Point de vue omniscient
Robe blanche en satin, pétillante de mille nitescences et aussi tendre qu'une caresse maternelle, le tissu épousait d'une manière - trop -parfaite l'épiderme hâlé de la jeune femme. Sa poitrine enveloppée dans cet épais drap rendait affriolant même le plus minime de ses gestes alors que le cousu angélique qui retombait le long de ses jambes l'apparentait à une syphilde.
Ses lèvres garnies d'une teinte vermeille semblaient mellifluentes et absorbaient l'attention de plus d'un quart des personnes se trouvant à ses alentours. Ses prunelles émeraudes se baladèrent de manière poltronne entre ces péronnelles qui, de toute évidence, tentaient de lui faire passer un sacré mauvais oeil.
Les mains aussi tremblantes que ce liquide dans ces bouteilles hyalines au loin, elle ressentait douloureusement les claques qu'elle infligeait à son âme en s'efforçant de sourire ainsi. La musique guillerette résonnait dans toute la salle d'une coruscance obscure.Des sourires vinrent l'envelopper et des rires, la recouvrir alors qu'elle sentit soudainement deux mains exercer une certaine pression contre son dos. Elle fut dans l'obligation d'avancer bien qu'elle ne voyait pas très bien le chemin qui se présentait à elle par faute d'un violent éblouissement dû à cette couleur blanche qui dominait.
Sa gorge était nouée et ses paumes, voilées d'un léger drap de moiteur alors qu'on la força presque à prendre ce bouquet tout aussi blanc comme neige. Elle le zieuta pendant un instant, puis continua sa marche alors qu'elle se sentait de plus en plus se faire frapper du regard d'autrui.
Les borborygmes incessants qui dansaient autour d'elle eurent le son de faire valser sa tête comme ces personnes qui valsaient un peu là-bas.
Elle s'avança pourtant, encore, encore, à l'aveuglette, jusqu'à ce qu'on lui ordonne de s'arrêter. Le long drap de sa robe qu'elle avait sentie se faire soulever au cours de sa marche s'abaissa d'une manière rude et âpre, comme les battements optimaux de son coeur qui devinrent brusquement aussi rapides que des étoiles filantes.
L'agitation qu'il y eût autour d'elle était foudroyante. Elle remarqua subitement qu'elle se trouvait, après un bref coup d'œil derrière son épaule, seule sur une interminable allée qui semblait siamoise au chemin du Paradis. Du coin du regard, elle aperçut nombre de sièges en bois à gauche et nombre de sièges en bois à droite. Ces derniers étaient tous occupés, sans exception, par des personnes qu'elle ne connaissait point.
Elle tourna légèrement sur elle-même, profondément inquiète par ce lieu, cet événement et cette atmosphère. Que se passait-il ? Que faisait Dieu ?
Elle reconnut instantanément le lutrin sur lequel reposait dignement le Livre Sacré. Une telle vue faillit lui arracher un brusque hoquet de surprise suivi d'un haut-le-coeur d'effroi. Cependant, elle n'eût point le temps de se laisser aller: un homme, au bout de l'allée contraire au lutrin, venait de faire une apparition digne des contes enchantés.
Les bruits de joie ne devinrent plus que des murmures et le coeur de la jeune femme devint une braise ardente qui vint lui brûler la poitrine.
L'homme, à la posture confiante, reposait pendant de longues minutes au loin, les mains plongées dans les poches et le regard de toute évidence vissé sur elle. De par sa tenue, il paraissait déjà si séduisant qu'elle ne put s'empêcher de rougir légèrement.
![](https://img.wattpad.com/cover/138362162-288-k218016.jpg)
VOUS LISEZ
Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]
Novela JuvenilC'est désormais la vie qui se joue d'elle après qu'elle s'en eût longuement moquée. En six ans, le temps ne peut que craqueler les fragiles souvenirs déjà bien esquintés. En six ans, le coeur ne peut qu'être beaucoup plus exténué. Six ans derrière...