Chapitre 18

18 1 0
                                    

June

Nous sommes le lendemain. Je suis devant mon miroir en train de me dévisager. J'ai les yeux rouges, j'ai du mascara qui a coulé et j'ai eu la flemme de me démaquiller avant d'aller me coucher. Je suis vêtue d'un long sweat gris. Le sweat de la Déprime comme je l'appelle. Il traîne la plupart du temps au fond de mon placard et je le ressors en cas de gros chagrin. Pourquoi ce sweat ? j'en ai aucune idée. Lawra vient ce matin. Hier je lui ai téléphonée et elle m'a immédiatement dit qu'elle passerait me voir pour discuter mais, avant, il faut que je sois présentable. Je retire le sweat de la Déprime, mes sous-vêtements et je file sous la douche. Je laisse couler l'eau chaude sur ma peau, ce qui détend mes muscles. Lorsque je passe le gel douche, cela me pique au niveau du bras. Je regarde, il y a deux marques rouges, on remercie Luca et ses ongles. Je n'y prête pas plus attention et finis de me laver. Je ne sais vraiment plus où j'en suis et je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir dire à Lawra. Elle est si têtue en ce moment, c'est insupportable. Elle ne m'écoutera sûrement pas et elle me dira de me remettre avec Luca, que j'ai fait une très grosse erreur. Je n'en peux plus de ce poids qui pèse sur mes épaules. J'aimerais qu'on me laisse tranquille avec toute cette histoire. Il n'y a qu'Alexe qui me comprend. Je repense d'ailleurs à l'après-midi qu'on a passé, c'était magique. Je nous revois sur le lit, en train de rire, je criais même lorsqu'elle me chatouillait. Puis on se calmait et je la regardais dans les yeux, ses yeux perses, qui étaient à cet instant d'un bleu intense, avant de me blottir contre son épaule. C'est le seul contact que je pouvais lui dérober. Pour ne pas que cela paraisse bizarre, je la chatouillais à mon tour et elle sursautait avant d'éclater de rire. Pendant que je me remémore ces instants quasi parfaits, on frappe à la porte. Je coupe immédiatement l'eau et j'entends ma mère me dire :

- Merci, on la paie cher ici.

- Désolée maman.

- Je te le dis juste. Au fait, Lawra est dans le salon.

Lawra ! Je sors de la douche et enfile les vêtements que j'avais disposés sur le bords du lavabo et je descends directement. Lawra est assise sur le canapé. À mon arrivée elle se redresse et s'empresse de me prendre dans ses bras. Je crois bien qu'elle pleure.

- Je m'en veux tellement.

Je me recule et la regarde, perplexe.

- Je n'aurais jamais dû te forcer, continue-t-elle, je réalise que maintenant. Luca m'a appelée et m'a engueulée. Il avait raison, vous aviez raison sur toute la ligne.

- Le plus important, je soupire, c'est que tu t'en sois rendu compte.

- Ouais mais, à cause de moi, Luca est triste et toi tu es perdue.

- Maintenant je vais mieux, enfin je crois.

On s'assoit, elle essuie ses larmes avant de me prendre les mains.

- Je t'écoute.

Cela me surprends qu'elle réagisse comme ça. C'est étrange venant d'elle mais ça me fait plaisir qu'elle me laisse parler.

- J'ai été chez Alexe hier après-midi.

- Que s'est-il passé ?

Je lui raconte alors tout ce qu'on a fait, les fous rires, le film et le piano. Je parlais avec tellement d'enthousiasme, Lawra souriait et rigolait avec moi. Pour une fois, ça m'a fait du bien de lui parler. À la fin de mon récit, elle ajoute :

- Je suis heureuse que vous vous entendiez si bien.

- Oui.

- Tu as des étoiles dans les yeux.

- Ah bon ?

Je ne peux contrôler le sourire qui se dessine sur mon visage. Je sens même le rouge me monter aux joues.

- Ouais, on sent que tu tiens à elle.

- Je tiens à elle, oui.

Elle me répond d'un sourire.

Nous avons passé notre dimanche à papoter, à plaisanter, à faire tout ce qu'on avait pas fait depuis si longtemps. J'avoue que cela m'a fait un grand bien de retrouver ma meilleure amie.

FeelingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant