Chapitre 13

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June

Nous sommes sur le pallier de son appartement. En face de nous se tient une porte blindée en bois. Alexe insère la clé dans la serrure.

- Il y a personne chez toi ?

- Oui, je te l'ai dit tout à l'heure.

Je m'apprêtais à lui demander si elle vivait seule mais je crois bien qu'elle m'avait déjà dit qu'elle vivait avec sa mère lorsque nous avions fait notre petit rencart.

Elle ouvre, me laisse entrer en première afin de refermer la porte derrière moi.

- Je te laisse visiter, ce n'est pas très grand de toute manière.

- Ok.

L'appartement est ainsi composé : un couloir principal menant à toutes les pièces. À l'entrée, une commode en bois de pin, au-dessus de celle-ci un miroir. Une tapisserie partiellement déchirée, d'un blanc cassé jaune, orne le mur. Opposé à la commode, un porte manteau avec deux paires de chaussures en dessous. J'avance le long du couloir, sur ma droite, ce qui semble être la cuisine, parfaitement éclairée, dans des tons un peu jaunâtres aussi. On sent que l'appartement est assez vieux à travers la décoration et l'état des meubles. C'est très différent de chez moi. Je continue ma visite silencieusement et détourne la tête sur la gauche, le salon. Sûrement la plus grande pièce des lieux, et la plus jolie sans vouloir être méchante. Un style minimaliste, un peu comme ma cuisine. Des tableaux d'artistes inconnus, noirs et blanc, basés sur différents styles graphiques. Ils m'intriguent. Je crois que c'est ma pièce préférée, il y a même un piano. Comme si Alexe lisait dans mes pensées, elle se met derrière moi et me dit :

- Ne compte pas sur moi pour en jouer.

- Tu joues du piano ?

- Un peu.

- Ne sois pas modeste, fais-moi un morceau, lui dis-je avec mon plus beau sourire.

- Je viens de te dire quoi ?

Je joue alors la carte des yeux doux et de la bouille d'ange. Je veux et j'aurai mon morceau de piano.

- Ça par contre tu n'as pas le droit ! Non s'il vous plaît ! Pas le regard du Chat Potté !

Elle fait mine d'être éblouie et cache son visage de ses mains.

- Bon tu as gagné.

- Je gagne toujours, ai-je répondu en souriant fièrement.

Elle soupire et part s'installer devant le piano, relève le capot, dispose ses pieds sur une des pédales et commence à laisser danser ses doigts sur les touches blanches et les dièses. Je me laisse bercer par la mélodie et fini par réaliser qu'elle jouait...

- Impossible de Shontelle.

- Bravo.

- J'adore cette chanson.

- Moi aussi.

Je voulais lui demander à qui elle faisait référence en jouant cette musique, mais j'ai préféré ne pas entrer dans les détails et me laisser envoûter par le son du piano qui recouvrait toute la pièce, ainsi mon esprit. Je la regarde, elle est à contre jour mais j'arrive à percevoir qu'elle a les yeux semi clos, elle se mordille la lèvre inférieure, comme à chaque fois qu'elle se concentre, son piercing brille. On sent qu'elle s'imprègne de chaque note, chaque accord. J'ai l'impression de lire en elle pour la première fois en pratiquement un mois, comme si je découvrais la personne qu'elle était réellement. Cette personne qui est cachée par ce style punk rock, ce métal et ces cheveux indigo. Je n'arrive pas à expliquer, c'est à la fois étrange et agréable comme sensation, j'en ai la chair de poule. Elle en joue « un peu » qu'elle me disait ; une excuse pour ne pas que je découvre son talent caché. Elle joue à la perfection. Je n'ai plus les mots pour décrire à quel point ce que j'entends et vois est magnifique. Je suis hypnotisée par elle et sa mélodie, Dieu qu'elle est parfaite.

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