Chapitre IX

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La chaleur accueillante de l'auberge réchauffe mes bras congelés. Après notre discussion à propos de l'enseigne, le soleil est tombé si vite que je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir plus longtemps. D'abord hésitant, Thomas finit par me suivre à l'intérieur.

Autour de grandes tables de métal, des créatures tout comme des humains nous fixent, sans gêne. Devant eux, boissons et plats chauds fument encore, donnant à la pièce une odeur exquise. La barmaid, derrière le comptoir, m'adresse un sourire franc et doux. Elle ne doit pas être plus âgée que Thomas, sans doute la fille du propriétaire.

Ce dernier s'avance désormais vers nous, le même sourire que sa fille sur le visage. Après tout, nous sommes des clients et après une guerre, les clients sont précieux.

— Bienvenue sur Idan ! Je pensais que vous logeriez chez vous, vous deux. Comment se porte les Enfers ? Demande Galdron, le patron.

Il a connu mon père, ainsi que plusieurs autres membres de ma famille. Cependant, je sais qu'il est de retour depuis peu, puisque c'est sa femme qui gérait l'auberge depuis trois ans. Une histoire de remplacement à Rome, ou quelque chose de ce genre.

Pour lui, un hybride, la situation était idéale. Un monde avec d'autres personnes comme lui, il a dû s'y plaire. Je lui adresse un sourire reconnaissant.

— Ils ont connus mieux j'imagine. Comment était Rome ? Je réponds, essayant d'être gentille.

La petite lueur que je voyais dans son regard s'éteint aussitôt.

— C'est très vide désormais. Le Chaos n'a pas laissé de survivants dans l'auberge que je tenais. Quelle malédiction....murmure-t-il.

Autour de nous, les clients ont repris leurs repas, sauf six. Un petit groupe continue de me fixer d'un œil mauvais. Je connais leurs regards, ainsi que leurs vêtements. De couleur brune, leurs vestes tout comme leurs bottes sont résistantes à n'importe quel temps et surfaces, facilitant les combats.

Leurs pantalons noirs permettent un meilleur camouflage et une meilleure dissimulation des armes. Leurs cheveux sont rasés ou coupés très court, signe qu'ils se battent depuis de longues années. Galdron suit mon regard et dans un murmure, me confirme ce que j'avais déjà deviné :

— Des chasseurs de primes. Ils sont là depuis deux jours. Je ne sais pas ce qu'ils cherchent mais ils n'ont pas encore trouvé. Je les ai entendus de disputer dans leurs chambres ce matin, me révèle le gérant.

— Pour la nuit ? Tu rentres en Enfer demain ? Demande mon ami.

Je souris et hoche la tête. Je ne peux pas lui dévoiler totalement mon plan, ça serait trop dangereux. Pour lui plus que pour moi d'ailleurs. Avec un clin d'œil, je réconforte mon ami d'une tape sur l'épaule et lui demande une chambre pour la nuit. Ce dernier disparaît après m'avoir confié le numéro, 183. Après cela, j'indique à Thomas la table juste derrière celle des chasseurs de prime et on va s'y installer.

Malgré ma tenue plus que légère, le froid ne m'atteins pas. Cependant, je me félicite d'avoir laissé quelques vêtements dans l'ancienne maison, pour pouvoir me changer demain. Je me glisse sur la banquette en tissu avec bonheur.

C'est si doux ! Devant nous, les chasseurs ont cessés de nous observer et ont repris leur dîner. Sauf l'un d'eux, que je devine être leur chef. Un homme assez gras, avec une moustache mal taillée et des habits trop petits.

Il m'indique du menton à l'un de ses confrères et du doigt, m'invite à me joindre à eux. Si Thomas me lance un regard paniqué, j'y vais plutôt confiante. Je me place face à l'homme un peu gras et le dévisage sans gêne.

Les Chroniques d'Idan (tome 2) : La Première ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant