Chapitre 10

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June

Trois semaines plus tard.

Je suis en histoire des arts, je m'ennuie à mourir. Je compte chaque minute qui me reste avant de partir en week-end, dix-sept précisément. En attendant, je griffonne sur mon cours, sur le visage de Mona Lisa. Désormais elle porte une moustache, je rigole bêtement dans mon coin en voyant ce que j'ai dessiné. Je regarde ensuite dans la classe, tout le monde est à moitié endormi sur sa table, sauf Alexe qui semble absorbée par ce que le prof raconte. Elle plisse ses yeux, son stylo contre son piercing, elle me fait rire quand elle est concentrée. Quand elle écrit, elle se mordille la lèvre inférieur, ce qui la rend mignonne. Je n'ai jamais vu Alexe autant s'intéresser à un cours mis à part celui-ci et celui d'art plastique. La tête dans ma main je la regarde travailler et même si elle vient de me voir, je ne détourne pas le regard. Elle sourie, gênée. J'ouvre grand les yeux pour encore plus la déstabiliser, ce qui la fait doucement ricaner sans pour autant qu'elle arrête de mordre sa lèvre et d'écrire. Tout d'un coup je sens quelqu'un tirer sur la manche de ma chemise à carreaux, je fait volte-face sur Lawra en lui demandant ce qu'elle fait. D'un signe de tête elle désigne le prof, qui me regardait jusqu'à présent, avec un air d'impatience. Toute la classe rigole. J'aimerais, là maintenant tout de suite, disparaître six pieds sous terre. J'acquiesce, honteuse, et prends mon stylo pour écrire le cours.

Ça sonne, je remballe mes affaires aussi vite que je peux, je ne souhaite pas rester une minute de plus dans cette salle. Une fois dans le couloir j'accélère la cadence mais je me suis vite rattraper par Alexe.

- J'ai bien aimé quand tu m'admirais.

- Tais-toi, c'est déjà assez embarrassant comme ça.

- Roh ne t'en fais donc pas. Ils auront tout oublié d'ici lundi.

- J'ai honte de moi.

- Mais il ne faut pas avoir honte de regarder une perfection !

- J'admire ta modestie ! On dirait Lawra.

Elle me tape l'épaule, elle déteste quand je la compare à elle.

- Dis le encore une fois je te jure que...

- Tu ressembles à Lawra, dis-je fièrement.

- Oh putain.

Je n'ai pas eu le temps de dire quoique ce soit qu'elle me décolle du sol, je lâche un cri de surprise puis elle me met sur son épaule en me tenant par les jambes. Je lui hurle de me laisser descendre en lui tapant le dos. Elle me met une claque sur les fesses en me disant de me taire. J'arrête de me débattre et au lieu de ça je redresse la tête et vois Luca, les poings serrés et les traits du visage tendus. Je m'approche de l'oreille d'Alexe.

- Alors, ce n'ai pas que je n'aime pas tes petites claques sur mon fessier, mais il y a ton meilleur ami derrière, et il semble légèrement énervé.

Elle me repose immédiatement et elle attend que Luca arrive. Quand il se retrouve à deux centimètres de son visage, elle me montre d'un geste de la main et lui dit calmement.

- Ne sois pas jaloux, elle aime mes fessées et pas les tiennes. C'est triste mais ainsi va la vie. Ne t'en fais pas tu as d'autres qualités.

Je rigole tandis qu'il la regarde droit dans les yeux, sans rien dire. Il passe à côté d'elle, la poussant de son épaule puis s'approche de moi puis me prend par la taille en me déposant un baiser sur les lèvres. Oui, vous ne rêvez pas, je suis avec Luca. Bon je lui ai juste laissé une chance. En vérité c'est un peu plus compliqué que ça dans ma tête. Je ne suis pas spécialement bien avec lui. Attention, il est gentil, adorable et affectif. Ça change du début de notre relation lorsqu'il était timide et bizarre mais, je ne sais pas, j'ai l'impression de faire semblant. Lawra et Alexe me disent que c'est parce que je n'ai pas l'habitude et que ça viendra avec le temps. En parlant de Lawra, celle-ci nous rejoint en puis nous quittons le lycée et, devant le portail, elle nous annonce son « idée géniale » qu'elle a eu en cours, mais entre nous, les idées de Lawra ne sont jamais vraiment géniales.

- Est-ce que ça vous dit de sortir au parc demain ?

- Lequel, ai-je demandé, toujours collée contre Luca.

- Celui vers chez Alexe, dans lequel vous étiez la dernière fois. On ramène à manger, on pique-nique là-bas et on s'amuse.

- Tu as cru qu'on avait quatre ans ou quoi ? dit Alexe.

- Je comptais ramener des bières... Mais si tu n'as pas envie de venir...

- Je serai là !

- Alcoolique va, balance Luca.

On se met à rire tous les quatre. Ça fait vraiment du bien qu'on s'entende tous ensemble maintenant. On se met d'accords sur l'horaire et sur qui ramène quoi, puis on rentre chacun chez soi. Luca et Alexe de leur côté, Lawra et moi de l'autre. Dans le bus, je me retrouve à penser et ça ne manque pas d'intriguer mon amie.

- Que se passe-t-il dans ta petite tête, me demande-t-elle.

- Rien.

- Comment ça se passe avec Luca ?

On ne peut rien lui cacher à elle.

- Comme d'habitude, j'ai l'impression de faire semblant.

- Vous l'avez déjà fait ?

- C'est vrai qu'au bout de trois semaines, on couche avec son mec.

- Tu t'en fiches, si vous voulez le faire, faites-le.

- C'est pas une histoire de coucher ensemble Lawra...

- Je sais, tu te poses des questions, tu es un peu perdue, tu as l'impression de ne pas le comprendre ni de te comprendre mais le faire avec lui peut vous aider à trouver des réponses. Regarde, je pensais que ça allait coller avec Bastian mais en fait non.

Elle semble être sûre de ce qu'elle dit. En même temps il ne faut pas oublier que c'est Lawra et, qu'elle n'attend pas pour coucher avec tout le monde.

- Je ne l'ai jamais fait auparavant...

- Rien ne sert de précipiter les choses, tu peux lui en parler.

- Je ne sais vraiment pas.

- T'en fais pas.

Je hoche la tête. Le reste du trajet se fait en silence, peu de temps après, Lawra est descendue. J'aimerais me dire qu'elle a raison mais franchement, c'est plus compliqué que ça. Rien qu'être en couple avec lui, je ne me sens pas bien, alors je n'imagine même pas coucher avec, surtout que je ne l'ai jamais fait. Je ne sais vraiment pas quoi faire.

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