Chapitre 18

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La culpabilité m'avait rongée durant trois bonnes heures qui suivirent son départ. Pourquoi étais-je aussi têtue ? Il avait voulu s'expliquer et j'avais encore fait ma gamine. Je l'avais blessé en le prenant pour un imbécile et je dois admettre que j'y étais allée un peu trop fort concernant sa couleur de peau.

J'avais longuement hésité, j'avais résisté pendant un long moment, mais j'avais dû me résoudre à aller m'excuser. Je ne voulais vraiment pas aller le voir, j'avais donc planifié un rapide « excuse-moi » avant de m'éclipser aussitôt. Après tout, je lui en voulais toujours autant. Je n'étais pas la seule responsable de cette dispute sans fin.

Évidemment, j'aurais pu lui passer un rapide coup de fil si je n'avais pas brisé mon téléphone en mille morceaux lors de mon excès de colère... Quand j'étais hors de moi, je ne me contrôlais plus...

C'est ainsi que je me retrouvai devant la villa de Michael et sa famille, à angoisser en appuyant sur la sonnette, hésitante. Le temps que l'on vienne m'ouvrir me parut être une éternité, et mon inquiétude augmenta plus encore lorsque la poignée s'abaissa.

« Molly ? Qu'est-ce que tu viens faire là ? » s'étonna Marianne. « Hum... J'aurais aimé parler à Michael... » avouai-je timidement. Mes joues étaient si chaudes que l'on aurait pu faire cuire un œuf dessus. « Oh, il n'est pas là... Il est parti à son studio... » m'informa-t-elle d'un air triste. « Tu veux que je lui fasse passer un message ? – Hum... Non, je préfère pas » soupirai-je.

Je passai une main sur mon front ce qui la fit froncer les sourcils. À vrai dire, les battements de mon coeur que j'entendis beaucoup trop fort me donnaient de gros vertiges. Je ne tenais presque plus debout. « Tout va bien ? – Non, pas vraiment... À vrai dire, ça ne va pas du tout, en fait »

Marianne m'avait fait entrer directement après que je lui avais confessé mon état. Par chance, aucun Jackson n'était apparemment ici, ce qui m'enleva un poids.

Marianne avait fait part d'une attention particulière envers moi, et lorsque je lui avais tout raconté, elle avait baissé la tête un peu honteuse. Elle m'avait alors révélé qu'elle savait tout cela, mais n'avait pourtant pas pris la défense de son meilleur ami. « Michael était... Enfin, ce matin, en revenant, il ne voulait plus parler, et m'a expliqué votre dispute... En revanche, il ne m'a pas dit que tu lui as dit qu'il blanchissait sa peau parce qu'il n'assumait pas ses origines » m'expliqua t-elle, égarée.

Je rougis instantanément. Je me rendis compte que j'avais vraiment merdé sur ce coup-là... « C'est sorti tout seul... J'étais vraiment en colère... » tentai-je de me justifier. « J'imagine qu'il a changé d'humeur... ? » devina Marianne. J'hochai la tête, honteuse.

« C'est un sujet sensible chez lui, car il a beau clamer que rien de ce que dit la presse n'est vrai, hurler qu'il est fier d'être noir et s'égosiller à expliquer qu'il est atteint d'une maladie, personne ne l'entend. – Une maladie ? » relevai-je, choquée. « Le vitiligo. Pour faire simple, c'est une maladie qui lui fait des tâches un peu partout. Elles décolorent son corps et s'étalent tellement qu'il est obligé d'unifier le tout avec de la crème spéciale » me détailla-t-elle. « Je... Je savais pas... » bafouillai-je, gênée.

Je me sentais stupide. Comment avais-je pu être aussi peu réfléchie ? Tout était allé trop vite entre lui et moi. On se connaissait depuis à peine deux semaines, et pourtant, on était déjà ensemble. Je me rendais compte que je n'avais même pas pris le temps de le connaître entièrement. Je me rendais compte qu'on ne se connaissait pas tant que ça...

« Je me doute bien » me rassura Marianne avec un sourire triste tout en posant sa main sur la mienne. « Je comprends que tu veuilles t'excuser en personne, maintenant. Surtout que ça a dû beaucoup le blesser, étant donné qu'il tient énormément à toi... » poursuivit-elle, songeuse.

Forgotten [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant