Chapitre XXXVIII

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Lentement, la station de métro se re-matétialise devant nous après quelques secondes passées dans le néant le plus total. Mes yeux se plissent sous la puissance du soleil tandis qu'un grognement étouffé s'extraie de ma gorge.

A côté de moi, je sens Samantha me serrer la main, comme pour être sûre que j'étais bien revenue avec elle. En jetant un œil de son côté, je suis confrontée à un regard empreint de soulagement et d'anxiété.

Je lui adresse un petit sourire qui se veut rassurant avant qu'un coup puissant dans mes côtes viennent me plaquer au sol. J'entends Samantha protester d'un bref cri avant que tout son ne soit coupé de mon monde, tant la douleur est immense.

Souffle coupé, douleur important dans les côtes droites et voile de larmes devant les yeux, je tente tant bien que mal de me remettre debout avec un grognement.

— Vraiment, papa ?, je grimace.

Levant les yeux vers Lucifer, je dois affronter le regard empli de reproches de ce dernier. Il se contente de croiser les bras sur son torse, ultime tentative de me montrer sa colère.

Comme si le coup n'avait pas suffit. Derrière lui, Samantha est retenue par Uriel d'une main ferme sur le torse, empêchant la jeune femme de s'approcher de moi.

Ma tante m'adresse un regard désolé, tandis que Ramiel fixe le plafond, allongée sur le sol. Visiblement, notre départ n'a rien changé pour elle.

— Oui Aoile, vraiment. A quoi pensais-tu ? Vous auriez pu vous tuer, toutes les deux, s'écrie-t-il.

Ses pupilles sont dilatés, sa respiration est sifflante et entrecoupée de petits tremblements, tandis que quelques perles de sueur coulent le long de son front.

Il a vraiment eu peur pour nous. Doucement, je me relève a l'aide de mes mains, devant demander l'aide de mon père pour tenir debout un premier temps.

— On a été appelées. Des gens, de l'autre côté, voulait nous parler. Et sur le coup, on a pas pensé aux conséquences, j'explique.

Mon père ricane, le type de rire jaune que l'on a lorsque quelqu'un nous fait une mauvaise blague. Il fixe le sol quelques instants avant de relever les yeux. Uriel lâche Samantha, qui s'approche de moi au petit trot.

M'attrapant la main, elle m'envoie un regard de détresse avant de faire face aux trois adultes qui nous fixe. Sa poigne ferme presse ma main deux fois de suite, comme pour nous donner du courage, tandis que j'aperçois Ramiel qui s'est remise debout.

— Et en quoi ces personnes sont plus importantes que nous, votre famille ? Des personnes en vie ?, demande Uriel, un peu amère.

Ramiel acquiesce d'un simple geste de la main, presque comme si elle était blasée d'être ici. Je ne sais pas combien de temps nous sommes parties, ni ce qu'il s'est passé ici, mais ça n'a pas fait évoluer la mentalité de Ramiel. Et quelque part, cela m'ennuie profondément.

Mon père ne dit rien, se contentant de nous observer du coin de l'œil. Je ne sais pas ce qu'il pense. Son visage n'exprime rien, si ce n'est du soulagement. Pourtant, je le vois se tendre, comme s'il avait deviné que les prochains mots à quitter nos bouches allaient changer la face du monde.

Il ne sait pas encore a quel point il a raison. Je fixe Uriel du regard, ne sachant pas comment lui annoncer que son ex-Liée nous a expressément demandé un sacrifice d'Archange pour sauver la face du monde. Je ne sais même pas si je suis prête à accepter un tel sacrifice. J'ai besoin de ma tante à mes côtés. Plus que jamais, en tant de guerre.

— C'était ma mère, lâche Samantha d'une voix grave, en baissant la tête.

Sans que je m'en aperçoive, la jeune Banshee avait lâché ma main et fait deux pas en avant, confrontant directement les trois Archanges dans les yeux. Les poings fermés, les bras croisés contre son torse et une expression faciale neutre, elle fait presque peur. 

Les Chroniques d'Idan (tome 2) : La Première ReineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant