Chap. 10 Résister

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Alors ? Ce mystérieux inconnu - ou pas d'ailleurs ? Qui est-ce ? Bonne lecture !
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Chap. 10 Résister

[Kagami]
J'en avais entendu parler, je n'y avais pas cru. Puis j'avais été forcé de m'y résoudre. Mais je ne comprenais pas. Que faisait-il ici ? Lui qui avait tout ? Lui qui avait l'humanité ?
Il gâchait cette vie qui lui était offerte ! Alors je ne voulais plus rien savoir de lui ; je cherchais juste à l'éviter, à m'en éloigner. Il ne fallait pas que nous nous croisions...
Je le savais trop bien, je ne pourrais ne pas vaciller, ne pas me trahir, ne pas laisser mes yeux pleurer, ma douleur s'évader de mon corps. Il m'avait tout tendu, il m'avait tout offert et j'avais tout refusé. Maintenant je culpabilisais. Et j'avais peur.
Des sentiments. J'avais des sentiments inavouables pour lui, et même mon changement ne pouvait y remédier. Je ne pouvais l'oublier.
J'avais presque peur de marcher dans ma rue. Ne pas le voir. C'était le plus important. Et en même temps...
Ne pas le voir lors de mes petits shows dans la cage de verre, ne pas voir de rendez-vous à son adresse dans mon agenda, je ne le supportais pas...
J'étais docile, toujours blasé et dur quand il le fallait. Je donnais mon corps. Sans plaisir. Sans désir. En me maîtrisant. Je laissais les jours s'écouler sans compter les heures, je me fatiguais sans manquer de sommeil, je vivais sans sentir mon cœur battre... Et tout cela par sa faute. Car je l'aimais. J'étais une coquille vide, un robot.
Il fallait que je le vois, et en même temps, sans le voir. J'en étais fou. Fou.

Je savais qu'il venait souvent dans ce bar, je n'avais pu me résoudre à y aller plusieurs jours d'affilés, mais je n'en pouvais plus. Je m'étais fait discret : je voulais le voir sans qu'il ne me remarque. Il n'était pas le seul de qui je me cachais sous ma capuche tombant bas sur mes yeux...
Une femme entra, ouvrant fortement une porte.
"On est là !"
Je la reconnaissais... Cette fille vivait de son corps elle aussi - mais elle avait plus de mal que moi -, tentait de faire les poches des autres et de s'enrichir par de petites escroqueries. Je ne l'aimais pas particulièrement. Moins depuis que je savais qu'elle fréquentait Aomine. J'avais peur qu'il m'oublie.
Évidemment, il entra ; et perdit immédiatement son rire. Une femme le succéda.
Un homme se leva dans un crissement de tabouret qui s'étala par terre.
"Inoue ?!"
Le brun parut paniquer, il n'avait aucun moyen de sortir.
Une question se posa au fond de moi : comment le tanné connaissait-il cet homme qui avait toujours vécu ici ?
"A-Aomine..."
Le hâlé s'avança d'une démarche que je ne lui connaissais pas, très féline. Il plaqua l'autre au comptoir sous le regard accusateur du barman.
"Comme on se retrouve...
-Aomine...
-T'as voulu m'empêcher de réussir connard... Je vais pas te louper."
Un poing discret pénétra dans le ventre du brun dont l'oreille se retrouva au niveau de l'épaule du hâlé qui recula d'un pas et s'adressa au serveur pour commander trois bières. Les filles le congratulèrent, tout comme le reste de la salle qui se moquait ouvertement de l'humilié. Puis ils retournèrent à leurs occupations, à leurs discussions.
Mes iris brûlaient sur son dos. Le voir habillé ainsi me surprenait déjà ; jean légèrement vieilli, débardeur blanc et baskets... son opposé. Mais il restait charismatique, empli de prestance, magnifique, séducteur.
Le brun de tout à l'heure prit le chemin de la sortie, très discrètement. Je fus le seul à le remarquer, à le suivre du regard, très méfiant. Et je vis le métal briller dans sa main. Il n'avait pas le droit de me faire ça. Le cri d'une jeune femme retentit. Je m'interposai, nos bras se frappant durement, la lame frôlant profondément ma peau. Avec violence, je le fis tomber au sol et le désarmai en plaquant mon pied sur son poignet. J'envoyai l'arme valser.
"Rei, dis-je à l'attention du barman, demain tu me fais payer double, je dois y aller.
-Pas de problème. À demain."
Je sortis, lançant un unique regard en arrière. Le basané s'était retourné ; nos iris se croisèrent, les siens tentèrent de me retenir, mais je partis.
Je grimaçai, marchant vite dans le noir, une main sur ma blessure.
"Kagami ! Kagami attends !"
Je n'aurais pas dû venir.
Il me rattrapait, je l'entendais. Alors, d'un geste souple, je disparus dans une venelle, certain qu'il serait incapable de me trouver, la faille étant trop petite. Mais je le vis emprunter la ruelle sans hésitation. C'était un cul-de-sac. J'escaladai le mur, avec difficulté, n'ayant qu'un bras complètement valide, le second douloureux.
"Kagami je t'en prie...
-T'as rien à faire ici, casse-toi. Et je veux pas qu'on sache qu'on se connaît."
Mon nom s'évada de ses lèvres en un souffle triste. Les pas s'étaient arrêtés.
Je regrettais.

J'avais rendez-vous dans un hôtel, une heure. On me mena à la porte qu'on m'ouvrit. Personne dedans. Un mot sur le lit avec mon nom écrit dessus.
"Attends-moi ici."
Je commençai à me déshabiller. Puis la porte s'ouvrit derrière moi et se referma assez rapidement, comme si le client avait de la pudeur pour moi - quoique l'hypothèse qu'il ne veuille pas être surpris avec une prostitué soit plus parlante. J'allais me retourner, mais sursautai, sentant deux bras passer autour de ma taille - j'étais en caleçon. Ils étaient basanés, ces bras. Une bouche se posa sur ma nuque.
"Arrête !
-Il faut que je te parle...
-Aomine, je veux pas perdre mon temps, tu me paies pas pour ça !
-Je te paie pour ce que je veux, excepté le bondage je te rappelle. Assieds-toi."
Il me lâcha, puis j'obéis. Il était de nouveau en costume trois pièces, bien coiffé, sensuel.
"Pourquoi tu m'as fait venir ici ?
-Pour que tu viennes. Et pour te faire plaisir...
-Non pas ça ! m'exclamai-je.
-T'as peur de ne pas te contrôler ?"
Il savait mieux que moi ce que je n'osais penser. Ma rougeur le fit sourire.
"Qu'est-ce que tu faisais dans le neuvième ? tentai-je pour détourner l'attention.
-Ça c'est pas tes affaires..."
Il me poussa pour que mon dos tombe sur les draps. Une de ses mains plaqua mes poignets au-dessus de ma tête - avec douceur pour ne pas exciter ma blessure entourée d'un bandage fin - et la seconde commença à caresser mon torse. Mes doigts osèrent venir chercher les siens, les enlacer amoureusement. Le tanné sourit en plantant ses iris vainqueur dans les miens.
Je pouvais prendre plaisir tant qu'il me payait et qu'il aimait cela aussi. En dehors, il n'y aurait rien, je m'interdirais tout.
Une main agile me dévêtit et s'amusa à parcourir mon corps de long en large, juste en le frôlant, en effleurant mon membre que le désir gagnait. Je me tortillais de gêne et de besoin.
"Aomine...
-Calme-toi chaton... Je veux juste que tu te sentes exister..."
Nous n'avions pas le droit... Je n'avais pas le droit... Mes gémissements de désir sonnaient autrement... Et ça je ne pouvais l'avouer...
"Aomine...
-Quoi ? Tu veux plus ? Demande-moi, ordonne-moi."
Jamais je n'oserais.
"Kagami, ordonne-moi."
J'avais signé un contrat avec mon employeur ; il y était stipulé deux choses ici contradictoires : ne pas désobéir aux clients et ne pas les diriger. Mais je savais bien que le bleu se fichait de toutes ces stipulations. Il fallait que j'arrête de me mentir : si je ne pouvais faire ça, ce n'était pas uniquement par docilité qu'on m'avait inculquée très tôt et qui explosait ces derniers temps, c'était ma peur, mon inconnu.
"Kagami... Tu as le droit au plaisir... Demande-moi de te faire plaisir... S'il te plaît..."
Un client... suppliant...
"Je vous en prie, arrêtez... Aomine-sama, arrêtez... Je ne peux pas vous faire ça..."
Il fronça les sourcils alors que je détournai le visage, honteux, comme si je ne voulais pas qu'il voit comme je me comportais avec les autres.
"Kagami..."
Il embrassa mes lèvres avec une tendresse à laquelle je n'avais jamais goûté. Je passai ma langue sur mes lèvres pour garder ce contact sucré plus longtemps.
"Ordonne-le-moi.
-A-allez-y. Vas-y, Aomine..."
Je compris sur son visage qu'il s'en contenterait.
Et cette sensation merveilleuse se reporta en mon bas-ventre, encore plus douce et plus délicieuse que la fois précédente. Je ne pouvais lui résister.
"Aomine... c'est bon... c'est trop bon... mais arrête, je t'en prie..."
Et il me sourit en continuant obstinément.
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Kagami distant, et en même temps incapable de ne pas sombrer... Aomine provocateur et amoureux... Que demande le peuple ? Peut-être une remise en question de Kagami... mais celui-ci a besoin d'informations... Rendez-vous demain ! Bye, Kagamine

La putain aux yeux rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant