Chap. 8 Différents

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Kagami se rend enfin réellement compte de ce qui est en train de se passer entre lui et Aomine, comment va-t-il réagir ? de la peur ? de l'aplomb ? Bonne lecture !
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Chap. 8 Différents

[Kagami]
    Je traînais nulle part, partout. Mon arrondissement était le plus dur, le moins bien fréquenté, le plus chaud. On y croisait fréquemment des hommes en costard chargés de repérer les potentiels futures putains. Quand ils me regardaient, je sentais la jalousie envers ceux qui m'avaient récupéré... J'étais l'objet de toutes convoitises. L'objet.
    Les gens n'osaient me toucher, sachant pertinemment qu'ils encouraient de graves peines. Il suffisait de payer. C'était injuste...
    On me connaissait bien ici. J'avais grandi seul là. J'avais appris à me battre. J'avais appris à faire plaisir aux riches. J'avais appris à survivre.
    Je n'avais pas beaucoup d'ennemis, aidant souvent les autres, leur donnant quelque argent, et de la nourriture. Ils en avaient besoin. Alors s'ils pouvaient éviter de tomber aussi bas que moi... Ils me croyaient fort, mais j'étais faible. Ma fierté me maintenait debout.
    J'avais cru qu'elle ne suffirait pas. Mais Aomine... Cet homme...
    Nous étions si différents... Il était riche, il était confiant, il était charismatique. Je n'avais rien de toutes ces qualités. Même le droit à l'humanité, à la pudeur m'étaient interdits. Et lui... il me donnait ces droit, me les imposait.
    Je devrais le haïr. Il avait eu de la chance. Cet héritier. Naître si haut. Et moi naître si bas. C'était injuste. Encore une fois. Et pourtant... seul la folie m'emmenait vers lui. Une folie idolâtre. J'avais tellement de respect pour lui... tellement d'admiration.
    Je le voulais. À moi. Pour moi.
    "Taiga !"
C'était un gamin. Il me sauta dessus et entoura mes jambes. J'enfouis une main dans ses cheveux et sortis quelques billets de ma poche ; c'était insensé : je n'avais plus que cela pour finir mon mois. Je n'aurais qu'à travailler...
"Tiens petit. Prends soin de toi et fais pas de bêtise."
Il acquiesça vivement et s'écarta, ayant peur de me déranger. Je soupirai.
    J'étais censé vivre chaque samedi. Mais je n'étais que plus tracassé. Quand j'étais occupé, je ne pensais pas à lui... Aomine...
    Il semblait si bien me comprendre sans pourtant le pouvoir : il n'avait pas grandi ici, lui, il n'avait pas eu à s'en sortir. Tout lui était servi sur un plateau d'argent. Mais il était brillant. Et il changeait ma vie.
    Le voir encore. Cela faisait des mois que je n'avais que ces mots en bouche. Je le désirais. Je le voulais contre moi. J'avais honte de ce que j'étais. Avant ce n'était pas le cas, mais maintenant qu'il était entré dans ma vie... J'avais peur... Peur de ne plus voir son visage et son expression de luxure lorsque je lui faisais plaisir...
    Je me retrouvai seul ; dans une ruelle sombre et sale. Je frappai contre un mur comme pour retirer son image de moi. Je n'avais pas le droit de ressentir ces choses incompréhensibles. Pourquoi lui ?

    Un mois encore. Un mois sans le voir. Et me voilà. Devant sa porte, heureux d'y toquer. Je n'avais pas l'air blasé que mes autres clients connaissaient par cœur.
"Entre ! entendis-je. Je suis dans le bureau, au fond."
J'obéis : il devait être occupé.
    Il était sur son ordinateur, concentré.
"Viens."
Il ne me regardait pas... Je m'assis sur ses cuisses, le visage orienté vers le sien. Mes bras entourèrent son cou.
"Je suis désolé, j'ai un petit truc à finir. Je suis bientôt tout à toi."
À moi... J'embrassai sa tempe et laissai mes doigts se perdre dans ses cheveux.
    Je restai silencieux et immobile, pour laisser le basané achever son travail.
"Encore une minute."
Il m'embrassa, sans détacher ses iris de l'écran. J'enfouis mon nez dans son cou. Son odeur m'envouta, m'enivra.
"J'arrive, sois pas aussi pressé. Moi aussi je te veux... Mais c'est vraiment important."
J'attendis encore quelques secondes, avant de sentir deux bras entourer mon torse.
    Mes lèvres commencèrent à le parcourir.
"Dis Kagami, tu connais Hanamiya Makoto ?"
Je m'écartai légèrement et haussai les sourcils.
"Ouais pourquoi ?"
Il semblait craintif.
"Tu le connais bien ?
-Ouais plutôt."
Le tanné embrassa mon front.
"C'est ton...
-Aomine ?"
Je l'embrassai, mêlant nos langues avec passion.
    "C'est ton mec ?
-Quoi ?"
Je l'embrassai encore, appuyant derrière sa tête pour prolonger le baiser.
    C'était bien lui que le duo avait cherché à ennuyer... J'avais honte.
"C'est Haizaki, c'est ça ?"
Il opina.
"C'était un marché... Mais si j'avais su que c'était toi la cible... Je suis désolé. Et j'ai presque rien à voir avec eux. C'était pour le fric. Mais où est le problème ?
-Ce mec est pas fréquentable, il est mauvais."
Je ris contre ses lèvres.
"Ouais je sais. Et puis, de toute façon, je peux avoir personne : avec le taf si je me fais choper je risque gros.
-Mm..."
Il accola nos bouches avec violence.
    "Tu t'inquiètes ? m'amusai-je.
-C'est très possible... Je crois que je fais des conneries...
-Aomine..."
Il se leva, me forçant à faire pareil. Il s'éloigna ; je le suivis.
    "Aomine !"
Il se retourna, énervé sans que j'y comprenne rien. Une main s'abattit sur mon épaule et il me plaqua face à un mur, dénudant mes fesses. Son membre me pénétra durement. Je ne m'y attendais pas, pas venant de lui. Et malgré cette violence à laquelle j'étais si habitué, j'appréciai grandement. C'était lui, tout simplement.
"Aomine... Continue..."
Et il se fit plus puissant encore.

    "Je ressens des choses pour toi..."
Mon souffle s'arrêta ; je cherchai son regard mais n'obtins rien.
"Aomine...
-Pars.
-Aomine...
-T'as fini ta journée, pars."
Je me levai et posai une main sur la poignée.
"Je suis une pute, Aomine..."
Je quittai l'appartement.
    Il était évident que je ressentais des choses pour lui, mais je ne pouvais... Jamais... Nos mondes étaient trop différents.
    Je resterais un objet sexuel. Il resterait mon client. Dès la prochaine fois, je me promis de me refermer, de redevenir l'esclave que j'étais.

    "C'est bien Kagami, tu es de plus en plus demandé. Tes prestations sont meilleures qu'avant. Du moins pour celle dans le cube, et j'ai de très bons échos du reste. S'est-il passé quelque chose ?
-Absolument rien monsieur, je voulais juste me donner plus. Je pense que je peux toujours faire mieux."
Le blond sourit et prit mon menton entre ses doigts froids et secs. Il orienta mon visage vers le sien, mais je gardai les yeux détournés.
"Tu es docile ; parfait. Quand tu es arrivé, à seize ans, tu étais bien moins simple à dompter... Mais c'est très bien."
Son pouce passa sur mes lèvres. Puis deux doigts prolongeant un bras tatoué se présentèrent. Je les pris en bouche et y enlaçai ma langue avec sensualité et obéissance.
"Tu fais ça bien... C'est bon, tu peux arrêter."
Je l'écoutai.
"Bien... Très bien. Je pense que tu entendras peut-être parler d'une augmentation. Peut-être.
-Merci monsieur.
-Tu peux y aller."
Je me courbai et quittai la pièce.
    Mon vigile me donna un petit coup derrière la tête en riant.
"T'as assuré. Mais c'est vrai que tu attires plus de monde en ce moment... Il y a quelque chose ?
-Nan... J'avais juste envie de voir ce que je pouvais faire.
-T'es doué."
Je haussai les épaules. Doué pour faire plaisir aux autres ? pour être un objet ?
    Je n'ai aucune pudeur. Je suis un objet sexuel.
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On dirait que Kagami a régressé, non ? Comment Aomine le prendra-t-il ? une attaque personnelle ? une profonde tristesse ? un ennui ? ou autre chose encore... Rendez-vous demain pour la suite ! Bye, Kagamine

La putain aux yeux rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant