Chap. 14 Aveu

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Désolée du retard, j'ai pas d'excuse ! M'en voulez pas trop et bonne lecture à tous !
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Chap. 14 Aveu

[Aomine]
    À quoi bon continuer à traîner dans le neuvième ? maintenant que je savais que je le dégoûtais ? Il s'était retenu de le dire plus tôt à cause de mon statut de client, d'homme important, de riche. Je me détestais pour cela. Et je ne le voulais que plus.
    Plusieurs fois, je l'avais repéré dans la rue, l'avais dévoré du regard. Et jamais il n'avait répondu. Mais pourquoi était-il venu me voir s'il ne ressentait rien ? Je devais cependant me tenir à ma promesse et ne plus l'ennuyer avec mes sentiments. Impossible de les retenir pourtant.
    Les larmes ruisselaient sur mon visage, sans retenue. Jamais je n'avais ressenti autant de vide en moi. Il n'y avait qu'un immense besoin de chaleur, de tendresse. Je ne demande que sa main dans mes cheveux, qu'un baiser sur les tempes ou qu'un souffle au creux de ma nuque. Un signe de sa présence. Mais j'étais seul dans mon grand appartement vide. J'étais seul sur mon grand lit...
    Mon visage dégoulinant laissa les larmes imperturbables tâcher sa peau, mouiller mon torse. Je me cachai sous mes draps, dans le froid.
    Un chagrin ? Moquez-vous ! Le désespoir sort de mes yeux et hurle sa puissance ! Et vous appelez ça un chagrin ?! Riez ! Riez ; mais loin.
    Laissez-moi maintenant. Je veux être seul. Je ne veux plus de vous dans ma tête ! Pensées haineuses ! Pensées amoureuses... Si dures ! Si délectables...
    De la rage, de la douleur... Kagami aide-moi... Aime-moi. Appartiens-moi ! Je ne demande que toi. Rien d'autre. Juste toi si j'en suis digne ! Et si tu ne veux pas, offre-moi un baiser ; ou juste une caresse... Je n'ose te demander un regard... Ton odeur me suffirait à vivre comme je ne l'ai jamais fait.
    Je passais une main sur mes yeux pour effacer mes larmes. Je n'avais pas honte. Mais ma fierté prenait le dessus. Je ne devais pas pleurer. Même si le cas était extrême. Tant pis. Je devais dormir pour revenir demain. Plus fort.
    Ma promesse, je la tiendrai. Mais je le forcerai à me voir, à se mordre les doigts de m'avoir envoyer loin.
    Une sonnerie me tira de ma réflexion.
"Mm ?
-Tu dormais, Dai-chan ?
-Nan, j'allais me coucher... C'était pour quoi ?
-Je voulais juste te parler... T'avais pas l'air bien aujourd'hui... Et puis, que tu sois déjà au lit m'inquiète aussi, souffla mon amie, très concernée.
-Nan, ça va t'inquiète, juste un coup de fatigue. Ça ira mieux demain... Ça fait juste quelques jours que je dors plus vraiment.
-D'accord... Je te laisse."
Je me laissai tomber sur les draps : je ne pouvais définitivement pas me laisser emporter par mes sentiments...

    Nous restâmes là, comme deux idiots, à nous fixer, à nous dévorer. Je fus le premier à détourner les iris, à l'oublier. Et je savais qu'il n'aimait pas ce sentiment. C'était mal. Il vivait un peu à travers mes yeux ; les retirer de lui le renvoyait à son statue d'objet. Je m'en voulais, mais il le fallait.
    Le voir au magasin m'avait tué. Je le voulais pour moi. Il ne devait pas se montrer aux autres, s'offrirent à eux.
    J'entendis des pas derrière moi, alors que je sortais du bar.
"Aomine, attends...
-Mm ?
-T'as... t'as du temps ?"
Il me rattrapa, avançant à mes côtés.
"Combien de temps ?"
Il rougit, la tête braquée sur le côté.
"Suis-moi."
Il m'emmena dans les quartiers résidentiels, très embarrassé.
    Les pas du carmin s'arrêtèrent finalement devant une vielle porte qu'il ouvrit lentement. Je revoyais mon enfance. En plus propre. Les murs étaient presque blancs, contrastant énormément avec l'extérieur. Il y avait néanmoins des traces de vieux tags estompés dans les coins. À côté, une table et une vieille chaise de bois, bien rangées. Et un lit duquel la délicieuse odeur du rouge s'échappait...
    J'avais du mal à comprendre ce que je faisais ici.
"Je sais, c'est pas le grand luxe, t'es habitué à mieux..."
Il me regarda.
"Je déteste la pitié, Aomine.
-C'est pas de la pitié... Ça me rappelle des choses, c'est tout."
Il tiqua.
"J'ai vécu dans le coin."
    Le carmin sembla hésitant à me parler.
"Tu vois nos différences ? finit-il par lâcher, très bas, presque honteux de sa personne.
-Et toi ? Tu vois nos similitudes ?"
Il ne répondit pas.
"Bien sûr que je vois nos différences. Je sais que t'es une pute, je sais que tu crèves pas sous le fric, je sais que tu bosses pas pour le plaisir, et alors ? C'est superficiel tout ça ! Je veux que tu voies que l'on se ressemble. On a le même comportement d'abruti, on est fier, on est combatif. J'ai juste été aidé. Sinon j'en serais pas là. Tu sais pas tout sur moi... Je voulais pas le dire, mais tu finiras par l'apprendre, alors autant que cela vienne de moi, soupirai-je. Assieds-toi."
Il m'obéit et je fis de même.
    "On se ressemble beaucoup plus que tu ne le crois...
-Aomine..."
Je souris légèrement et fermai les yeux.
"J'aurais dû te le dire plus tôt... J'ai été idiot...
-Aomine...
-Me coupe pas, s'il te plaît. Je suis né à quelques rues d'ici, proche de la décharge, dans un appart comme celui-là. Je me rappelle pas trop de mon enfance, mais jusqu'à cinq ans je traînais dans la rue comme tous les gamins ici. Ma mère était une pute. Mon père, je l'ai jamais connu. On m'a isolé, on m'a mis à l'écart avec d'autres gamins. Nos mères nous donnaient du fric sans qu'on les voie. On a appris à s'en sortir, on a appris à se faire de l'argent. Tous seuls."
Je laissai mon souffle emplir la pièce.
"J'ai voulu savoir d'où je venais et à treize ans je suis sorti de mon cocon. Et je suis resté tout en travaillant. Et je suis parti à seize ans, j'ai tourné la page parce que la sexualité commençait à m'attirer beaucoup trop et que je voulais pas sombrer. Et je suis devenu ce que je suis maintenant. J'ai travaillé, j'ai été égoïste pour y arriver, je suis pas un héritier, je suis pas né riche. Je suis né dans la même merde que toi. Mais on m'a donné une chance."
    Je laissai mon dos tomber sur le lit et soupirai.
"C'est tout.
-Aomine, t'es-t'es un bâtard ?
-Si tu m'as bien écouté, tu devrais le savoir, non ? le taquinai-je.
-Dis-le-moi."
Il se plaça à califourchon sur mon corps et approcha fortement nos visages.
"Ma mère est une pute, j'ai failli en être une, je suis un bâtard.
-Aomine...
-On se ressemble."
Nous nous embrassâmes passionnément. Je le retournai, me plaçant au-dessus de lui. Il posa une main sur une de mes épaules et me retint à distance d'un bras tendu.
"Aomine, ça change pas... S'il te plaît... Tu m'as promis."
Je me redressai, agacé et lui fit dos.
"Ouais, désolé. Mais j'ai du mal à croire que je te dégoûte..."
Une main retint un de mes avant-bras.
"Aomine... Tu veux bien... me faire plaisir ?
-T'es vraiment pire qu'indécis."
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Ho ho ho - ça fait père Noël... - ça commence à bien se passer tout ça... mais c'est bien mal connaître Kagami, non ? Rendez-vous ce soir du coup pour la suite ! Bye, Kagamine

La putain aux yeux rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant