Feelings

Chapitre 12

June

- Tu plaisantes j'espère ? !

Là c'est trop.

- Tu exagères ! Tu me remercieras plus tard !

- Non mais tu te fous de ma gueule ? À quel moment tu envoies un message à Luca pour lui dire je cite « June à envie de franchir le cap avec toi mais elle n'ose pas te le dire ».

Elle se marre.

- Lawra ! Ce n'est pas drôle putain !

- Tu étais perdue, c'était mon devoir de meilleure amie de t'aider.

- Ferme ta gueule !

Je lui hurle dessus, je suis sur le point de lui sauter à la gorge et de l'étrangler. De quel droit elle se permet d'entrer dans ma vie sentimental ? Surtout que là on ne parle pas d'un petit rencart mais de me dévirginiser. Putain tout ça est absurde. Elle est en face de moi, ses yeux bleus sortent limite de leur orbite, elle est étonnée de ma réaction, en même temps il y a de quoi s'énerver, elle est vraiment conne ou quoi !

- Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « Je ne veux pas coucher avec Luca » ? !

Elle tourne la tête sur ma gauche, je fais de même. Il ne manquait plus que ça. J'aperçois Alexe, debout avec une deux gaufres à la main. À côté d'elle, bien évidemment, se tient Luca qui me regarde, sûrement vexé de mes propos, je n'arrive pas bien à déterminer sa réaction, éblouie par le soleil.

- Félicitation, paie ta discrétion June, s'écrie Lawra.

- Vas te faire foutre.

Je me redresse, sur le point de lui foutre une baffe. Je ne serais jamais capable de lever la main sur elle bien qu'elle en aurait bien mérité une pour le coup. Je rassemble mes affaires et quitte le parc. J'essaie en vain de me contenir mais les larmes coulent à flots. J'accélère le pas, je veux être au plus vite chez moi, je n'en peux plus de toute cette histoire.

À quelques mètres de l'arrêt de bus j'entends qu'on m'appelle. Je ne me retourne pas pour autant. C'est alors que je sens qu'une main se pose sur mon épaule et qu'on me retourne de force. Je n'ai même pas le temps de réagir qu'on me prend dans ses bras. Il m'a fallut une ou deux secondes avant de réaliser qu'il s'agissait d'Alexe. J'ai reconnu sa veste en cuir et ses cheveux indigo. Je m'enfouie dans son cou, laissant s'échapper par mégarde un sanglot ce qui renforce son étreinte et la poigne de sa main dans mes cheveux. Elle colle sa tête contre la mienne et me chuchote.

- Ce n'est qu'une connasse.

Je ne pourrais expliquer ce sentiment lorsque je suis contre elle. C'est comme si plus rien existait autour de nous... en tout cas, je me sens bien. J'aurais aimé profiter de cet instant plus longtemps mais ça la gêne donc elle met vite fin à ce câlin. Je regarde alors le sol, elle prend entre son pouce et son index mon menton afin de redresser ma tête. Elle me regarde, me sourie, essuie une larme qui venait de s'échapper.

- Tu t'en fous ma chérie.

Son « ma chérie » me fait légèrement pouffer. Je suis tellement heureuse de l'avoir rencontrée. Ça ne fait que quelques semaines que nous nous connaissons mais elle a déjà été plus présente que Lawra aurait pu l'être en 5 ans. J'acquiesce d'un petit hochement de tête et m'efforce de sourire.

- Je préfère largement quand tu souries, me dit-elle en me faisant un clin d'œil.

J'ai encore envie de la prendre dans mes bras, mais au lieu de ça je reste planté là, à la regarder dans les yeux, en souriant comme une mongole.

- Ça te dit de venir chez moi ?

Pardon ?

- Pardon ?

- Tu m'as très bien comprise.

- Mais tu ne vas pas les laisser comme ça ?

- Qu'est-ce que j'en ai à cirer. C'est toi qui est mal. Eux, aux dernières nouvelles, ils se portent bien.

- J'ai dû le vexer...

- On s'en fiche. Aller viens, il y a personne chez moi. On va se mater un petit film dans ma chambre et on va faire ces trucs que font les filles entre elles là, histoire d'oublier deux secondes cette pétasse de Lawra et ce gogole de Luca. Tu me fais confiance ?

Une image d'Alexe en train de se vernir les ongles me vient à l'esprit, je me retiens d'exploser de rire et me contente de répondre.

- Ok je te suis.

- Parfait.

On se dirige donc vers l'immeuble d'Alexe qui se situe non loin de cet arrêt de bus.