Ethrian I - Tinuda

Acte V, scène 3.

Le Roi, la Madame et un garde.

Il est presque à la fin de son dîner. La Madame s'est assise à même le sol. Il lui lance des regards régulièrement.

MADAME — Si vous avez une question, votre Majesté, posez-la moi.

ROI — Suis-je indiscret ?

MADAME — Vous n'avez jamais été doué pour vous cacher, votre Majesté.

ROI, brusque — Êtes-vous mariée ?

MADAME, crispée — Pourquoi cette question précisément, votre Majesté ?

ROI — Pourquoi n'y répondez-vous pas ?

MADAME — Y suis-je contrainte ?

ROI, fait tomber sa cuillère bruyamment — Je prends cela pour un oui. Ainsi, vous êtes mariée... (tête baissée) J'espère qu'il vous traite bien. Est-il riche ? A-t-il payé une grosse dote pour vous avoir ? Il a intérêt à vous accueillir telle une Princesse chaque soir lorsque vous rentrez...Bien que... (verdit) A-Avez-vous des-des-des enfants ?

La femme se relève brutalement et tape du pied.

MADAME — Arrêtez ! Je n'ai ni époux, ni enfant. Maintenant, dépêchez-vous de finir votre assiette. Ainsi, vous pourrez sortir et oublier.

ROI, lentement — Tenez-vous tant à ce que j'oublie ?

MADAME — C'est vous qui teniez à oublier.

ROI — Mais c'était votre idée.

MADAME — Et vous vous êtes jeté dessus.

ROI, sinistrement — Parce que vous l'avez proposée. Je vous écoute. Encore. Toujours. Pas un seul moment je ne vous ai ignorée.

MADAME — Moi non plus, votre Majesté.

ROI — Vous êtes atrocement horrible !

Il cogne la table avec son poing et la pousse vivement. Il s'avance hâtivement vers la Madame et la saisit par les bras.

ROI — J'imagine et je ne peux rien faire ! C'est terrible !

MADAME, effarée — Je ne comprends pas, votre Majesté. Que vous arrive-t-il ?

ROI — Je vous prends toujours au mot près. Dictez et j'accours. Voulez-vous que j'oublie ? Que je vous crois mariée ? Avec des tas de bambins qui vous tournent autour et vous interpellent, "mère" ? Je suis persuadé qu'ils vous appelleraient "maman", parce que vous seriez proche d'eux, pas comme moi et mes enfants.

MADAME, articulant chacun de ses mots — Vous me faites peur !

ROI — Est-ce moi qui vous fait peur ou mes paroles ? Mes paroles qui s'écrasent contre les parois de votre esprit et qui s'emmêlent à vos pensées. Vous ne pourrez plus les oublier, elles. N'est-ce pas ?

MADAME — Me reprochez-vous quelque chose ? Ai-je agi mauvaisement ? Ai-je commis des erreurs ?

ROI — Oui ! Oui, vous, perfide ! Incorrecte et fourbe, immonde créature !

Il la plaque contre un pilier, durement. Un léger cri de douleur retentit dans la pièce.

ROI — J'aimerais vous faire souffrir, autant que je souffres ! J'aimerais que vous ne puissiez jamais m'oublier, comme vous me l'exigez ! J'aimerais vous voir crouler sous la douleur, telle est la mienne ! (en rage) Pourquoi est-ce que vous n'éprouvez pas autant de mal que j'en éprouves ?!

On entre dans la salle à ce moment là, un garde est tout chamboulé.

GARDE — Votre Majesté, j'ai une terrible nouvelle. La seconde Reine a été assassinée.