Chapitre 11

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Le Krakénite

L'agent Vargas sortit un gros pistolet de sous sa chemise.
« Tout le monde ! Restez dans la pièce ! Personne ne quitte cette classe avant mon retour ! »
Et sur ces mots il sortit en courant, plus rapidement que Zoey ne l'aurait cru capable pour un homme de cette corpulence.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Simon faisait les cent pas dans la pièce en se tirant les cheveux. « Ce n'est pas un exercice — c'est pour de vrai — n'est-ce pas ? Je crois que je vais me sentir mal. »
« Tu ne vas pas te sentir mal, Simon, le rabroua Zoey. Accroche-toi. L'agent Vargas va revenir et il nous expliquera ce qui se passe. Pendant ce temps, on attend. »
La sirène cessa.
Ils entendirent des hurlements. Puis un rugissement monstrueux, comme le grondement d'un dinosaure, retentit juste devant leur salle. Le sol trembla comme si un séisme se propageait, et Zoey sentit les vibrations des pas lourds qu'une masse énorme abattait sur le sol en s'approchant de leur classe.
La porte fut arrachée de ses gonds et vint s'écraser au sol avec fracas. Une bête de la taille d'un taureau entra. Ses muscles saillants roulaient, mais sa peau rouge, humide et à vif, donnait l'impression qu'elle était en train de se décomposer. Elle avait un long cou et un corps de reptile, avec quatre pattes et des serres noires. Elle balaya la salle de ses yeux gris inexpressifs. Zoey fut horrifiée à l'idée que les tâches rouges sur les dents jaunes pointues de son imposante mâchoire puissent être le sang de ses victimes. Trois autres petits cous au bout desquels claquaient des mâchoires furieuses sortaient de la base de son cou, comme un collier. Ils se mouvaient comme de petits serpents aux yeux d'un blanc laiteux. Si la grande gueule ne vous dévorait pas, alors les petites mâchoires de secours s'en chargeaient. Toute la classe se mit à empester la chair pourrie.
Le sang de Zoey se glaça. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi terrifiant.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » chuchota Simon. Il recula derrière Tristan.
« Un Krakénite », répondit Tristan.
« Ce sont des tueurs qui aiment arracher la chair de leurs victimes. Je sais qu'ils n'ont pas une très bonne vue, et qu'ils se fient essentiellement à leur sens de l'odorat. Ce sont des mystiques hostiles. »
« Non — tu crois ? fit Simon d'un ton sarcastique en levant la voix. Je n'avais pas remarqué ses grandes dents pointues tachées de sang ! Si c'est un nouveau moyen qu'a trouvé l'agence pour nous tester, ils sont tarés ! J'abandonne ! »
Zoey se tourna vers Tristan. « Comment une chose aussi grosse et dangereuse peut-elle atterrir ici ? » demanda-t-elle. Au fond, elle connaissait déjà la réponse.
« Par l'intruseur volé », dit Tristan. Sa mine s'assombrit. « Quelqu'un l'a volontairement laissée entrer. »
Simon leva les mains au ciel. « Vraiment génial ! Mais pourquoi est-il ici ? Qu'est-ce qu'on a à voir dans cette histoire, nous ? »
Le Krakénite bougeait sa grosse tête d'avant en arrière, comme s'il essayait d'identifier une odeur. Puis soudain, d'un seul bloc, toutes les têtes du monstre, y compris les petites, se tournèrent en direction de Zoey. Même si la créature avait l'air aveugle, elle savait pourtant qu'elle était en train de la regarder fixement.
« Bon, c'est moi ou cette chose regarde Zoey, là ? » fit Simon en faisant dépasser sa tête derrière Tristan.
Comme pour lui répondre, le mystique en décomposition poussa un barrissement de rage en chargeant droit sur Zoey.
Mais Tristan bondit. Il poussa Zoey derrière lui, sortit un petit canif de sa poche et le lança. La lame alla directement se ficher dans l'œil gauche du Krakénite. Un liquide blanc jaillit comme l'intérieur d'une coquille d'œuf brisée.
La créature rugit et se mit à courir en tous sens dans la classe. Ses énormes bras et sa queue réduisaient les bureaux en échardes de bois explosées et envoyaient voler les chaises. Les apprentis se dispersèrent comme des souris apeurées, mais ne furent pas assez rapides. Billy fut frappé par un bureau, s'effondra à terre et ne bougea plus.
« Tout le monde dehors ! Vite ! » hurla Zoey.
Elle n'eut pas besoin de le répéter. Les apprentis se ruèrent hors de la classe, laissant derrière eux Zoey, Tristan, Simon et Billy, inconscient.
Le couteau planté dans son œil n'avait fait que rendre la bête encore plus folle de rage. Une fois qu'elle eut cessé de se débattre, elle posa à nouveau l'œil qui lui restait sur Zoey. Elle rua avant de bondir sur Zoey à une vitesse incroyable. Ses dents tranchantes comme des rasoirs étaient dirigées vers sa tête.
Zoey s'écarta du chemin et roula à terre, mais elle ne fut pas suffisamment réactive. L'une des petites mâchoires de la créature lui arracha un morceau de chair au côté gauche. Elle hurla de douleur comme le sang se mettait à dégouliner le long de son dos. Elle pouvait en voir tacher les dents de la créature. Sa chair était en feu. Elle posa sa main droite sur son flanc blessé.
« Eh, immonde bestiole ! Le puant ! » s'écria Tristan pour essayer d'attirer son attention.
Mais le mystique l'ignora complètement, renifla et se retourna vers Zoey.
« Simon, fais sortir Billy d'ici ! lança Zoey. C'est moi qu'il veut. Va-t'en, vite ! »
Elle tendit sa main gauche aussi lentement que possible et décrocha son boomerang.
« C'est bon. » Simon se précipita vers le corps inconscient de Billy. Il lui donna une gifle pour le réveiller, mais il se rendit compte que ça ne marchait pas et il le souleva par les bras pour le tirer hors de la salle.
Zoey jeta un coup d'œil à Tristan. « Je vais l'occuper — va chercher de l'aide. »
« Non ! » Tristan ramassa une chaise à moitié détruite et la brandit devant lui comme un bouclier. « Je ne vais nulle part sans toi, hors de question. »
« C'est moi qu'il veut, pas toi. »
Tristan se rua à travers la salle et se campa devant Zoey pour la protéger.
« Ça m'est égal. Tu es blessée, et je ne vais pas t'abandonner. Nous allons combattre cette chose ensemble. Simon va chercher de l'aide. »
Pendant un instant, Zoey crut voir un halo de lueur bleutée émaner de la peau de Tristan, puis il disparut aussitôt — sûrement un effet de lumière.
Dans un rugissement de colère, le Krakénite chargea.
Tristan frappa la bête avec autant de force qu'un super-héros. La chaise brisée explosa sur le dos du Krakénite, qui recula en titubant avant de tomber à la renverse.
« Comment as-tu — » bafouilla Zoey, interloquée par l'énergie de Tristan.
Tristan se tourna vers elle. « Nous avons besoin de trouver un agent. Nous n'avons rien de suffisamment solide pour le vaincre — »
Mais le Krakénite projeta sa queue en direction de Tristan, qui s'envola comme une poupée de chiffon. Il percuta le mur dans un vacarme inquiétant, glissa au sol et resta immobile.
Avant que Zoey ait pu réaliser ce qui venait de se produire, le Krakénite lui lança sa queue massive en pleine poitrine. Elle eut l'impression d'être frappée par un arbre. Elle fut soulevée dans les airs et retomba sur le sol dans un grand bruit sourd. Elle en eut le souffle coupé, et tandis qu'elle peinait à retrouver sa respiration elle sentit un liquide couler sur son visage. Elle cligna des yeux et leva la tête. Les mâchoires de la bête bavaient juste au-dessus d'elle. Son souffle rance et chaud l'asphyxiait. Elle allait se faire tuer.
Sa peur disparut et, mue par une montée d'adrénaline violente, elle se redressa sur ses jambes. Elle n'allait pas mourir aujourd'hui. Elle saisit fermement son boomerang à deux mains.
Le Krakénite ouvrit les mâchoires et baissa la tête.
Avec une force qui n'était pas la sienne, Zoey poignarda l'œil valide de la créature avec le bout de son boomerang. Elle l'enfonça profondément dans le cerveau du monstre et le fit tourner. La créature prit une dernière inspiration, puis elle s'effondra sur elle, raide morte.
Zoey essaya de remuer, mais c'était comme essayer de déplacer un bloc de béton. Elle avait du mal à respirer, et l'odeur lui faisait tourner la tête. Elle était en train de suffoquer sous la créature putride. Ce n'était pas ainsi qu'elle prévoyait de mourir.
Puis elle entendit un rire.
« Qu'est-ce que tu fais là-dessous ? » Tristan la regardait d'en haut, un sourire aux lèvres. Il avait une entaille sur le front, mais il semblait par ailleurs indemne.
Le sang montait à la tête de Zoey. « Peux pas... respirer... aide... moi ! »
Tristan plaqua son dos contre le cadavre du Krakénite et le souleva suffisamment pour permettre à Zoey de se dégager. Son jean et son t-shirt étaient couverts d'une substance gélatineuse gluante à demi transparente. Elle renifla ses mains et fit la grimace. L'odeur était un mélange de bile et de détritus qui seraient restés trop longtemps au soleil.
Tristan examina le boomerang. Il était toujours fiché dans le crâne du Krakénite.
« Décidément, je n'ai jamais vu personne se servir d'un boomerang de cette façon. Après ça, je suis sûr que l'agence va se remettre à en fabriquer. »
« J'en doute », fit Zoey, le souffle toujours pénible. Elle s'inspecta à nouveau. « Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai autant empesté le fumier — »
Soudain, une femme se mit à hurler.
Zoey et Tristan échangèrent un regard.
« Ça venait du hall d'entrée », fit Tristan en se tournant vers la porte.
Zoey se précipita vers le corps du Krakénite. Elle tira de toute sa force pour faire sortir le boomerang du crâne de la bête avec un bruit de succion.
Lorsqu'elle se retourna, Tristan souriait.
« Quoi ? dit-elle. Tu l'as dit toi-même — c'est probablement le seul — je ne vais pas le laisser pourrir dans la tête de cette créature. » Elle lui fit un grand sourire.
Sans un mot de plus, Zoey sortit dans le couloir à la suite de Tristan.
Une scène de chaos s'offrait à eux. Des corps ensanglantés étaient éparpillés partout. La tête tranchée d'un autre Krakénite gisait à quelques mètres de son corps dans une grosse flaque rougeâtre. L'odeur fit monter les larmes aux yeux de Zoey. Les murs et le sol étaient maculés de sang, comme si on leur avait jeté des seaux de peinture rouge. Elle pouvait entendre des cris et des gémissements. Les personnes encore en vie s'empressaient d'aider les blessés et de recouvrir les morts avec des vêtements. Elle ne reconnut aucun cadavre.
L'agent Barnes et l'agent Lee accoururent vers Zoey et Tristan.
« Simon nous a dit qu'il y avait un autre Krakénite ! Où est-il ? » fit l'agent Barnes précipitamment en brandissant un fusil à double canon.
« Mort, fit Tristan. Zoey lui a transpercé le crâne avec son boomerang. »
Les deux agents lui lancèrent un regard surpris, et Zoey leur fit un petit sourire. « Ce n'était pas aussi formidable que ce que Tristan raconte, mais il est bien mort. »
« Tu saignes. » L'agent Lee tendit à Zoey un mouchoir qu'il sortit de sa veste.
Elle le prit et l'appliqua contre sa blessure.
« Merci », dit-elle maladroitement, peu habituée à ce que l'agent Lee se montre gentil avec elle. Peut-être avait-il oublié le coup de pied qu'elle lui avait donné.
« Les amis ! » Simon s'écroula à côté d'eux. Il avait du mal à respirer. « Oh bon sang, je suis heureux de vous voir sains et saufs. J'ai cru que le Kradélite vous avait achevés tous les deux. Vraiment, ça m'aurait embêté. »
« Krakénite », le reprit Tristan.
« C'est ce que j'ai dit », fit Simon.
« Mais comment vous avez fait ? Vous l'avez filmé ? S'il vous plaît, dites-moi que vous avez tout enregistré ! »
L'agent Barnes posa son fusil sur son épaule. « D'après Tristan, la petite rouquine que voici s'en est chargée à notre place. Elle lui a perforé le cerveau — mort. J'aurais payé cher pour voir ça. »
Il fit un clin d'œil à Zoey, et elle sentit le sang lui monter aux oreilles.
La mâchoire de Simon se décrocha et ses yeux s'agrandirent. « Tu l'as décervelisé ? Cooool. »
Puis il baissa la voix. « Tu crois que je pourrais prendre une photo de toi à côté du Kranélite ? »
« Peut-être une prochaine fois, Simon », fit Zoey, un peu mal à l'aise. Elle n'avait vraiment aucune envie de s'approcher à nouveau d'un Krakénite pendant un bon bout de temps ; leur odeur la rendait nauséeuse.
Le visage de l'agent Barnes était rouge et transpirant. Il essuya ses sourcils du revers de la main. « Je suis content que vous n'ayez rien. Berk ! — C'est un foutu charnier. Nous devons nous débarrasser de ces cadavres de Krakénites avant qu'ils n'empuantissent toute la ruche. Combien de pertes déplorons-nous ? »
«  Six morts et dix blessés », répondit l'agent Lee. Il se tourna vers le Krakénite effondré. « Il avait l'air de suivre une odeur en particulier — j'ai comme l'impression qu'ils cherchaient quelque chose ou quelqu'un. »
Tristan et Simon regardèrent Zoey. Le Krakénite la cherchait bel et bien — mais pourquoi ? Pourquoi voulait-il la tuer ? Elle n'en avait encore jamais vu auparavant.
« Nous savons tous comment ils ont franchi le Nexus », poursuivit l'agent Barnes. Il n'avait pas remarqué les regards étranges que Simon et Tristan avaient lancés à Zoey.
« Qui sait quelles autres créatures vont encore se faufiler dans notre monde ? Il existe bien pire que les Krakénites dans le Nexus — bien, bien pire. »
L'agent Vargas revint avec des serviettes ensanglantées dans les mains.
« Vous trois. » Il désignait Zoey, Tristan et Simon. « Venez avec moi. Les blessés ont besoin d'aide. Et j'ai besoin de toute l'aide que je peux rassembler. »
Tous trois suivirent l'agent Vargas dans le hall d'entrée, vers un espace où les blessés avaient été alignés. Tous leurs camarades de classe, même Billy, aidaient les invalides. La tête de Billy était entourée d'un bandage, mais il semblait plutôt en bonne forme. Les femmes et les hommes s'interpelaient par-dessus les corps, et Zoey ressentit un pincement au cœur — ils étaient morts à cause d'elle.
« Par ici », l'agent Vargas leur tendit des serviettes et des bandages. « Accrochez-les du mieux que vous pouvez — fermement, pour faire cesser le saignement. De l'aide va arriver. »
Tristan et Simon allèrent aussitôt aider les blessés, mais Zoey était incapable de bouger.
Un crissement se fit entendre dans le couloir et elle se retourna. Deux hommes en uniformes blancs firent irruption en poussant des civières sur des roulettes grinçantes. Ils s'arrêtèrent près d'une femme dont le ventre saignait abondamment. Ils la soulevèrent doucement, la posèrent sur l'une des civières puis la transportèrent au fond du couloir, où ils tournèrent.
« Où l'emmènent-ils ? » demanda Zoey, la bouche sèche, en essayant de déglutir.
« Au centre médical. » L'agent Vargas se précipita pour aider à porter un jeune homme couvert de sang sur l'un des brancards.
Zoey ignorait qu'ils avaient un centre médical. Elle ne l'avait jamais vu ni n'en avait entendu parler. Elle regardait les blessés sans pouvoir se défaire de l'impression qu'elle était responsable de ces attaques. On aurait dit un cauchemar. S'il était vrai que les Krakénites étaient venus la tuer — pourquoi essayaient-ils de la tuer ? Qui représentait-elle pour eux ?
Puis, comme si une lumière s'était soudain faite dans son esprit, elle sut — c'était la femme au visage de chat qui était responsable.
Un frisson la traversa. Elle les avait entendus comploter. Et bien que l'agence ne l'ait pas crue, visiblement la femme au visage de chat ne voulait prendre aucun risque. Elle avait retrouvé Zoey, et elle avait envoyé ces mystiques en espérant qu'ils la tuent.
Mais son plan avait échoué.
Une sueur froide coula le long de son dos — tôt ou tard, la femme au visage de chat essaierait à nouveau. Qui savait quelle espèce de mystiques malfaisants elle enverrait la prochaine fois — et quand ? Une chose était certaine, ils seraient bien pires que les Krakénites.
Zoey se mit au travail. Elle s'agenouilla près d'un vieil homme qui présentait une méchante entaille au visage. Il était allongé sur le dos, ses yeux étaient fermés, et elle était incapable de dire s'il respirait encore. Avec délicatesse, elle tamponna une serviette sur ses plaies. Il avait une grosse tache sur la chemise — il perdait du sang. Elle prit une autre serviette et l'appliqua contre son ventre. Des larmes lui montèrent aux yeux — tout était de sa faute.
« Vos... vos... » fit l'homme. Sa voix était hachée. Du sang suintait aux commissures de ses lèvres.
« Ne parlez pas, fit Zoey doucement. Vous devez économiser votre énergie. De l'aide arrive. »
Elle lui adressa un sourire rassurant, elle se sentait de plus en plus mal. Ses yeux brûlaient et elle cligna des paupières pour les sécher. Elle ne voulait pas que l'homme la voie pleurer.
« Vos cheveux, fit l'homme dans un souffle. J'ai connu une femme un jour qui avait exactement les mêmes cheveux que vous. »
Les poils se dressèrent sur la nuque de Zoey. « Quoi ? Qu'avez-vous dit ? »
Elle se pencha en avant. Peut-être avait-elle mal compris.
L'homme sourit. « Je n'en avais jamais vu de tels — rouge flamboyant — tout comme les vôtres. Et vous avez les mêmes yeux verts. Comme c'est étrange. »
Zoey n'avait plus de voix. Quand elle la retrouva, elle demanda : « Qui — qui était-ce ?  »
L'homme toussa du sang. Il écarquilla les yeux un instant, puis il s'immobilisa. Pendant un terrible moment, elle crut qu'il était mort, mais ses lèvres bougèrent et il parla.
« Elle s'appelait Elizabeth. »
« Où est-elle ? » Zoey ne pouvait cacher la fébrilité de sa voix. Elle avait l'impression d'être sur le point de quitter son corps.
« Où puis-je la trouver ? S'il vous plaît ! S'il vous plaît, dites-moi où elle est ! » Elle haussa la voix, s'efforçant de garder ses nerfs sous contrôle. Elle froissa la serviette sanguinolente de ses mains tremblantes. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine.
Entre deux quintes de toux, l'homme répondit : « Troll City, Louisiane ».
Puis sa bouche resta ouverte. Un dernier souffle, long, lui échappa. Ses yeux fixèrent le plafond, prirent un air absent et il ne reparla plus.

MYSTIQUES : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant