Le réveil est rude. Ma tête me lance comme si j'avais eu la plus grosse cuite de ma vie, tandis que tous mes muscles protestent contre chaque mouvement. Un grognement s'échappe d'entre mes lèvres tandis que je me masse l'œil droit qui refuse de s'ouvrir. Mes cheveux détachés viennent se coller à mon visage et je suis obligée de les retirer d'un geste de la main, pour découvrir un Thomas hilare, adossé au mur face à la fenêtre.
Je le fusille du regard tout en me levant, ignorant le message de douleur envoyée par mon corps. Une fois debout, j'attache mes cheveux en une queue de cheval rapide, avant de regarder par la fenêtre. Le soleil est presque à son sommet, m'arrachant une grimace. Je devrais déjà avoir quitté l'île et au lieu de ça, je ressemble à une junkie post-soirée. Un soupir sort de ma bouche tandis que j'étire mes bras vers le haut pour réveiller mon corps.
— On part dans une heure, j'assène à Thomas qui efface aussitôt son sourire.
Je continue de déambuler dans la chambre, tirant légèrement sur mon haut pour essayer de lui redonner un côté moi « sortie de lit ». Mais non, mon haut ressemble à un chiffon et ça se verra dès que je quitterai l'établissement.
Habituellement, cela ne me dérangerait pas, mais étant Reine je dois désormais garder une certaine image. Et forcément, un haut froissé, après avoir dormi dans la même chambre qu'un Oracle n'est pas à mon avantage. D'ailleurs, Thomas m'arrête en posant sa main sur mon épaule.
— C'est trop tôt. J'ai besoin de préparer mes affaires Aoile, je ne peux pas partir comme ça ! Après ce qu'Arynn a fait pour moi, je ne peux pas partir d'un coup. Je lui dois tout, elle m'a sauvé la vie. Mais tu le savais pas vrai ? Tu l'as vu, lâche-t-il en un souffle.
Je fixe sa main sur mon épaule tout en me raclant la gorge, afin qu'il la retire. Je sais ce qu'Arynn signifie pour lui. Mais je ne l'ai pas forcé à venir avec moi. Il l'a choisi. Et ce choix, comme tous les choix, a un prix. Puis, je regarde Thomas d'un air détaché, avant de plisser légèrement les yeux. Mes mains se tournent afin de présenter la paume vers le haut, tordant mon poignet légèrement.
— Qu'est-ce que ça peut me faire ? Je pars dans une heure, à toi de voir si tu suis ou non, je termine avant de m'avancer vers la salle de bain.
Une fois à l'intérieur, je retire mon haut et le pose à plat sur le sol. Je souffle un bon coup, consciente de ce qui m'attend dehors. Une fois que j'aurai quitté Idan, le Conseil apprendra que je suis dehors, forcément. Et à mon retour, j'aurai à répondre de mes actes.
Puis, je pose sur mon haut allongé sur le carrelage froid tout ce que je trouve de plus lourd, afin de lui redonner un côté lisse et propre. En attendant que cela fasse effet, je m'observe dans le miroir en pied. Si le bas de mon corps est relativement exempt de blessure, le haut en présente.
Je sais que je guéris de manière rapide, sauf si la blessure est provoquée par une lame angélique. Et c'est pour cela que les coupures infligées par ma mère sont restées gravées dans ma peau.
Et c'est quelque chose que je garderais à vie. La marque infâme de sa cruauté. Une marque que même sa mort n'effacera pas. Perdue dans la contemplation de mon propre reflet meurtri, je n'entends plus les bruits parasites, jusqu'à ce qu'une petite voix me parvienne de l'autre côté de la porte.
— Aoile ? Tu es là-dedans depuis quinze minutes. Si je ne peux pas dire au revoir à mes proches, est-ce que je peux au moins prendre une douche ?
La petite voix irritante de Thomas me sort de mes pensées. Je me baisse, retire les objets posés au sol et renfile mon haut. Je jette un dernier coup d'œil au miroir, heureuse de voir que le t-shirt a repris une forme plus conventionnelle.
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Les Chroniques d'Idan (tome 2) : La Première Reine
Fantasy(À lire après "LA Dernière Banshee" pour éviter tout risque de spoilers !). Montée sur le trône des Enfers après la disparition de son père Lucifer, Aoile tente tant bien que mal de gagner le respect de ses sujets dans un contexte presque apocalypt...