Acte V, scène 4.

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Le Roi, la Madame et un garde.


Le Roi, à cette nouvelle, tombe des nues. Il libère la Madame et rampe quasiment jusqu'à son trône.

GARDE La Dame de la Couronne en chef vous a écrit une lettre, votre Majesté, pour vous expliquer la situation.

MADAME Donnez-la-moi.

Le garde la lui tend, s'incline et sort. Elle déplie le bout de papier et lit.

MADAME, d'une voix claire — "Le monastère a été attaqué il y a deux jours. J'ai mis du temps à rédiger cette missive pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que les Dames avaient besoin de moi. Nous avions chacune besoin de chacune. Nous devions reconstruire ce qui avait été détruit ce jour-là. Mais aussi, je ne savais comment vous l'annoncer. Votre Majesté, nous sommes désolées. Toutes les Dames de la Couronne sont désolées et nous vous prions de nous pardonner. Nous n'avons su mener notre mission à bien. Nous n'avons pu protéger votre épouse, la seconde Reine. Ethrian s'en retrouvera peiné, mais pas autant que nous. Vous l'aviez envoyée ici afin de la sauver et sachez qu'elle a vécu une longue et paisible vie tout de même. Elle était très appréciée en notre compagnie et elle aimait beaucoup son travail. Je peux d'ailleurs assurer qu'elle s'en est prise de passion. Alors ne vous tourmentez pas, ne vous fustigiez pas, elle était heureuse. Jusqu'à son dernier souffle, elle a été la grande et belle seconde Reine de la Couronne d'Ethrian et la fière tenante des Dames de la Couronne."

ROI, tremblotant — Est-ce fini ?

MADAME Non. Il est encore écrit quelques phrases. "Son corps fait voyage jusqu'à la Capitale à l'heure où vous lisez ces lignes. Il arrivera bientôt à vous. Nous viendrons pour ses funérailles. Là, nous pourrons mieux discuter. En attendant, ne vous laissez pas chuter dans le désespoir et demeurez le Roi d'Ethrian." C'est terminé, votre Majesté.

ROI, résolument — Ainsi, jusqu'au bout, je n'aurais pas su la protéger.

MADAME En êtes-vous triste ? L'avez-vous réellement aimée ? Parce que je ne me rappelle pas de cela. Au contraire, vous la détestiez. Elle. La Reine-mère. Toutes deux, vous ne pouviez point les regarder sans avoir envie de fuir.

ROI Je ne les porte guère dans mon cœur, mais elle était ma femme ! Une Reine d'Ethrian. La mère d'un de mes enfants ! Bien sûr, elle sera regrettée malgré tout.

MADAME Ah ? Que faire ? Vous me chagrinez, votre Majesté. Puis-je proposer ?

ROI, las Quoi ? Quoi ? Quoi ? Quoi ? Quoi ?!

MADAME Sortez et oubliez.

Il rit, follement.

ROI Je vous hais, je vous hais, vraiment !

MADAME, avec une moue — Je ne pense pas, non. Toutefois, ce pourrait être définitivement le cas. Puis-je vous faire un aveu ?

ROI Laissez-moi seul, s'il vous plaît.

MADAME Je voudrais d'abord faire mon aveu.

ROI Quel est-il ? Dépêchez, Madame.

MADAME La Dame de la Couronne en chef n'a pas tout narré dans sa lettre, elle a omis beaucoup de détails. Comme le fait qu'il n'y a eu point d'effusion de sang là-bas, et que votre épouse - défunte épouse - n'a pas souffert.


Ethrian I - TinudaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant