Thirty-Five

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20 novembre 2017

Ça va faire maintenant 4 jours que nous sommes rentrés à New York avec Sam,  lui il est parti chez sa famille en Caroline du nord, et moi je suis retourné à l'hôpital. J'en ai mare. J'en peux vraiment plus. Je dois être à l'hôpital pour surveillance permanente mais j'en ai ras le bol.

Ma mère passe tous les jours. Le matin lorsqu'elle a le temps ou le soir en rentrant du boulot. Je suis tellement triste pour elle... Elle est effrayée par ma maladie et sa fatigue se lit sur son visage. Je lui dis tous les jours de ne pas passer aussi souvent et de ne pas s'en faire mais c'est ma mère et elle est comme ça. En même temps c'est compréhensible... j'ai le cancer par un rhum.

Ben ne vient pas aussi souvent, il passe plus vers la pause du midi et on parle un peu de ses affaires (qui m'intéresse vraiment depuis que j'ai assisté à une), et il me parle de la maison et de ce qui s'y passe. Je l'aime pour ça, il ne me voit pas comme sa belle-fille malade mais juste comme sa belle-fille.

Tyler lui c'est carrément autre chose. J'ai l'impression qu'il n'est pas au courant que je suis malade.. ou alors qu'il s'en fou complètement. Les premières semaines il était au petit soin avec moi mais il s'en ai vite lassé et sa vie de populaire la rattrapé. Je pourrai lui en vouloir ou être offensé qu'il s'en fiche mais qu'est ce que je le remercie pour ça.
C'est juste mon demi frère. On se cri dessus, on va manger des mc do ensemble, on traîne parfois ensemble parce que mine de rien, ces potes ne sont pas si méchant que ça, enfin bref on fait ce que font les demis.
Et ça me va très bien !

Alors moi, pendant que ma famille vie sa petite vie a l'extérieur, je reste enfermé dans cette hôpital. Je ne vais pas vous mentir en disant que c'est l'horreur comme on pourrait le croire parce que je passe des bons moment (alors mettons les choses au claire : c'est un endroit très glauque et principalement triste alors quand je dis des bons moments je parle que entre deux chimios et deux crises je suis plutôt contente quand par exemple, j'ai le droit a un pot de glace pour le déjeuner).

Non sérieusement, j'y ai rencontré des gens adorables et qui resteront dans mon cœur longtemps. On commence évidemment par Sam (assez triste comme rencontre mais je suis contente de l'avoir quand même rencontrer ce con), puis Madison, Gloria, Marcus, Angelina (l'adorable personne qui nous sert le repas dans l'espèce de self : elle sait très bien que le soir je viens piquer dans les réserves avec Madi mais elle ne dit rien; je pense aussi qu'elle nous laisse exprès des gâteux quelque fois), Malik (un petit gars à l'étage des enfants malades qui a lui aussi une forme de leucémie, je fais des courses de fauteuil roulant avec lui - don't judge us-) Jamya (une afro-américaine qui travaille dans la maintenance, elle me fait mourrir de rire quand elle me raconte sa vie et quand elle danse en balayant le couloir. Elle m'a prêté sa perruque un jour et elle m'a dit que j'étais sa fille de l'hôpital - ça avais refais ma journée)....

Il en manque surement mais c'est dur de tous les cités. Quoique à bien réfléchir il en manque un.
Il s'appelle Charles et il va avoir 92 ans dans quelque jours si je me rappelle bien.
Et bien c'est devenu mon papi d'amour.

Je l'ai rencontré pendant une chimiothérapie. Comme Madi et Sam, nous étions à côté et il a commencé a me parler. Pas du tout comme un vieux pervers comme on pourrait croire, mais plutôt comme un grand père à sa petite fille. Il m'a parlé de sa femme, Marie, qui est morte il y a maintenant 15 ans, et à quel point elle lui manquait.
Il m'a aussi raconté les années de guerres, parce que oui, la guerre des États Unis avec le Japon il l'a connu. C'est tellement intéressant de l'écouter parler. Parfois je vais dans sa chambre, (parce que sauf pour les chimios il ne bouge pas) et il me raconte des histoires. Je l'adore.

Il m'apprend à jouer aux échecs et je lui apprends le français. Je me suis attaché à lui en seulement quelque semaines c'est fou. Enfin bref.

J'ai rencontré pas mal de gens, principalement des malades (et contrairement a ce qu'on pourrait penser, ils ont de la joie a donner. Ils savent - tout comme moi - qu'ils peuvent mourrir à tout moment, alors ils sont tout le temps joyeux (enfin presque vous avez compris quoi c'est dur d'être tout le temps joyeux dans un hôpital)). Ils sont devenu ma deuxième famille, tous autant qu'ils sont.

Pour tout vous dire, mon seul problème en ce moment (étant donné que du côté cancer ça peut allez pour l'instant) c'est mon poids. Je vous rappelle que à mon arrivé a New York, j'étais ce qu'on appelle « bien en chaire » : grosses cuisses, ventre un peu dodu, seins assez volumineux et fesses pas non plus toutes plates... mais j'aimais mon corps, je m'y sentais bien dedans.
Et vous savez à quoi je ressemble en ce moment ? A un squelette. Je suis tellement fine que ça me fait peur. Je ne sais pas si s'est un effet secondaire de la chimio mais je n'ai plus un pet de graisse en trop. Je dois avoir perdu au moins deux tailles de bonnets et mes fesses ont diminués de volume.
Et bien pour certaine ça ne serai pas de refus ce régime improvisé mais pour moi c'est l'angoisse.

Je passe au moins 10 minutes le matin en m'habillant devant le miroir, les larmes aux yeux, a me regarder, presque dégoûté de mon corps si maigre, si pale, si moche..

Et rien ne change, j'ai beau manger comme une baleine tous les jours (ou du moins les jours où je n'ai pas la nausée d'après chimio) je ne prends pas un gramme. J'ai tellement envi de pleurer. Je me cache sous des gros sweat qui peuvent avec un effet d'optique, me grossir un peu...

La tout de suite je suis dans mon lit, je mange un paquet de schtroumpfs piquants que j'ai ramené de France en regardant Joséphine ange gardien (merci du fond du cœur Marcus pour m'avoir mis des chaînes françaises).

Marcus entre précipitamment dans ma chambre un air mis paniqué mis triste sur son visage.

- Qu'est ce qu'il se passe Marcus ? Demande je méfiante.
- C'est Gloria... Elle ne passera pas la nuit.

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