Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]

1.

« L'amour est le plus
grand criminel du monde »
- IK.A

Six ans plus tard, lorsque
les aiguilles du temps se redressent enfin...

Point de vue omniscient

— Quand je sortirais enfin de cette prison...Mon Dieu, mais quand je sortirais enfin de cette merde, j'irais danser comme pas permis ! Green Valey, Circo Voador, Nola Bar, Fosfobox...J'irais toutes les faire ! Ils vont me voir débarquer et m'observer bouger comme jamais !

Un ricanement qui se voulut railleur vint gommer l'engouement qui émanait de ces paroles.

— Et tu finiras encore ivre morte, et tu iras encore taper sur des pauvres gens innocents, et tu te feras encore embarquer comme un vulgaire sac. Franchement, je vais te dire une chose : tu ne fais jamais ce que t'as prévu de faire. Tu dérapes toujours. C'est qu'un putain de cercle vicieux, laisse tomber, ne prévois rien dans ta vie, laisse toi juste aller à l'improvisation. Ne raisonne pas, ressens simplement.

— Parle pour toi. Excuse moi de ne pas être aussi confiante et soumise à mon destin que toi.

— Ferme la. Il n'y a rien de plus con que de prévoir se défoncer voire démonter en boîte.

L'ange qui passa sur cette table comme un éclair remplaça ces pouffements nerveux qui n'osèrent se manifester, trop craintifs.

— Pour ma part, commença une autre, j'irais retrouver mon mari et mes enfants. Et avec leur aide, j'essaierai d'entasser tout ça derrière moi.

— Basique, utopique, fit remarquer la plus arrogante du groupe qui était d'humeur bien bavarde aujourd'hui. Mais...

Ses cheveux noirs coupés à la garçonne accompagnés de ses yeux bleutés d'outrecuidance rendaient ce personnage naturellement dédaigneux et l'enveloppait d'une grâce hardie qui faisait pâlir de rage les plus polies.

— Es-tu sûre que tu seras capable de te retenir ? De ne pas faire preuve de violence ? De te forcer jusqu'à la fin à être une douce femme et une aimante mère alors que tu es tout le contraire une fois que le soleil s'endort ? Arrête de rêver ma belle, tes actes qui t'ont values la prison sont collés à ta peau pour l'éternité. Je t'ai même encore entendue chuchoter plusieurs fois 51 cette nuit, sérieux, tu seras jamais prête à être qualifiée d'humainement normal.

La mère nerveuse, qui n'osait accorder que ses rêves n'étaient que des étoiles qui allaient exploser une fois hors de ce bâtiment, ne put que baisser les yeux sur ce minime et repoussant plat face à elle qu'elle ne parvenait point à toucher.

— Les filles, osa une autre femme qui essayait de se faire discrète pour échapper aux remarques cinglantes de l'Arrogante, vous parlez comme si il y avait vraiment une vie après la prison...Je pense que toute personne qui sort d'ici n'est pas capable de reconstruire quelque chose et d'oublier...

— Ouais. Super. On va toutes sans exception se morfondre jusqu'à la fin de nos jours parce que le passé sera minablement devenu notre présent et notre futur. Vraiment. Regarde ces plus de trois-cents personnes autour de nous, qui vont être détruites pour l'éternité.

— C'est malheureux...

— Si on a pas d'avenir en prison, si on est foutus dès qu'on passe derrière les barreaux, autant nous tuer alors ! Pourquoi nous garde t-on enfermée si c'est pour qu'on devienne de pauvres rabats-joie aux yeux des personnes qui se seront mieux tenues que nous ? On est tatouées de nos erreurs ! On est le point noir dans le cercle blanc et le cercle noir dans le carré blanc putain !