11 : Pour une abeille

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Une silhouette apparaît vaguement dans un silence assourdissant, surplombant tout, recouvrant de son ombre l'entièreté de la scène chaotique emplie d'angoisse où plane toujours la même odeur âcre et métallique. Les deux genoux à terre, levant à peine la tête pour dévisager avec horreur la personne qui se dresse devant moi et qui est méconnaissable. Affichant un sourire inhumain avant de violemment se jeter sur moi.

- AAAH !

Mon corps bascule en avant et je manque de tomber du canapé. Mes yeux écarquillés fixent la petite table devant moi où repose les quelques amuse-gueules que la classe n'a pas ramassé avant d'aller se coucher. Mon corps tremble, pas seulement de peur mais aussi de froid, la pièce a perdue quelques degrés et, n'étant pas très couvert, j'ai de longs frissons dans les jambes, les bras et le dos. Je respire fortement et me réveille complétement quand une flash lumineux suivie d'un bruit sourd effroyable fait trembler légèrement les vitres du dortoir. Mes yeux se tournent instinctivement vers ces dernières, l'obscurité est plus que présente et la pluie frappe sans relâche contre le verre renforcé, s'écrasant dans un son continue de petite tempête. Mon attention est attirée par un autre bruit et source de lumière qui ne vient pas de l'extérieur.

La télé commune projette de la neige avec un faible éclairage tout comme le volume.

- L'éclair a touché l'antenne.

Je sursaute et tourne vivement la tête vers la personne qui vient de parler et qui jette mollement la télécommande sur le fauteuil d'en face. Je me relève alors qu'il pose ses yeux dans les miens.

- Ka...

- Je savais bien qu'un truc n'allait pas avec toi le nerd.

Je déglutis. Qu'est-ce qu'il fait là ? Je rêve encore ? Pour confirmer mes dires je serre un de mes poings et en sentant la légère douleur de mes ongles dans ma paume, je me résigne à cette éventualité. Je me contente juste de baisser la tête, ne cherchant pas de logique à sa présence.

- Je vais aller me coucher... Balbutiais-je en liant le geste à la parole bien que mon pas ne soit pas décidé.

Je passe derrière le divan où il est assis et il ne me lance pas un regard, mais a mi-chemin, sa voix résonne à nouveau.

- Quand on était gosse. Commence-t-il, me faisant me figer. Pendant que les parents devaient venir nous chercher à la sortis de l'école, tu t'es assis près de l'herbe pour regarder les fleurs.

Je me retourne lentement, d'une part surpris qu'il me parle d'un sujet dont je ne garde aucun souvenir, mais surtout qu'il se mette à en parler de bout en blanc.

- T'en a cueillis une. Continue-t-il. Et une abeille t'a piquée la main.

De vague images me reviennent à cet instant, mais je reste perdu quant à l'intérêt de cette histoire.

- Je t'ai observé de loin, car je m'attendais à te voire hurler et t'enfuir en courant le plus loin possible. Mais au lieu de ça, t'as regardé l'insecte partir puis ta main et c'est seulement après plusieurs secondes que tu t'es mis à pleurer. Tu criais et chouinais de plus en plus fort, à tel point que les profs se sont inquiétés et quand ta mère est arrivée, tu ne t'étais toujours pas calmé, ça avait même l'air d'empirer.

Il se redresse et met les mains dans les poches, je frémis en le regardant faire sans en comprendre la raison.

- Ils ont cru que t'étais malade ou que t'avais avalé un truc toxique. Mais tu secouais la tête et c'est moi qui est finalement parlé de la piqure.

Il lève les yeux vers moi.

- Inko pensait que t'étais allergique et allait t'emmener d'urgence à l'hôpital. Mais t'as finalement bafouillé que tu n'avais rien et que t'étais juste triste pour l'abeille qui allait mourir par ta faute.

Embers - [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant