Chapitre 18

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Mêlée de mystiques

Simon se pinçait. « Réveille-toi, Simon. Réveille-toi ! Aïe ! »
Zoey lui donna un coup de poing sur le bras. « Tu es aussi réveillé que nous. Remets-toi ! Tu dois rester concentré. »
Ils regardaient, atterrés, les mystiques commencer à ramper hors de leurs cages. Dans un battement d'ailes, la femme ailée s'éleva au plafond où elle se pendit la tête en bas comme une chauve-souris. Les serpents de ses cheveux les regardèrent en sifflant.
Une araignée de la taille d'un divan sortit de sa cellule et s'immobilisa au milieu de la pièce. Elle balaya la salle de ses grands yeux noirs, comme si elle se préparait à se jeter sur sa prochaine victime.
Certains mystiques s'aventurèrent hors de leur cage avec assurance, tandis que d'autres préféraient rester dans leurs prisons. Le cheval de feu fut l'un d'entre eux. Il s'éloigna de sa porte ouverte en hennissant et en tremblant. Ses yeux étaient écarquillés par la peur. Zoey s'avança, comme si elle voulait réconforter le cheval, mais Tristan la retint.
À l'autre bout de la salle, le Krakénite sortit de sa geôle en se dandinant comme un alligator géant qui se serait enfin échappé du zoo après des années de détention. Il examina lentement l'espace dont il disposait, comme s'il devait s'assurer que c'était bien réel. Ses yeux gris inexpressifs semblaient surpris.
Tous les mystiques qui sortaient avaient une chose en commun — leurs yeux brillaient de haine. Comme des détenus prêts à foncer sur leurs gardiens — c'était de la méchanceté pure et simple. L'agence les avait emprisonnés, et maintenant ils voulaient se venger.
« C'est moi ou vous aussi vous sentez qu'on va être au menu des mystiques ? »
Simon regarda autour de lui, puis il se désigna et dit d'une voix forte : « J'ai une maladie chronique appelée SBI — syndrome des boyaux irritables — si vous me mangez, vous souffrirez de graves troubles intestinaux tout le reste de votre vie. Alors réfléchissez-y, avant de vous croire dans un restaurant cinq étoiles ! »
Il se tourna vers Tristan et Zoey et ajouta à voix basse : « Je crois qu'ils s'en fichent. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Ils sont une centaine, et nous sommes, euh — trois. »
« On va devoir jouer des coudes pour sortir. Prenez vos armes et préparez-vous à vous en servir. » Tristan brandit son S9 et s'empara d'une chaise. Il la fracassa contre le sol et elle explosa en morceaux. Il se pencha sur le tas et ramassa un pied de chaise métallique qu'il agita comme une matraque.
« Zoey, reste près de moi. »
« Oui, monsieur l'agent », dit-elle pour le taquiner, avec un petit sourire qui ne parvenait pas à masquer sa peur.
« Si on sort d'ici vivants, dit Simon, je promets d'arrêter de voler les chips de Billy dans son cartable et de les manger. »
Suivant l'exemple de Tristan, Simon sortit son lance-pierres de sa poche et y glissa une boule en métal. Zoey agrippa fermement son boomerang. Leurs armes brandies devant eux, ils restèrent tout près les uns des autres — parés. Les fées qui les regardaient ne clignaient jamais des yeux.
« Ce fut un plaisir de travailler avec vous deux, continua Simon, sur un ton mélodramatique. Que la force soit avec nous ! »
Puis l'attaque commença. Les fées fondirent sur eux.
Se servant de ses deux bras comme s'il était ambidextre, Tristan balança sa matraque de métal sur les fées meurtrières. Avec de grands coups puissants, il les frappait avec adresse tel un joueur de baseball. Elles venaient rebondir sur la batte et s'écrasaient contre le mur dans des craquements sonores.
Zoey était si impressionnée par la tactique de Tristan qu'elle fut presque surprise par les trois fées qui l'avaient prise pour cible. Elle fit volte-face juste au moment où elles se ruaient sur son visage, dents pointues en avant. Elle se baissa, se retourna, et dans un coup violent, elle faucha les trois fées du bout de son boomerang. Elles s'écroulèrent. Quelque chose la percuta derrière la tête avec la force d'une brique. Elle tomba et roula à terre, luttant contre le vertige qui menaçait de lui faire perdre connaissance. Mais elle se releva et cligna des yeux pour les débarrasser des taches noires qui obstruaient sa vision.
La créature rocheuse fonça à nouveau sur elle. Elle se baissa et lança son boomerang. Il fendit l'air et vint frapper le mystique, mais la créature était aussi solide qu'un mur de pierre. Le boomerang rebondit. Elle l'attrapa et recula lentement. Elle ne pouvait pas déterminer s'il avait des yeux, mais la mâchoire grande ouverte sous son ventre bavait déjà d'impatience. Il s'élança vers elle comme un boulet de canon. Elle s'envola dans les airs et atterrit sur un genou, étonnée d'avoir toujours son boomerang dans les mains. Le mystique de pierre bondit sur elle alors qu'elle peinait toujours à se lever — mais cette fois, elle l'attendait. Elle se retourna et lui donna un coup de pied dans lequel elle mit toute sa force. Elle le frappa de bas en haut, envoyant la créature à la renverse. Le rocher poussa un hurlement désespéré et agita ses membres dans le vide comme une araignée sur le dos. Mais sa carapace rocheuse était trop lourde, et il était incapable de se retourner du bon côté.
Du coin de l'œil, elle vit Simon utiliser son lance-pierres contre une créature poilue à deux têtes et aux grandes oreilles de lapin. En même temps, il faisait de son mieux pour se débarrasser des fées qui lui grignotaient les mollets.
Tristan s'était éloigné d'eux et rapproché du fond de la salle. Il était aux prises avec une gigantesque bête blanche qui avait des faux-airs de l'abominable homme des neiges.
Zoey savait qu'ils étaient trop peu nombreux. S'ils ne se débrouillaient pas pour sortir d'ici au plus vite, ils n'avaient aucune chance. Ils allaient réellement finir comme plat de résistance sur le menu mystique de Simon.
Ce qu'elle vit alors lui remonta un peu le moral. Six fées fondaient sur elle, mais alors qu'elle levait le bras pour leur lancer son boomerang, elles passèrent au-dessus de sa tête et atterrirent sur les ordinateurs en dessous. En fait, la plupart des fées étaient davantage attirées par le matériel électronique. Bien qu'au moins une cinquantaine d'autres mystiques malveillants semblent prêts à les dépecer vifs, la menace s'était un tant soit peu atténuée.
Puis quelque chose d'étrange se produisit. Les mystiques se mirent à s'attaquer les uns aux autres.
Dans une cacophonie de chair écrabouillée et de hurlements déchirants, la salle se transforma en champ de bataille sanglant. Les mystiques s'entretuaient avec plus de haine qu'ils n'en avaient montrée contre Zoey et ses amis. Ils se griffaient et se lacéraient les uns les autres avec férocité.
Elle vit un mystique aux allures de troll déchiqueter de ses ongles une créature verte squelettique. Elle s'agita frénétiquement, s'étouffa et finit par s'effondrer. Un fluide cramoisi coulait à torrent de ses plaies béantes et se répandait sur le sol en marbre. Zoey était écœurée par tant de sauvagerie — c'était une vision d'horreur. De la bile tiède lui monta à la gorge. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi terrifiant et réel à la fois. Elle savait qu'il devait y avoir des rivalités entre les mystiques, mais elle ignorait lesquelles.
Puis elle sentit un nouveau pressentiment électriser sa peau. Il y eut un éclair vert, et soudain une pique se planta dans son bras. Elle poussa un cri de douleur — la pointe était en train de brûler sa peau comme de l'acide, avant d'être arrachée, laissant un trou sanguinolent.
Elle aperçut son assaillant. Il dardait sur elle ses grands yeux jaunes. Il avait forme humaine, avec de longs membres décharnés et des serres noires tranchantes. Il n'avait pas de cou, et sur sa grosse tête allongée s'ouvrait une bouche pleine de dents noires pointues. L'odeur de pourriture de sa peau verte répugnante lui piquait le nez. Il inclina la tête et regarda Zoey. Puis sa peau se mit à bouillonner et à se transformer. Il semblait tiraillé et pétri comme une pâte à pizza. Lentement, il se changea en une version toute distendue de Zoey. C'était un métamorphe.
La créature éclata de rire en voyant la mine choquée de Zoey et s'amusa à l'imiter, en peignant ses cheveux roux et faisant semblant de s'admirer. Il lui sourit, mais ses dents étaient loin d'être aussi parfaitement blanches et droites que celles de Zoey, elles étaient pourries et aussi pointues que celles d'un chat.
Le métamorphe se rua sur Zoey.
Elle le frappa au ventre du bout de son boomerang. Il tituba en arrière, mais avant que Zoey ait pu réagir, il avait attrapé son boomerang. La créature fit tournoyer le boomerang dans sa main en riant. Elle était beaucoup plus forte que Zoey. Elle bondit à nouveau sur elle et elle bascula à la renverse sur le sol. Le métamorphe fit claquer ses mâchoires à quelques centimètres de son cou. Dans une tentative désespérée, elle essaya de le repousser, mais il était trop costaud. Son poids écrasait sa poitrine et elle ne pouvait plus respirer. Son double était en train de la tuer. Elle sentit ses lèvres rugueuses effleurer son cou.
Mais brusquement, le métamorphe fut soulevé dans les airs. Du sang lui sortait par la bouche, et son corps fut cassé en deux dans un affreux craquement. Le Krakénite le jeta à terre. Satisfait de l'avoir tué — le Krakénite reporta son attention sur Zoey.
Elle recula lentement. Elle cherchait désespérément son boomerang des yeux. Il était toujours serré dans la main du métamorphe écrasé. Instinctivement, elle leva le bras droit en espérant que son bracelet d'or attirerait le boomerang vers elle. Il bougea légèrement, soulevant son extrémité. Il se tortilla pour essayer de se dégager de la poigne du cadavre. Mais le boomerang restait trop bien accroché, et il était incapable de se libérer.
Le Krakénite avançait lentement vers elle, ses muscles roulant sous sa peau à vif. Il allait l'avoir et s'en léchait les babines d'avance.
Zoey ne pouvait voir Tristan et Simon nulle part. Elle ne parvenait même pas à crier pour les appeler à l'aide. Ses mâchoires étaient pétrifiées, et les mots moururent dans sa gorge.
Zoey affrontait la mort en face. Cette fois, elle n'avait aucune échappatoire.
La bête se cabra, puis la chargea à nouveau. Mais du coin de l'œil, Zoey vit l'éclair bleu pâle de Tristan qui volait à son secours. Il referma la gueule de la grosse bête à mains nues, puis lui ficha l'une de ses barres métalliques dans la tête, qu'il enfonça jusqu'au cerveau. Le Krakénite se raidit avant de s'effondrer au sol.
Quand Tristan se retourna, Zoey resta bouche bée devant ce qu'elle vit.
Sa peau était bleu clair. De grosses veines bleues apparaissaient sous la peau de son visage et de ses bras, comme des tatouages. On aurait dit que sa peau était aussi fine que du papier. Et ses yeux, plus intenses que jamais, brillaient d'une lueur bleu marine.
Un frisson lui parcourut le dos. Le picotement qu'elle avait toujours perçu à proximité de Tristan s'accentua. Elle avait toujours pensé que ces sensations provenaient de ses sentiments grandissants à son égard, mais à présent elle comprenait son erreur — c'était parce qu'il était mystique.
Sans s'en rendre compte, Zoey avait dû prendre un air effrayé, car Tristan sembla blessé de la voir si craintive envers lui. Elle était perturbée, paniquée et son cœur était brisé.
Simon apparut. Il avait une étrange substance orange sur tout le t-shirt, mais par ailleurs il était indemne. Il regarda Tristan, la mine rayonnante, et lui donna une tape dans le dos.
« Ouha, c'était génial ! Tu étais surpuissant, comme un super-héros. Tu es comme — comme le petit frère de Superman. C'était épatant. »
Tristan ne regardait pas Simon. Il se contentait d'assister à la bataille qui faisait rage.
« On dirait que les mystiques nous ont oubliés pour le moment. On devrait partir avant qu'ils ne se souviennent de qui les a enfermés dans ces cages. »
Zoey appuya sur son bras blessé en essayant de faire cesser le saignement, mais ses yeux ne quittaient jamais Tristan.
« Comment as-tu fait ça ? Tu as changé — ta peau a pris une autre couleur — et tu avais ces veines qui ressortaient sur tout le corps. Qu'es-tu donc ? »
Les épaules de Tristan se contractèrent, mais il ne se retourna pas.
Quand Simon se rendit compte que Tristan ne répondait pas, il parla à sa place.
« C'est un mystérien — visiblement — un hybride mi-humain mi-mystique, fit Simon, émerveillé. Ils sont extrêmement rares. »
Zoey regardait Tristan, elle se sentait mal à l'aise. Elle se rappelait avoir vu un halo bleu autour de lui quand ils s'étaient battus contre le Krakénite à l'académie.
Elle lança un regard furieux à Simon. « Pourquoi tu ne me l'avais pas dit ? »
Simon haussa les épaules. « Je ne savais pas que c'était un mystérien — je n'en avais jamais vu avant. Je pense que personne n'est au courant. »
« La direction le sait », dit Tristan.
Il se retourna, sa peau et ses yeux avaient repris leur couleur normale.
« — ainsi que quelques agents. »
Il regarda Zoey, mais elle détourna aussitôt le regard avant de culpabiliser de sa réaction.
« Tristan a raison, il faut sortir d'ici, ajouta-t-elle avec empressement, comme si elle n'était en rien affectée par le brusque changement de Tristan. Avant que les mystiques qui restent ne changent d'avis et décident de nous manger. »
La pression sur sa poitrine rendait douloureuse sa respiration. Elle regardait partout sauf en direction de Tristan, et elle se sentait de plus en plus coupable d'éviter ainsi son regard. Quand elle posa à nouveau les yeux sur lui, il semblait absent et distrait.
Elle entendit un hennissement et se retourna. Le cheval de feu était coincé au fond de sa cellule par un serpent géant.
« Attendez, je dois faire quelque chose, dit Zoey. Regardez si vous pouvez déverrouiller les portes. Je reviens tout de suite. »
Zoey se précipita dans la salle avant qu'ils aient pu l'en empêcher. Elle s'arrêta net devant le cadavre du métamorphe et, prenant soin de ne pas regarder son visage, le sien, elle écarta ses doigts et récupéra son boomerang. Sans savoir pourquoi, elle ressentait la nécessité de sauver le destrier de feu.
Elle s'assura qu'aucun autre mystique ne la pourchassait, et se précipita vers la cellule du cheval. Avec toute l'énergie qu'elle put rassembler, elle lança son boomerang sur la créature rampante. Il la percuta à la tête, et elle s'effondra lourdement. Elle attrapa son boomerang au vol tout en se précipitant vers le cheval de feu.
Il recula en la voyant, les yeux pleins de terreur. Des flammes jaillirent soudain du cheval et elle fit un pas en arrière. Mais à travers les flammes, elle voyait que le cheval tremblait toujours. Il était terrorisé.
« Viens », implora-t-elle, les yeux larmoyants à cause de la chaleur du feu.
« Viens, s'il te plaît. Je ne te ferai pas de mal », dit-elle de sa voix la plus douce.
Quelle fille ne tomberait pas amoureuse d'un si beau destrier de feu ? Elle avait de la peine de le voir si apeuré, et elle mourait d'envie de l'aider. Elle savait que les animaux avaient un sixième sens spécial. Ils pouvaient flairer le danger, et faire la différence entre leurs ennemis et leurs amis. Elle essaya de rester calme, pour ne pas effrayer l'animal. Puis elle eut une idée.
« Je suis ton amie, dit-elle gentiment. N'aie pas peur. Si tu viens avec moi, je te ferai sortir d'ici. Je te ramènerai dans la nature, où tu pourras galoper librement. Ça te plairait ? »
Le cheval sembla se détendre. Le feu qui l'environnait diminua, et pour la première fois elle aperçut sa fourrure d'une couleur rouge dorée, comme le soleil couchant. Ses yeux d'or la regardaient, et elle savait qu'au fond le cheval avait compris.
Au bout d'un moment, il avança lentement vers elle.
« Bon garçon, c'est ça. Très bien — tu es un bon garçon. »
L'étalon baissa la tête et lui donna un petit coup. Zoey recula d'un bond, surprise par la chaleur — mais il ne l'avait pas brûlée — il était tiède. Elle tendit la main et lui flatta l'encolure. Sa chaleur se répandit dans sa main et remonta le long de son bras, la réconfortant comme un bon bain chaud. Le cheval hennit joyeusement. « Viens, sortons d'ici ! »
Zoey s'élança vers les portes, les sabots du cheval de feu résonnant derrière elle. Lorsqu'ils arrivèrent devant la sortie, elle était radieuse.
« Pourquoi as-tu sauvé ce cheval ? demanda Simon. On n'a pas besoin de crottin. »
« Parce que les chevaux ne peuvent pas rester enfermés dans des cages, dit-elle d'un ton désapprobateur. Ils devraient tous être libres. »
L'étalon de feu hennit bruyamment, comme pour approuver ce que Zoey venait de dire. Son sourire s'agrandit encore plus lorsque le cheval fit frémir ses naseaux en direction de Simon.
« On ne peut pas ouvrir la porte », dit Tristan. Il évitait toujours le regard de Zoey, comme s'il avait honte.
Simon donna de violents coups de pied dans la porte.
« C'est inutile, même avec les super pouvoirs de Tristan. Il nous faudrait un bâton de dynamite pour faire sauter les portes. Vous n'en auriez pas sur vous, par le plus pur des hasards ? »
Soudain, le cheval de feu passa près de Simon, qui recula d'un bond, légèrement inquiet.
« Eh ! Je suis désolé pour l'histoire du crottin, sincèrement. »
Le cheval n'en fit pas cas et s'approcha de la porte.
« Qu'est-ce qu'il fait ? »
Il se campa devant les portes puis se retourna pour leur faire face. L'air se souleva et, en un éclair, le corps du destrier fut incendié de gigantesques flammes rouges et or.
Zoey comprit ce qu'il allait faire.
« Reculez ! » cria-t-elle. Elle entraîna Simon et Tristan à l'écart.
L'étalon baissa la tête, souleva l'arrière-train et donna un puissant coup de sabot dans les portes, qui explosèrent en un feu d'artifice orange et rouge. Simon rayonnait. « J'adore les chevaux. Je plaisantais pour le crottin, tu sais. »
« Vite ! » dit Zoey. L'explosion soudaine des portes avait à nouveau attiré l'attention des autres mystiques sur eux.
Le cheval de feu ouvrant la voie, Zoey, Simon et Tristan s'élancèrent vers la sortie.
« Attendez ! s'écria Zoey. On ne peut pas laisser les portes déverrouillées. Il ne faut pas que les hostiles s'échappent. Songez à ce qu'ils pourraient faire. Nous devons les enfermer. »
Tristan prit ses pieds de chaise reconvertis et les glissa dans les poignées métalliques de la porte.
« C'est impossible qu'ils s'échappent maintenant. »
« Ils vont sûrement tous s'entretuer de toute façon », ajouta Simon.
« Dans quelques heures, il ne restera qu'un ragoût de mystiques là-dedans. Bon appétit ! » lança-t-il par l'interstice entre les portes.
Dans un craquement tonitruant, les mystiques se jetèrent contre les portes. Zoey retenait sa respiration. Mais les portes résistèrent, et les mystiques se retrouvèrent à nouveau enfermés.
Leurs trois poudriers métalliques étaient toujours par terre devant les portes. Zoey les ramassa et les ouvrit.
« Ils ne sont même pas cassés. Il faut croire que l'homme mystérieux ne pensait pas qu'on en réchapperait vivants. Première erreur. »
Elle tendit à Tristan et Simon leurs MDF. « Ne jamais sous-estimer les plus petits que soi. »
« J'ai trop hâte de voir son affreux visage quand il me reverra », dit Simon. Il embrassa son MDF. « Ce sera un grand moment à immortaliser. »
Le cheval hennit à nouveau et gratta de sol de sa jambe. Il regarda Zoey et ses naseaux frémirent, puis il inclina la tête en direction des escaliers.
Zoey se tourna vers ses amis. « Sortons d'ici. »
« À plus tard, les losers ! » cria Simon à travers les portes.
Tristan et Simon remontèrent les escaliers au pas de course, mais Zoey resta en retrait pour aider à apaiser le cheval et l'aider à équilibrer son pas sur les marches glissantes. Enfin, au bout de quelques efforts, ils atteignirent le premier niveau, et le cheval galopa dans le couloir en direction du hall d'entrée, la tête haute.
« Donnez-moi une seconde, d'accord ? Je reviens tout de suite ! » lança Zoey.
Elle se précipita derrière le cheval. Même si elle était toujours à bout de souffle, elle courut jusqu'à l'entrée, où le cheval l'attendait en piaffant.
« Ne laisse aucun Septième ou agent remarquer ta présence », dit-elle au cheval en reprenant sa respiration.
« Essaie de te fondre dans le paysage — les Inactifs croiront probablement que tu es un cheval normal — du moins, je l'espère. Si tu traverses la forêt et que tu rejoins les champs de l'autre côté, tu trouveras une grande ferme et des écuries. Je les ai vus en arrivant. Tu y seras en sécurité. »
Elle ouvrit les portes.
En donnant un dernier coup de queue, le cheval de feu partit au galop sur la pelouse. Il hennit ce que Zoey traduisit par un merci, avant de disparaître entre les arbres.
Elle resta un moment à regarder l'endroit par lequel il était parti — regrettant presque qu'il ne soit plus là — puis elle finit par retourner dans le hall.
Tristan et Simon se tenaient près des miroirs, ils l'attendaient avec impatience. Quand elle arriva à leur niveau, elle saisit son boomerang et constata que son bras était couvert de sang.
« Tu saignes. »
Tristan arracha le bas de son t-shirt et l'enroula autour du bras de Zoey avant qu'elle puisse protester.
« Merci », dit-elle en évitant ses yeux et en regardant ailleurs.
Elle se sentait encore plus nerveuse en sa présence, maintenant qu'elle avait découvert qu'il était un mystérien. Et elle voyait bien que plus elle se sentait mal à l'aise — plus son visage traduisait la souffrance — ce qui eut pour effet de la rendre encore plus gênée qu'elle ne l'était déjà. Elle n'était pas sûre de ses sentiments pour Tristan. Mais une chose était certaine — mystérien ou pas — il était toujours son ami. Et pour l'instant, elle avait besoin de lui plus que jamais.
« Alors, on est prêts ? » dit-elle en rompant le silence tendu.
« Ça va vraiment être moche. Vous pouvez toujours rester ici si vous voulez. »
« Nous sommes prêts » répondirent en chœur Simon et Tristan.
« J'espère juste qu'on n'arrive pas trop tard », fit Zoey.
Elle sourit. « Notre homme mystère va avoir un sacré choc en nous voyant. J'espère que c'est moi qui le frapperai en premier. »
Ils se placèrent devant le miroir-port de Londres. Zoey tendit la main et pianota sur le clavier : Quartier général, Knightsbridge, Londres, Angleterre.
Le miroir ondula et la lumière verte s'alluma en clignotant. Tous trois entrèrent et disparurent aussitôt.

MYSTIQUES : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant