua un sourcil, mais, au lieu de fixer le petit garçon, ses yeux restaient fixés sur Molie... Celle-ci s'excusa alors des mauvaises manières de son jumeaux et accepta le petit-déjeuner que leur avait apporté Nounou. Sur ceux, la femme sorti de la chambre.

« -De toute manière, y'a que toi que les gens regarde, grommela Ovide ».

Molie haussa les épaules et commença à manger. Il était vrai que les jumeaux Lydosty étaient très proches, amis, parfois, Ovide jalousait sa sœur. Il se plaignait souvent qu'elle avait des cheveux bien plus beaux que les siens, ou qu'elle étaient plus belle, que les gens du voisinage la préférait... Ridicule ! Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, à la différence de leur sexe bien sûre : mêmes boucles rousses, mêmes tâches de rousseurs, mêmes mimiques... Molie ébouriffa alors la tignasse de son frère, ce qui fit arracher un sourire à celui-ci. Elle lui tira ensuite la manche et l'obligea à manger.

Recueil de NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant