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𝐒𝐈𝐌𝐏𝐋𝐄 𝐏𝐀𝐑𝐈
𝐄𝐫𝐢𝐧 𝐌𝐮𝐫𝐩𝐡𝐲

Les mains littéralement tremblantes, j'essayais de visser le plus rapidement possible l'objectif sur mon appareil photo, mon cœur battant à trois mille kilomètres heure

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Les mains littéralement tremblantes, j'essayais de visser le plus rapidement possible l'objectif sur mon appareil photo, mon cœur battant à trois mille kilomètres heure. C'était ce soir, c'était le grand soir où j'allais peut-être faire ma dernière entrée sur un terrain de foot en tant que photographe de l'Équipe de France.

J'avais l'impression de ne plus sentir mes bras ou même mes jambes. J'étais seule dans une petite pièce du stade de France que l'on m'avait assigné, pour que je me prépare, au calme. Avant notre départ en bus de Clairefontaine, j'avais carrément eu le droit à une haie d'honneur de la part des gars qui s'étaient amusés à me vanner sur le fait que je n'allais peut-être pas rentrer avec eux.

Ça m'avait fait rire mais en même temps, ça m'avait fait suer. Après tout ils avaient peut-être raison, peut-être que je n'allais pas faire long feu et que je n'allais pas partir en Russie.

- Mademoiselle Murphy ! je sursautais en entendant mon nom scandé fortement de l'autre côté de la porte, quelqu'un tambourinant dessus comme un fou.

- Oui, deux secondes ! bégayais-je en parvenant enfin à assembler mon appareil.

- Ouvrez ! le gars continuait à taper, ne faisant qu'augmenter ma pression artérielle, j'avais pas besoin d'être stressée là tout de suite.

Comprenant que ce pauvre type n'allait pas me lâcher si je n'obéissais pas, je râlais dans ma barbe avant de me tourner vers la porte et de l'ouvrir. Mes yeux s'écarquillaient quand j'y vis l'énorme tête de Kylian qui avait un sourire de con sur le visage, apparemment fier de m'avoir tendu de la sorte.

- Tu fais chier. claquais-je en lui tournant le dos pour retourner sur ma table d'opération, là où trainait tout mon équipement.

- Je venais voir comment se portait la future nouvelle photographe.

- Mets pas les bœufs avant la charrue s'il te paît.

- On dit l'inverse déjà, mademoiselle. je grognais en roulant des yeux, ne levant même pas la tête vers lui. Tu veux de l'aide ?

- Non t'inquiètes. Et qu'est-ce que tu fous là ? Tu devrais pas t'entraîner ?

- On y va dans cinq minutes, je voulais juste passer pour te souhaiter bonne chance.

- C'est gentil, merci. me radoucissais-je en montant mes cheveux dans un chignon un peu flou.

- T'inquiètes, je suis sûr que ça va bien se passer. m'assurait-il en posant ses mains sur la table, placé juste en face de moi. Et faudrait que t'arrêtes de trembler sinon tes photos seront floues. je pouffais de rire, le faisant sourire. Tu vois, c'est déjà mieux quand tu rigoles.

- Merci Kylian. disais-je honnêtement en levant finalement la tête pour croiser son regard qu'il avait déjà de posé sur moi.

- Y a pas de quoi, Erin. Tu veux un câlin d'encouragement ?

- Tu m'as prise pour une gamine ? me moquais-je en me tournant vers l'armoire derrière moi afin de tirer mon sac de rangement pour y fourrer tous les outils qui me seront inutiles ce soir.

- Avec les gars c'est ce qu'on a fait pour les qualifications.

- Un gros câlin collectif ?

- Je sais que t'essaies de te foutre de ma gueule mais figure-toi que ça a marché, on est en lice pour être Champions du Monde.

- C'est tout ce que je vous souhaite. souriais-je simplement avant de hausser des épaules. Très bien, alors va pour le câlin d'encouragement.

- Tu vois quand tu veux.

Je rigolais doucement et laissais Kylian faire le tour de la table pour me prendre dans ses bras, les passant au-dessus de mes épaules. Contre son maillot d'entraînement, je prenais une grande respiration, c'était comme si je me plongeais déjà dans les quatre-vingt dix minutes qui allaient s'offrir à moi pour que je déchire tout.

D'ordinaire, je n'étais pas quelqu'un de très tactile, je préférais largement une poignée de main à des embrassades mais là, avoir Kylian contre moi me calmait direct et même, m'apaisait.

- Alors ? me demandait finalement le parisien en se détachant de mes bras pour me regarder dans les yeux.

- C'est vrai que c'est plutôt efficace. admettais-je en hochant machinalement de la tête. Bonne idée monsieur Mbappé.

- Tranquille, j'espère que ce sera toi qui viendra avec nous à Moscou.

- J'espère aussi. Mais bon rien est fait.

- C'est ce soir ou jamais.

- Ce soir ou jamais. acquiesçais-je en souriant doucement au métisse qui embrassait ma joue. Hmm Kylian, je- Je suis pas sûre que ce soit une bonne idée ça par contre. rigolais-je nerveusement.

- T'inquiètes, je comptais pas aller plus loin. riait-il, déformant son visage dans une expression amusante. C'était un bisou d'encouragement.

- J'espère que Lisa en a été dispensée. plaisantais-je en le regardant d'un mauvais œil avant de bien centrer mon pass qui pendait autour de mon cou.

- T'aimerais hein. souriait-il tandis qu'on se fixait en quittant la salle, faisant gaffe à ne pas être vus puisque je n'avais pas trop envie que ça me porte préjudice. Moi j'en crois en toi et puis même si ça passe pas, on reste en contact et je viendrais poser pour ta boîte.

- T'es con allez dégage. pouffais-je de rire en le poussant sur le côté. Bon match hein.

- Merci l'irlandaise.

Je roulais des yeux en le sentant tapoter le sommet de ma tête avant de faire une petite pression dessus pour que je titube sur le côté du couloir vide. Alors que j'allais tourner à droite pour rejoindre le staff à une vingtaine de mètres plus loin, Kylian me tirait près de lui, enroulant directement son bras autour de mon cou avant de se saisir de mon appareil photo et de le pointer vers nous.

- Qu'est-ce que-

- Dis « cheese ».

J'avais à peine le temps de sortir mon plus beau sourire que le flash venait me faire mal aux yeux et déjà. Kylian épiait la photo fraîchement prise.

- Tu me l'enverras celle là. décrétait-il avant de me faire un clin d'œil et de prendre la fuite dans le sens opposé de ma destination.

Mon appareil dans les mains, je suivais quelques secondes Kylian des yeux avant de reporter mon regard sur l'écran de mon outil de travail, là où était affiché le récent cliché.

Petit à petit, un sourire montait à mes lèvres et je me dépêchais de l'enlever de mon visage. C'était clairement pas le moment pour avoir la tête ailleurs, vraiment pas.

𝘴𝘪𝘮𝘱𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant