Point de vue omniscient
Le terme principal qui caractérisait l'existence était le travail. Si l'Homme ne trimait pas...de toute évidence, il mourrait.
Ce fut encore une de ces obligations qui fit râler la jeune femme, qui au final tentait peut-être de dissimuler, derrière cette soi-disante haine des ordres de la société, sa flemmardise.
L'Appauvre se demanda longuement s'il eût vraiment fallu qu'elle se mette à rechercher du travail pour assurer sa survie alors qu'elle n'avait aucune envie de subsister.
Mais elle en vint à penser que se forcer à changer la couche de ses idées en travaillant serait sûrement, à bien y penser, une bonne chose. Qui savait, peut-être allait-elle retrouver goût au vice de la vie en bossant. Et finalement, peut-être était-il plus facile de tenter de revivre que de s'essayer aux gouffres de l'extinction. Redevenir humain et espérer le retour d'une brève étincelle de joie ou bien rester morte-vivante et se condamner à la peine pour une durée indéterminée ? Le choix fut dur, mais vite fait.
L'on ne savait pas, mais Dieu savait, et la jeune femme avait désormais compris qu'il était préférable de suivre les engagements de la divinité.
Alors, ce fut armée d'une telle décision qu'elle décida d'aller chercher du travail. Elle embrassa d'une douceur éclatante la tombe de son père près duquel elle avait passée la nuit, lui chuchota quelques mots intimes puis s'évapora du cimetière comme le brouillard funeste face au lever du soleil.
Ses pointes de cheveux étaient perlées de billes d'eau et venaient rafraîchir le bas de son dos, bien qu'il fut déjà assez refroidi. Ses semelles s'ensevelirent contre la pente humide qui reliait le cimetière au monde des vivants.
Celui-ci se trouvait près de Copacabana. La jeune femme, d'un pas rapide qui se voulait en fait lent, marcha sur le large trottoir qui bordait la fameuse plage, munie de ses pensées en fouillis et de ses yeux alertes.
La mer embrassait violemment le sable brûlant, les palmiers se faisaient étreindre par les rafales de vents marins et les nuages se glissaient contre le dais.Tout autour d'elle se trouvait être joyeux, ce qui renforça son sentiment de n'être que l'intrus. Elle avait été l'intrus dans sa famille, dans son lieu de vie, dans sa passion, dans la religion, dans la société et voilà qu'elle était maintenant l'intrus dans la ville qu'elle avait tant chérie.
Elle décida tout de même de faire un effort et de tenter de se laisser aller à ces vibrations sémillantes autour d'elle. Mais que cela était dur, de redevenir content, de redevenir heureux quand tout vous poussez à l'antipode de l'allégresse.
Sourire pouvait-il signifier que nous étions heureux ? La jeune femme tenta d'étirer ses lèvres, durant quelques secondes. Mais le verdict fut désolant : elle se sentait toujours aussi triste.
Alors, rire peut-être ? Mais elle n'allait tout de même pas rire seule ?Danser ? Oui,mais pour quelles raisons?
Chanter ? Allons...Elle lâcha un long soupir qui vint embrasser la brise.
Comme l'onomatopée d'un appareil photo, l'évidence se présenta brusquement à elle : il était impératif qu'elle trouve une raison d'être heureuse, sinon cela n'allait point fonctionner. Il y avait toujours une raison à tout.
Aussi, certaines personnes privilégiées étaient heureuses de naissance et pouvaient se permettre d'être enjoués pour aucun fait. Mais Allyah, encore une fois, ne faisait pas partie de ces personnes là. La vie lui imposait de trouver une raison d'être gaie bien qu'elle même ne savait pas comment est-ce qu'elle allait faire après tant de malheurs.
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Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]
Teen FictionC'est désormais la vie qui se joue d'elle après qu'elle s'en eût longuement moquée. En six ans, le temps ne peut que craqueler les fragiles souvenirs déjà bien esquintés. En six ans, le coeur ne peut qu'être beaucoup plus exténué. Six ans derrière...