Chapitre 11

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June

Le lendemain

Je m'apprête à rejoindre mes amis au parc. Au moment de partir je prends soin d'emporter les sandwiches que j'avais soigneusement préparés la veille. J'enfile mes chaussures, ma veste et je pars. Pour un mois de Novembre il fait encore bon dehors mais on supporte bien la petite veste. Je me dirige vers l'arrêt de bus et attend celui-ci. Pourquoi quand je vais en cours je dois lui courir derrière mais le week-end il met sa vie à venir ? Je ne comprendrai jamais ces bus. Cinq minutes plus tard je le vois apparaître au bout de la rue. Les portes s'arrêtent juste devant moi, s'ouvrent et je rentre, salue le chauffeur, valide et trouve une place à laquelle je m'installe. Un quart d'heure plus tard, me voici au niveau de la ruelle où nous avions mangées avec Alexe. Je fais appel à mon magnifique sens de l'orientation pour retrouver le parc, ce qui ne fut pas trop difficile. Je marche sur le même sentier, les mêmes arbres m'entourent sauf que leurs feuilles sont tombées. Les grands terrains d'herbes ne sont plus que gadoue et feuilles mortes, les enfants continuent de courir, mais certains glissent et tombent. Je repense à notre discussion sur le fait d'avoir des enfants plus tard et j'avoue qu'après avoir vu l'état de leurs vêtements une fois qu'ils se relèvent, j'ai de la peine pour les pauvres parents qui vont devoir faire la lessive. J'imagine Alexe, avec un enfant, en train de râler car il serait revenu le T-shirt et le jean plein de terre. Cette pensée me fait rire doucement. Non loin maintenant, je vois apparaître le sommet du carrousel, qui tourne encore. C'est en arrivant devant celui-ci que je vois Alexe qui m'attendait. Un grand sourire aux lèvres, elle s'approche de moi.

- Hallelujah ! Je ne suis plus toute seule !

- Pourquoi ? Personne n'est là ?

- Non, il n'y a que toi et moi, June.

- Okay, dis-je en soupirant avant de la suivre sur un autre sentier.

Alexe se retourne vers moi, haussant un sourcil.

- Toi, quelque chose ne va pas.

- C'est pas ça...

Elle s'arrête.

- Dis-moi ce qui te tracasse.

- Je peux pas...

Je tente en vain de reprendre notre marche, mais elle me retient par l'épaule.

- C'est Luca ? C'est bon balance il n'est pas là pour savoir.

- C'est ton meilleur ami...

- Justement, si tu as besoin de savoir quelque chose, je suis la mieux placée.

Je soupire à nouveau.

- Je ne sais pas ce que je fais avec lui.

- C'est-à-dire ?

- Il est gentil, attentionné, doux, tout du mec parfait, mais je ne suis pas bien avec lui et je ne sais pas comment l'expliquer.

- Je vois, ce n'est juste pas le bon, ça arrive.

- Lawra me dit de coucher avec lui, ça pourrait réveiller mes potentiels sentiments enfouis.

- Je te coupe direct. Tout ce qui sort de la bouche de Lawra est de la pure connerie. Tu n'es pas obligée de baiser pour savoir si tu aimes quelqu'un et je pense que tu es assez intelligente pour savoir ça.

- Oui, je n'ai jamais dit que je comptais le faire avec lui. C'est juste que je ne sais pas quoi faire. J'ai peur de lui faire du mal.

Elle marche en silence, au bout d'un instant elle s'arrête à nouveau.

- Luca est un mec sensible, trop sensible, et il est niais. Il est follement amoureux de toi, j'en suis sûre, mais si tu veux le quitter, quitte le. Il préfère ça que de savoir que tu lui as menti sur tes sentiments depuis le début.

Je m'apprête à répondre mais elle me coupe la parole.

- Et ta Lawra, si elle n'est pas contente, qu'elle aille se faire foutre.

Je hoche la tête, gênée, en signe d'approbation. Nous sommes arrivées dans un endroit que je ne connaissais pas encore, juste, magnifique encore une fois. La même forme que la place du carrousel, mais ici, il y a seulement des nappes et des personnes qui y pique-niquent. On se trouve un petit coin à l'ombre. On dépose la nappe qu'Alexe avait apportée. Nous nous asseyons et discutons un peu.

Vingt minutes s'écoulèrent avant de voir Lawra et Luca apparaître sur le chemin de gravier. Lawra court à ma rencontre. Je me lève et elle me saute dans les bras, son salut habituel. Une fois que j'ai quitté son étreinte, je me dirige vers Luca qui m'embrasse. C'est horrible comme sensation... mentir sur un baiser. Je pense que le mieux serait que je lui parle, mais ce n'est pas encore le bon moment. Une fois que tout le monde s'est dit bonjour, on s'assied sur la nappe et c'est partie pour un bon déjeuner entre amis. Lawra sort les Desperados de son sac, ce qui ne manque pas de rendre heureuse Alexe qui réagit comme une petite fille qui vient de recevoir une poupée Barbie le jour de Noël. Elle me fait rire. Luca entame des chips tandis que je sors les sandwiches.

- Tu as ramené le dessert Alexe ? demande Lawra.

- Oups, j'ai oublié, dit-elle en explosant de rire.

- Tu n'es pas sérieuse ! On te fait confiance et tu « oublies ».

- Ce n'est rien Lawra, dit Luca, on ira voir le marchand de gaufres.

Lawra acquiesce difficilement en faisant une moue puis croque dans son sandwich.

Le repas est superbe hormis la main de Luca sur ma cuisse tout le long. Il me la caresse tout en discutant et rigolant avec Lawra. J'aimerais qu'il me lâche mais c'est ce que font les gens normaux lorsqu'ils sont en couple. Pour ma part c'est différent car je ne sais pas vraiment si je suis amoureuse de lui ou non. Je mange en silence et Alexe remarque mon malaise, elle aussi reste silencieuse. Nos regards se croisent et elle me fait un clin d'œil.

- Luca, ça te dit de venir acheter les gaufres avec moi ?

Alexe, sache que je te serais éternellement reconnaissante de cet acte.

- Pas de soucis, répond Luca, on revient vite les filles.

Ils se lèvent et partent en direction du marchand de gaufres. Celui-ci vient chaque année à la même période. En été c'est les glaces, en automne et en hiver ce sont les gaufres et les crêpes. Sur ce, je pensais pouvoir finir mon repas tranquillement mais ma meilleure amie me regarde avec un sourire plutôt... malicieux.

- Que regardes-tu comme ça ? demandai-je en observant autour de moi dans l'espoir de trouver ce qui l'intrigue tant.

- Non c'est bien toi que je regarde June.

- Ah euh... et je peux savoir ce qu'il y a ?

- C'est ton jour de chance, répondit-elle en me tendant son téléphone.

Je prends le téléphone et je commence à paniquer, qu'a-t-elle encore manigancé ?

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