Chapitre XXXV

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— Quoi ?, je réponds après quelques secondes de silence.

Samantha lève ses yeux verts embués de larmes vers moi. Ses lèvres tremblent, ainsi que certains de ses membres.

Elle continue de presser ma main, incapable de prendre la parole. En cet instant, elle est redevenue la Samantha fragile et vulnérable qu'elle était il y a un an. 

Plus rien ne semble avoir d'impact sur elle hormis la peur qu'elle ressent constamment. Comme si elle était parvenue au même constat que moi, la jeune Banshee se force à arrêter de trembler en baissant les yeux vers ses mains, avant de planter son regard dans le mien à nouveau.

— Il faut que tu m'emmènes loin de l'île. Sinon, je vais devenir folle, s'emporte-t-elle.

Fronçant les sourcils, j'essaye de me concentrer sur le Lien pour savoir ce que la jeune femme ressent. Mais il n'y a presque rien, juste un petit peu d'angoisse.

Rien de plus. La diminution de notre Lien est toujours en place. Une boule de fourrure passe entre nous au moment où j'allais répondre, passant sa patte griffue sur mes genoux quelques secondes.

— Aïe !

Mon cri du cœur fait sourire Samantha tandis que dans mon dos, Thomas s'esclaffe. J'aurai pu dire la même chose d'Arrynn, si nous ne nous détestions pas.

Elle, elle se moque clairement de moi. Seul Archibald reste silencieux, observant la Banshee qui caresse doucement le Brownie. 

Ses sourcils sont froncés et sa bouche n'est plus qu'une simple ligne. Il est inquiet, mais je ne saurais dire pourquoi.

Visiblement, il est plus qu'enclin à voir Sam quitter l'île, même dans un moment aussi important que celui-ci.

Ne parle-t-on pas de guerre ? Je ne peux pas abandonner ma famille dans une crise aussi dense... si ?

Dans ma tête, l'image d'une Samantha plus blanche qu'un linge, les yeux rougis et me suppliant de la tuer s'impose et je dois me retenir de pleurer de rage.

Je peux entendre sa voix brisée par de trop nombreux accompagnement me supplier, insistant sur mon prénom. 

Sa voix qui craque avant même de finir sa phrase. Et mon katana, posé à même sa trachée.

Mes poings se serrent d'eux-mêmes. Je sais que ce n'est que dans ma tête, mais cela ne m'empêche pas d'être furieuse. Ne changerais-je donc jamais ? 

Fusillant la créature qui me fait désormais face, je chasse l'image et lui renvoi celle d'une petite claque derrière les oreilles.

Avec le plat de mes katanas. Avec un petit cri, T'Shael file se réfugier derrière Samantha, qui m'interroge du regard.

« Elle veut me découper les oreilles ! » s'exclame le jeune Brownie.

Je fronce les sourcils.

— Quoi ? Non ! C'est n'importe quoi ! T'Shael, cesse de te comporter comme un bébé et ramène tes fesses poilues ici, je le menace sous le regard d'un Thomas hilare.

Le Brownie sort de sa cachette et vient se poser devant moi, les yeux grands ouverts.

Il cligne des yeux à deux reprises, comme pour essayer de m'amadouer.

Je l'attrape dans mes bras et lui colle une petite tape derrière l'oreille droite, ce qui le fait couiner. 

Comme si elle boudait, la créature replie ses petits bras poilus sur son ventre dodu et essaye d'avoir l'air menaçant.

Les Chroniques d'Idan (tome 2) : La Première ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant