Chapitre 2

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June

Arrive enfin l'heure de midi, je sors de la salle de français. J'attends Lawra et les autres devant la salle, Alexe était dehors avant moi. On se regarde puis on les attend, silencieuses. Mon regard se perd sur ses cheveux indigo tandis qu'elle fixe la salle adossée contre l'encadrement de la porte, je n'avais pas percuté qu'elle portait une crête, avec un dessin sur le côté. Je constate également qu'elle porte beaucoup de piercings. Elle a un style un peu punk rock.

- Tu n'as pas bientôt finis de me mater ?

Elle me tire hors de mes pensées, je n'ai pas remarqué qu'elle me regardait. Ses yeux sont bleus maintenant, scrutant mon visage et elle hausse un sourcil.

- Je... Je ne te matais pas, dis-je en bégayant. En plus je suis sûre que je rougis.

- Ça va, tu peux le dire que je suis parfaite, fait-elle en ricanant et en me faisant un clin d'œil.

Je lui réponds en levant les yeux au ciel et puis je rigole. Assez vite, Lawra et Luca nous rejoignent. En route pour le self ! Le long des couloirs, Lawra nous raconte à quel point elle trouve beau Bastian, le rugbyman de notre classe. Il faut savoir que Lawra tombe amoureuse d'un garçon tous les trois jours, alors on l'écoute parler sans vraiment y prêter une grande attention. Pendant ce temps je sens que Luca me fixe, c'est assez perturbant, ce mec est bizarre depuis ce matin. Il ne parle pas et m'observe, je vais demander à Lawra ce qu'elle en pense ce soir.

Il y a une queue immense devant la porte de la cantine. On en a au moins pour une demi-heure d'attente. Heureusement qu'on ne reprend qu'à 13h30. Mais à vrai dire je m'ennuie un peu et entendre Lawra nous parler pendant des heures de ce Bastian me saoule un peu.

- Lawra, commence Alexe, ferme ta gueule tu vois pas qu'on s'en contre fout de ce mec ?

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire à son intervention inattendue.

- Je te ferai dire qu'au moins je meuble la conversation, puisqu'il y en a aucune sans moi, répond Lawra

- Arrête de te croire indispensable dans nos vies, personne est irremplaçable, on peut bien vivre sans toi, ajoute-t-elle, et ne plus entendre ta voix me ferait le plus grand bien.

J'interviens.

- Par contre je t'arrête. Tu ne peux pas dire que personne est irremplaçable.

- C'est mignon tu défends ta meilleure amie.

Elle me nargue.

- Alors déjà je suis d'accord pour le fait qu'elle parle un peu trop de Bastian (je cite son nom a voix basse pour que personne ne l'entende). Mais on a tous quelqu'un qui est irremplaçable dans nos vies.

- Pas pour moi en tous cas.

- Dis pas n'importe quoi, tu vas me dire que tes parents sont remplaçables ?

- Ferme-là ! Ça te regarde ? Tu crois connaître toute ma vie ? On ne se connaît pas je te rappelle !

Je crois que je l'ai énervée... Elle s'approche de moi et hausse le ton, ses yeux sont verts de colère à présent. J'ai un petit mouvement de recul quand elle commence à me pointer du doigt. Je tombe contre Luca qui me rattrape avant de se placer devant moi pour arrêter Alexe qui commence à attirer l'attention sur toute la file d'élèves.

- Oh calmez vous, crie Lawra, Alexe tu n'as pas besoin de t'énerver comme ça ! (elle se retourne vers moi) June, elle a raison d'un côté tu ne connais pas sa vie. Maintenant vous deux vous la fermez et on attend patiemment. Je crois qu'on s'est assez fait remarqué.

Luca est toujours devant moi, comme s'il voulait me protéger. Je me faufile et passe de nouveau devant lui pour faire face à Alexe.

- Excuse-moi de t'avoir énervée.

Elle me regarde sans répondre, puis se retourne pour faire dos à moi. Génial, les ennuis commencent déjà.

Le repas se fait en silence. À côté de moi il y a Lawra qui mange tranquillement, jetant parfois un regard vers nous, comme si elle allait parler mais elle s'abstient. En face d'elle il y a Alexe, des écouteurs dans les oreilles et les yeux rivés sur son téléphone sur lequel je ne sais pas du tout ce qu'elle fait. Elle mange parfois une fourchette de son repas, mais elle ne nous regarde pas, elle semble renfermée sur elle-même. D'un côté je m'en veux d'être intervenue car il est vrai que je ne la connais pas, que je ne connais rien de sa vie ni de ses rapports avec ses parents. Mais elle n'avait pas à me hurler dessus. Car, oui, je ne suis pas censée la connaître. On est toutes les deux en faute dans cette histoire.

- T'inquiète pas, je vais lui parler, ça lui passera.

C'est Luca, qui est en face de moi, qui me parle. Pour la première fois j'entends sa voix, elle est grave, douce et rassurante. Ses yeux verts me regardent avec un charmant sourire laissant apparaître deux fossettes qui creusent ses joues, ça lui donne un certain charme. Je lui réponds d'un léger sourire et me remets à manger mon riz, il est trop cuit d'ailleurs.

- C'est... un peu compliqué avec elle parfois, ajoute-t-il.

- Ce n'est pas grave, je m'en fiche à vrai dire.

- Non tu t'en fiches pas, ça se voit. Tu la regardes toutes les deux secondes...

Il baisse la tête et enfourne une bouchée de son pain, le seul truc qui est mangeable ici d'ailleurs. Il a des réactions bizarres par moment. Je n'ai encore jamais vu de garçons timides à ce point. Je trouve ça chou. Sinon, il a raison, je ne m'en fiche pas mais je ne sais pas pourquoi. Je décide de ne pas lui répondre, et on se remet tous à manger, de nouveau en silence.

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