15.

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Point de vue omniscient

Dieu.

Prier Dieu. La seule solution, la clé ultime, le plan A d'une volonté.

Voilà ce qu'avait décidée de faire L'Appauvre. Car Dieu pouvait réaliser toutes sortes de désirs quand la vie ne le voulait pas. Venaient des moments où s'en remettre au Seigneur des Cieux et où cesser de jouer au brave guerrier ne pouvaient être que bénéfiques.

Alors, ce fut armée de cet objectif que la jeune Brésilienne, en cette soirée étrangement orageuse où il tombait bien des cordes, poussa faiblement la lourde porte de l'église la plus proche.

Par pur, ou plutôt ironique hasard, cette basilique se trouvait être la même qui avait assistée  à une fuite des plus mémorables six ans auparavant.

Une fuite tamponnée contre les vieux murs froids et gravée dans ce silence qui psalmodiait.

Un flot de frissons la prit alors qu'elle posait le bout de sa chaussure à l'intérieur, le corps tremblant comme à l'accoutumée. Sombre était le sein de l'église, noirâtre était l'atmosphère, et bien que toutes ces incommodités auraient du la repousser et lui faire tourner les talons, elle n'en fit rien.

Bien au contraire, elle s'enfonça dans ce brouillard funeste qu'elle avait tant détestée auparavant.

D'ordinaire, ses pas auraient du résonner dans la complétude de la bâtisse, mais le temps au dehors se trouvait être si fort et si violent que même les pas d'un gargantuesque animal se seraient trouvés être inaudibles.

Son regard agité fouetta l'ensemble de l'intérieur. Elle marchait, avançait, s'enfonçait, alors qu'un faisceau lumineux parfaitement droit trônait au centre, dans l'optique d'éclairer la statue au front.

Cette nitescence était la lumière de Dieu.
Pour sûr, l'on ne voyait rien d'autre que la statuette sacrée.

Un instant, ses yeux s'eurent clos. Puis il se rouvrirent. À l'instar de sa respiration qui nombre de fois s'eût coupé avant de reprendre.

Comme il y avait six ans, la disposition de chaque objet n'avait nullement changée. Cela se trouvait être si extraordinaire...peut-être même les grains de poussière n'avaient eux non plus point bougés.

Rangée de gauche. Rangée de droite.
Encore en bois, toujours en bois.

Ce matériau glacial, la jeune Brésilienne s'en rappelait parfaitement. Sa paume la piqua lorsqu'elle effleura celui-ci.

Longuement, elle resta debout, près de la rangée droitière, à observer le néant de l'obscurité et à écouter ces mouvements à l'entour. La pluie qui rossait le toit, et les chants ténébreux.

Mais soudainement, comme traversée par une étincelle de vivacité à l'instar du ciel par la foudre, elle prit doucement place sur le banc.

Pendant quelques instants, elle ne sut que faire si ce n'était d'encore rester immobile. À l'époque, il y avait eut bien du monde sur lequel elle pouvait prendre exemple. Cependant, là, maintenant, il n'y avait personne.

Simplement elle. Elle et Dieu. Elle, Dieu, ses péchés et ses volontés.

Gênée par ces tremblements véhéments qui la secouaient, L'Appauvre se tint férocement à la table face à elle. La moiteur qui scintillait le long de ses doigts enclencha un stress des plus abrupts en son sein. Et bien...cette frayeur semblait hyperbolique.

Que dire, que faire ? Ces pauvres interrogations valsaient dans sa tête, et piétinaient ses quémandes dans le but de lui faire croire qu'elle n'était venu ici que pour rien, sans nul objectif.

Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant