Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]

19.

Musique vivement conseillée :
This love - Craig Amstrong

Présence de caractères sensibles.
(et chapitre révélatiiiiooons !!)

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« — Pourquoi avoir basé tout ceci à l'entrepôt ? Il y a des milliards d'autres endroits abandonnés et bien mieux cachés à Rio, comme par exemple cet hôtel près d'Ipanema, ce stade de foot et ses vestiaires près du port ou encore ce garage abandonné face à Copacabana... »

Ce garage abandonné, au front de cette plage, voilà que L'Appauvre se trouvait devant. Aussi discret que la pelure d'un corbeau en pleine nuit, il se tenait caché au sein d'une accolade entre un immeuble effrité et une vieille boutique pillée. Bercé par la mélodie des vagues à seulement quelques mètres et les chants tropicaux, la jeune femme n'eût pas grand mal à comprendre pourquoi est-ce que son amant avait d'abord basé ses entraînements illégaux dans un tel endroit.

Si camouflé et enseveli dans l'ombre...Comme lui. Amoureux de l'obscurité comme l'étaient les démons.

Impatiente et parce que la douleur de son cœur lui pesait de plus en plus, elle ne perdit guère plus de temps et s'avança d'un pas prudent jusqu'à ce semblant d'entrée qu'elle avait aperçue. Ses semelles s'écrasaient sur du sable sec qui, malgré l'heure tardive, lui brûla les chevilles. Puis elle fit face à un trou, caché par des planches en bois rongées par des mites. Des étoiles de poussière volaient dans les airs, et se multiplièrent lorsqu'elle tenta d'en déplacer quelques unes.

Les mains sales et griffées, Allyah poussa les planches qui l'eurent dérangées sur le côté, puis prit vite un grand bol d'air comme l'aurait fait un damné. Il le fallait, car devant elle, l'intense noirceur qu'elle distinguait l'étranglait déjà.

« Vous saviez ce qu'elle était en train de faire alors que la moitié de la ville la cherchait ? Elle se battait ! Elle apprenait à se battre avec un mec dans le garage à auto abandonné près de Copacabana ! »

Sa langue la démangeait ; elle désirait tant crier le nom de son amant, face à tout ce ténébre qui dansait devant elle. Mais la peur qui mordait ses tripes et avait enveloppé ses poumons l'en empêchait férocement. Alors, en proie à ces frissons et ces sueurs froides qui esquissaient des formes le long de sa peau, elle se força à continuer, et son corps commença ainsi à se faire engloutir par la bouche du diable.

Une odeur nauséabonde flottait dans l'air et narguait les yeux demi-clos de la jeune femme. Une odeur de rouille, d'humidité mélangée à...des effluves de cigarettes. Aussi, après quelques secondes, elle parvint à distinguer une autre substance, cette substance qui avait provoquée nombre de ses chutes six ans auparavant. Son pire ennemi comme son meilleur ami dans des instants où le courage l'abandonnait.

L'alcool.

De l'alcool.

Pur. Doux. Explosif. Tentant, alliciant.

Ce mélange créa une boule d'envie qui vint courir dans ses veines. Ça sentait le vice, et qu'est-ce que c'était bon. Ce parfum n'appartenait qu'à une seule personne.

Bien qu'elle ne savait point dans quelle zone du garage elle s'était déplacée, l'Appauvre ne s'arrêta pas. Désormais, elle avait trouvée son guide — encore un signe de Dieu — et se contenta de suivre ces puissants arômes.

Le sol, d'après la sonorité qu'il dégageait, semblait n'être composé que de planches vieillottes et de résidus pouvant être aussi bien des mégots que du sable, ou peut-être de la drogue. Tout était possible, dans un endroit aussi sombre et vide que devait l'être l'âme de celui qu'elle cherchait tant.