Mille coups de Haine [TOME 2 - TERMINÉ]

17.

Point de vue omniscient

« — Évidemment...je...t'as contribué à ce baiser parce que t'as pensée que c'était lui, hein...? »

Ces mots chuchotés s'étaient enlacés à l'air après que cet instant d'amour d'un côté et d'effroi de l'autre s'eût passé.

Allyah avait acquiescé. Doucement. Puis elle avait soupirée. Longuement.

Elle n'avait pas honte d'affirmer avoir ressentie ses lèvres pressées contre celles d'un autre homme. Elle n'avait point honte, car c'était ce qui arrivait à tout le monde en ce moment.

Allyah dans Janaina, Lorenzo dans Rafaël, Isabela dans Allyah...

Les mensonges créaient bien des chagrins.

Les paupières encore embrassées et les joues groseilles depuis grand temps, Rafaël, qui n'arrivait pourtant pas à s'excuser, ne cessait de murmurer à quel point il avait été bête, comment il était idiot et par quelle manière il serait toujours stupide.

Marié et père, celui-ci s'était durant un instant laissé aller aux plaisirs démoniaques qui avaient étourdis et hypnotisés Allyah. Et cet instant lui avait été suffisant pour comprendre que cette femme face à lui était définitivement perdue.

Il l'eût compris en remarquant à quel point le vice le tentait encore, là, maintenant. Mais il possédait assez de force, de foi et de raison pour y résister, contrairement à L'Appauvre.

Les veines pleines d'adrénaline et le souffle rendu plus erratique par sa vision que par ce baiser, la jeune Brésilienne tenta de briser la glace qui dessinait les contours du corps de son ami. Rafaël se trouvait être aussi fixe qu'une roche, la paume simplement appuyée contre la hanche délicate de cette femme à qui il délivrait un amour catharsis.

Cet homme dont l'âme était aussi douce qu'une plume, bien qu'il se trouvait être profondément chagriné — il l'était depuis qu'il l'avait nourrie d'affection — était aussi, paradoxalement, joyeux dans sa tristesse. Joyeux car aimer, quel que fut l'impact, était un privilège de Dieu et l'un des plus grands cadeaux de la vie. L'une des preuves d'une humanité certaine.

De plus, il ne pouvait point bouder ses propres sentiments...car dans sa maturité, il avait comprit qu'il y avait des personnes pour qui le coeur, ancré dans son indépendance, s'autorisait bien plus de folies qu'à d'autres.

Beaucoup de monde se demandait pourquoi...Cette question était universelle mais sa réponse personnelle et dépendante de chaque être.

L'amour était un puissant mécanisme sélectif dont l'algorithme resterait à tout jamais un mystère.

Prudemment, L'Appauvre tenta de se détacher de l'emprise de son ami. Comme une vieille branche, l'accolade fut brisée. Cependant, Rafaël semblait toujours autant occupé psychologiquement, en plein voyage sur les méandres de ses songes. La jeune femme comprit vite que cet état n'était qu'un masque pour y loger sa honte, un prétexte désormais démasqué.

— Raf'...Eh...

Le son de cette voix qui vint caresser son coeur dans son entièreté eût le don d'immédiatement réveiller l'homme. Son regard cligna durant quelques secondes, puis voilà que ses yeux redevinrent fuyants et distants.