Feelings

Chapitre 14

Alexe

Ma prestation terminée, je me retourne vers June, ses yeux pétillent, elle est vraisemblablement bouche bée. Je suis à la fois flattée et gênée car je n'ai pas l'habitude de jouer devant des gens. Seule ma mère m'a déjà entendue jouer et encore, elle était ivre, elle avait vomi son surplus d'alcool sur le clavier.

- Ça y est tu as eu ta petite mélodie ? Je peux te faire visiter le reste de l'appartement ?

- C'était... waouh.

- N'abuse pas, je me suis gourée dix fois.

- Pour une fille qui, comme moi, ne connaît pas grand-chose au piano, les fausses notes n'existent pas.

- Si tu le dis, allez viens.

Je me lève, lui prends la main afin de l'amener dans ma chambre.

- Ta porte a un trou ? remarque-t-elle.

- Oui.

- Est-ce que ce serait trop indiscret de te demander pourquoi ?

Sa voix est à peine audible, sûrement par crainte de m'énerver. Prise de pitié par son air de chien battu je lui réponds calmement :

- Quand mon père est parti, tout a été détruit dans la maison. Par la suite, nous devions faire des travaux avec ma mère mais, par manque de temps et d'argent, on ne les a jamais fini. On avait commencé à arracher la tapisserie, ce qui explique l'état de l'entrée. Seul les travaux du salon ont été aboutis.

Elle hoche la tête en signe d'approbation. J'ouvre donc la porte de ma chambre. J'entre mais elle reste devant l'entrée de celle-ci.

- Quelque chose ne va pas ?

- Ton mur...

Je me retourne dans toute la pièce et mis à part des murs bleu marine, mon lit superposé, mon bureau et ma micro-fenêtre donnant sur l'arrêt de bus je ne vois rien de perturbant... à moins que...

- Ah, le drapeau ?

Il est vrai que j'ai immense un drapeau arc-en-ciel, emblème de l'homosexualité, qui prend la moitié de mon mur, face à mon lit.

- Oui. T'es lesbienne ?

Je ne sais pas si je dois répondre mais mentir pour le coup serait un peu con.

- Oui, tu peux partir si ça te dérange. Je comprendrais.

Elle se met à rire. J'ai pas tout suivi je crois.

- Tu es folle ou quoi ? Pourquoi ça me dérangerait ? T'es ce que tu es.

- Merci.

Je suis extrêmement gênée mais June semble heureuse de l'apprendre. Tant mieux. Je vais en direction de mon étagère avec tous les films que je possède à l'intérieur. Il doit au moins il y en avoir une cinquantaine.

- Tu veux regarder quoi ?

- Je suis pas trop films de base.

- Comment c'est possible ? C'est légal ?

Elle me tape dans l'épaule et on se marre. Je sélectionne un film au hasard et regarde duquel il s'agit.

- Suicid Squad, bon, pour tuer le temps ça fera l'affaire.