Alexe
- Lawra a craché le morceau...
- Tu m'appelles pour ça ?
Putain je m'absente une journée et ça y est c'est le bordel. Ma pauvre June, elle ne doit rien comprendre et en plus de ça je n'ai pas répondu à ses messages hier.
- Je crois qu'elles ne se parlent plus.
- Tu m'étonnes.
- Ça ne te fait ni chaud ni froid ce que je te dis ?
- En vérité, je comprends June. Sérieusement vous réalisez ou non ce que vous avez fait ?
- C'est une idée de Lawra et puis tu es dans le coup aussi je te rappelle.
Et merde.
- Va te faire foutre Luca !
Je dois lui envoyer un textos, maintenant. Je ne prends pas le temps de lui dire au revoir que je lui raccroche au nez. Je vais dans mes messages puis sur ma conversation avec June.
- Hey comment ça va ? Désolée de ne pas être venue aujourd'hui j'avais un rendez-vous.
Il est 18h30. Je suis devant mon écran dans l'attente d'une réponse de sa part.
***
19h15, toujours rien. Je pense que je devrais l'appeler, je m'exécute sans réfléchir. Ça sonne, mais on raccroche au bout de la deuxième sonnerie. Je tente deux, trois ou cinq fois, j'ai arrêté de compter. Dieu sait ce qu'elle aurait pu faire. Pourquoi je m'inquiète pour elle au juste ? Oh et puis merde c'est pas le moment de se poser des questions. Je ne pensais pas faire ça un jour mais j'appelle cette garce de Lawra.
- Allôôô ?
Rien qu'à sa voix aiguë et de pétasse j'ai envie de lui foutre une tarte.
- C'est Alexe.
- Je sais merci.
- Bref, où habite June ?
- Déjà bonsoir.
- Déjà tu la fermes, tu as foutu la merde et maintenant elle ne répond ni à mes messages ni à mes appels.
- Tu t'inquiètes pour elle ?
- Non mais il faut bien que quelqu'un de sensé le fasse à ta place.
- Je... je te l'envoie par message...
Ça lui en bouche un coin tiens ! Je la remercie et raccroche directement. Quelques secondes après je reçois l'adresse, j'enfile ma grosse veste à capuche, il fait trop froids pour la veste en cuir, mes Boots, j'inscris ma destination dans le GPS de mon téléphone et je décolle. Vraiment ce ne sont que des merdeux ces deux-là, encore Lawra je ne suis pas étonnée mais alors Luca, je ne le pensais pas aussi con.
Au bout de vingt minutes de trajets j'arrive devant une maisonnette, petite mais charmante. Les murs sont en briques rouges et la porte d'entrée, de garage ainsi que le portail sont blanches. C'est ici. J'avance sur le petit sentier de dalle et j'arrive devant la porte, je sonne. C'est un grand gaillard avec des cheveux poivre et sel et une barbe balbo, il a l'air d'avoir la quarantaine tout au plus. En le voyant j'ai eu un mouvement de recul.
- Je peux vous aider ?
Sa voix est ferme, son ton est limite agressif.
- Je... Je suis une amie à... à June.
Il ne semble pas convaincu et me regarde comme s'il attendait que je dise autre chose. Il a les mêmes yeux noisettes que sa fille, c'est perturbant. Il se retourne vers l'intérieur, regardant June qui se tient debout en haut d'un escalier.
- C'est bien ton amie ?
Elle fait de grands yeux, muette. Qu'est-ce qu'elle attend pour dire oui ? Ce n'est pas que mais j'ai froid et je ne suis pas venue jusqu'ici pour rien. De mes mains je lui prie de descendre et lui mime de me laisser une chance de parler. D'un pas hésitant elle descend les marches.
- Oui, laisse-la entrer je devais lui rendre quelque chose.
- Hum, d'accord je vous laisse, je retourne au salon.
Elle m'emmène ensuite dans sa cuisine, elle est immense. Un plan de travail noir contourne pratiquement toute la pièce. À droite il reste un espace pour un bar et pour accéder à une porte qui mène sûrement au sellier. Elle me fait signe de m'asseoir sur une des chaises au bar tandis qu'elle passe derrière le comptoir. D'un signe de tête, elle me laisse prendre la parole. Ses yeux sont rouges et son mascara a déjà bien coulé. Je prends une grande inspiration et commence d'un ton calme.
- J'ai appris pour tout à l'heure, Luca m'a téléphonée.
- Fais comme si tu n'étais pas au courant depuis le début.
- Je l'étais et je trouvais ça ridicule.
- Cela ne t'a pas pour autant empêchée de te prêter au jeu.
- Qui t'as dit que je jouais ?
- Personne... Mais ça semblait logique puisque Luca est ton ami...
Elle est blessée et ça se ressent, j'essaie de la rassurer.
- Personne comme tu dis. Moi je te le dis, je ne jouais pas. Luca s'est fait piégé par Lawra. Pour le coup il est con. Tu connais mieux cette fille que moi alors je te laisse imaginer ce qu'elle a pu lui mettre en tête. Mon ami comme tu dis, est assez naïf. Ne lui en veux pas.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- Je voulais. Mais j'étais bloquée entre Luca et toi. Quand ta pote nous a décrit son plan, j'ai préféré ne pas les suivre. Tout comme toi je trouve ça dégueulasse et je me sentirais trahie. Je restais avec vous pour Luca car c'est mon meilleur pote. Pas pour ce foutu plan.
Tête baissée jusqu'à présent, elle la redresse, les larmes aux yeux et d'une voix tremblotante, elle continue :
- Donc hier, notre après-midi au parc, ne faisait pas partie du plan ?
Je sourie, manquant d'éclater de rire. Comment peut-elle penser une chose pareille ?
- Bien sûr que non, ma chérie, lui dis-je avec un clin d'œil.
Elle essuie ses larmes et un sourire se dessine sur ses lèvres, j'aime ce sourire. Je préfère largement son visage ainsi que larmoyant. Je descends de ma chaise pour la rejoindre derrière le comptoir. Ne me demandez pas pourquoi je fais ça mais je la prends dans mes bras. Le plus étonnant c'est qu'elle passe les siens autour de moi. Étant plus grande qu'elle, ma tête se retrouve enfouie dans ses cheveux bruns. Je ne suis pas habituée à ce genre de situation donc je mets vite fin à notre étreinte.
- Ne t'inquiète pas June, ils ont compris la leçon. Ils se sont pris un sacré savon de ma part.
Elle me répond d'un léger sourire avant de me raccompagner vers le hall d'entrée. Elle ouvre la porte et je sors. Je la regarde une dernière fois, elle a les bras croisés afin de se protéger du froid.
- Au passage, désolée de ne pas avoir répondu à tes messages ni de t'avoir prévenue de mon absence aujourd'hui. J'étais très occupée.
- Pas de problèmes, merci d'être venue. Tu n'avais aucune raison de faire tout ça.
- Je ne sais pas moi-même. Disons que c'est normal ?
- Oui.
- Aller j'y vais, on se revoit demain.
- À plus.
Elle ferme la porte. Je suis tellement soulagée que cette histoire soit réglée. Encore une fois, je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Pourquoi j'ai ressenti le besoin de l'aider ? Pourquoi me suis-je inquiéter ? Pourquoi voir ses larmes m'ont fait la sensation d'un coup de poignard dans la poitrine ? Je commence à m'attacher à cette fille et je ne devrais pas, je ne sais pas du tout où cette histoire va me mener et je ne suis pas du tout rassurée à cette idée.
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Feelings
Художественная прозаJune, 17 ans, une fille ordinaire qui se pose beaucoup de questions, elle ressent toujours le besoin de tout contrôler. Alexe, avec ses cheveux indigo, peut paraître du genre à ne pas se prendre la tête. Plutôt mystérieuse, son passé fait qu'elle ne...