•Bonus•

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NDA : Hey ! Voici un petit bonus pour vous remercier des 4k. Alors merci beaucoup pour votre soutien, plus de 4 000 vues, ça peut paraître ridicule mais je n'en espérais pas autant lorsque j'ai commencé cette histoire ! Enfin bref, ce bonus, comme le premier, a pour but de vous informer un peu de ce que sont devenus les personnages restés dans l'ouest. Celui-ci est centré sur Anna mais Ella est également présente. Ce bonus n'est pas joyeux, vous êtes prévenus. Je ne serai pas tenue pour responsable si vous êtes déprimés après l'avoir lu ;p Bonne lecture :D

Anna

Chacun de ses pas soulève des nuages de poussière qui viennent se mêler à la tempête qui fait rage. Les bourrasques sont telles qu'on ne voit des misérables cabanes que des ombres englouties par les tourbillons de saletés qui virevoltent autour. Anna s'arrête un instant afin de se courber sous l'assaut d'une nouvelle rafale qui manque de la projeter au sol. Ses cheveux bruns, désormais ternes et fades à cause des longues journées de travail écrasant passées au-dehors sous les caprices du temps, se dressent en désordre sur son crâne, emmêlant entre eux les nœuds qui s'étaient déjà formés. Le froid transperce la fine couche de vêtements sales et déchirés qui la recouvrent partiellement. Ses yeux et sa bouche restent un moment fermés, un main couvrant son nez, afin que des résidus ne pénètrent pas dans ses orifices. Puis, après quelques minutes d'immobilité, le vent se fait moins violent. Elle se redresse et se remet difficilement en marche, la vue encore brouillée par les particules de poussière toujours malmenés dans les airs.
Il n'y a pas un chat dans les rues sombres. Il est quatorze heures de l'après-midi, pourtant. Mais en ce jour férié, les habitants d'Ora Ouest se cloîtrent dans leurs misérables masures afin de se protéger de la tempête et de commémorer cette journée où l'on peut se féliciter d'avoir survécu une année de plus. Car il s'agit de la nouvelle année qui ne se fête que pour le soulagement d'être encore en vie.
Avec tristesse, Anna se demande si sa meilleure amie est toujours vivante de l'autre côté du rempart et si elle est au courant du destin funeste de son père. À cette pensée, elle a envie de fondre en larmes, de transpercer le silence des rues fantomiques par de terribles sanglots. Mais elle n'y arrive pas, elle n'y arrive plus. Elle est déjà si lasse de cette vie qui ne fait que commencer et qui est vouée à un trépas précoce.
Les premiers jours qui ont suivi la cérémonie, elle ne faisait que pleurer. Découragée par la difficulté du travail qu'on lui imposait, anéantie par le départ brutal de sa meilleure amie probablement disparue pour toujours, elle avait perdu le goût à la vie aussi vite que son sang s'était coloré en marron. Puis, elle a rencontré le regard las de sa mère qui a su interpréter dans le sien tout le désespoir qu'elle ressentait et qui lui a dit : Ne t'inquiète pas, on s'y fait. Alors elle tâche tant bien que mal de s'y faire.

Bientôt, la vue d'une silhouette plus imposante que ses voisines l'arrache de ses pensées moroses et Anna s'arrête devant un grand bâtiment branlant dont les planches ploient sous la force du vent. Il s'agit de l'orphelinat où la petite sœur d'Emma est piégée depuis plus de deux mois.
Anna cogne la porte avec force et quelques minutes plus tard, une femme à l'allure sévère passe son nez crochu dans l'entrebâillement. Lorsqu'elle reconnaît son visiteur, elle retient un soupir impatient et la fait rentrer par l'étroite fente afin que le moins de saletés ne s'échoue dans le hall. Sans mot dire, elle conduit Anna dans une flopée de couloirs, emprunte un ou deux escaliers avant de passer une porte et d'en faire sortir plusieurs gamines vêtues du même uniforme gris et miteux. Elle plante la jeune fille sur le seuil et s'éclipse sans mot dire.
Dans la petite pièce où elle pénètre, une demi-douzaine de lits modestes sont serrés les uns contre que les autres. Sur le dernier de la rangée, est assise une petite fille tout de gris vêtue, son menton baissé, un rideau de cheveux noirs dissimulant ses yeux.
Anna s'arme d'un sourire qu'elle espère assez convaincant pour tromper la petite fille et s'exclame d'une voix faussement enjouée :

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