Ce n'est pas possible... Farsculum Devares est mort et enterré par sa famille, intolérante à notre couleur.
Et pourtant, il est devant moi et je sais très bien qu'il ne ment pas. Il est exactement comme sur les images des résultats de l'examen de son année. Si je me souviens bien, il n'avait pas eu la meilleure note (lol, c'est moi qui l'a): il devait avoir eu 100, 150... gros maximum 200. Par contre, je savais qu'il était 400e de son année, où ils étaient 500 dragons à finir. Radfled avait manqué ce coup-là...
Le premier Devares rouge m'emmène dans une autre pièce, à l'abris des regards des autres dragons mais surtout sans la moindre menace pour Swan. Nous nous transformons tous les deux en humain pour mieux discuter dans la petite pièce.
-Alors, t'es vivant, je lâche. Je parie alors que ta famille est morte et tu as peinturé ton frère jumeau en rouge et tu as pris son identité.
Il fronce les sourcils:
-Comment sais-tu...
-Je me suis informée, je le coupe. Ton frère jumeau était blanc, mais avec les mêmes traits que toi, alors un coup de peinture sur toi et un coup de peinture sur lui, c'est l'idéal pour changer de vie, non?
En effet, c'était une préparation à l'examen. Il fallait s'informer sur un dragon de notre couleur, et bien sûr, c'est cette face de linotte que j'ai choisi. Mon esprit protecteur et Radfled ont pu m'aider suffisamment pour avoir une note parfaite. Pour l'examen par contre, j'ai dû me fier sur ma mémoire seulement.
Farsculum sourit:
-Exactement. Tu es intelligente. Tu devrais comprendre ce que je m'apprête à te dire...
-Lear et Prospero en ont touché un mot, j'affirme. Ils disent que Varshice perdra le trône à la mort de Tartan et de Swan. Je parie que tu vas t'organiser pour tuer la princesse et aller faire des beaux yeux à l'autre en disant que tu as tué sa menace. Ensuite, tu le tueras, ainsi que notre maître.
-Il n'est plus notre maître pour longtemps, commente Farsculum. Mais tu n'as pas tort.
Il s'éloigne de moi pour se retourner:
-Sauf qu'il te manque un tout petit détail qui garanti mon plan merveilleusement invicible.
-Lequel? La protection de ton esprit? Ah ben non! Elle croit que tu es mort et tu as plus de 100 ans. Je parie que lorsque tu as dit que tu allais chez ta famille -ou devrais-je dire tes géniteurs?-, tu l'as abandonnée à son sort.
-J'ai pu accomplir bien des choses sans elle, s'écrie-t-il en colère! Elle faisait tout pour m'empêcher de tuer. Pendant qu'elle me surveillait, je n'ai même pas pu toucher une écaille d'un autre dragon ou le simple millimètre de la peau d'humain. Je n'ai même pas pu en frôler un.
-Alors, c'est que tu es un pourri, je l'insulte. Parce que je sais très bien qui tu as eu, et je sais très bien c'est quoi l'avoir dans les pattes, ainsi que Radfled et le royaume de Sulvatro. Et ma sœur, Jesseara qui croyait être subtile en essayant de me trouver et m'emmener chez nos géniteurs, car elle rêve d'une famille parfaite. Alors, ne te plains pas que tu avais des restrictions pendant quelques minces années alors que moi, j'en vis encore de Sulvatro et de ma sœur. Alors, ne me parle pas de restrictions.
-Tu oses me parler de ce ton, moi, ton futur roi? Tu verras lorsque je régnerai l'ensemble des dragons rouges, tu seras mieux de te taire.
-Voilà pourquoi je soutiendrai Varshice, je lui crache. Lui, au moins, il accepte que je lui parle comme je te parle.
-Une nouvelle ère approche, se rapproche-t-il de moi pour que nous ne soyons qu'à quelques centimètres de différence. Et si j'étais toi, je tiendrais ma langue si tu veux survivre.
Je le défie du regard pendant quelques secondes. Puis, un détail refait surface dans ma mémoire. La raison pourquoi celui devant moi n'avait pas une bonne note: il croyait qu'il était le seul à pouvoir manipuler les gens, alors il n'avait jamais eu de protection. Avec un peu de chance, je peux encore me servir de cette faiblesse, que moi, je maîtrise des deux sens: je suis protégée contre ce genre de magie et j'en suis assez forte. Avec ma rougeur, il n'y avait que Radfled qui avait pu discerné ma manipulation et cela, ce n'était que rarement et avec une certaine quantité de crème protectrice. Alors que je regarde les yeux de Farsculum, je vois facilement qu'il n'en porte aucune.
Alors, du regard, je change d'air, malgré mes pensées meurtrières, et prends une pose sensuelle et dis d'un ton soumis:
-Oui, vous... avez probablement raison, je présume. La survie m'est élémentaire, et je ne voudrais pas déranger mon futur maître qui a probablement tué...
Je laisse ma phrase en suspense, ne sachant pas son nombre de victimes. Probablement quelques-unes dans les victimes non-déclarées, mais je ne le sais point. Heureusement, il répond à ma place, pleinement manipulé:
-365 morts et 800 blessés en 500 ans de cachette. Aucun déclaré. Et toi, petite, combien? Un gros nombre si tu veux rester une meurtrière.
Je me pince les lèvres en espérant qu'aucun membre des registres m'entende. Puis, je dis:
-340 victimes déclarées ainsi que 650 blessés. Sinon, pas déclarés, ça va à 441 victimes et 650 blessés. Bonne moyenne pour quelqu'un de restreint, non?
Il sourit:
-Bien assez pour rester meurtrière, malgré qu'il serait intéressant de te torturer un tout petit peu pour m'avoir insulté.
Je lâche un petit rire pour chercher en profondeur ce que j'ai besoin de savoir:
-Et... vous avez dit que vous aviez un détail qui rend votre plan invincible. Vous auriez dû dire "infaillible", mais je vous pardonne pour cette faute de grammaire si vous m'enlevez ma pénitence et que vous me donnez quelques détails.
Il rit un peu. Je sens que ma manipulation fonctionne pleinement sur lui. Je suis si près du but.
-Un oracle a déclaré une prophétie imprononçable à ma famille, explique-t-il. Pardon, à mes géniteurs. Eux, ils m'ont donné un nom de famille, au moins. Il leur a dit que seul un Devares pourra détrôner Varshice et créer une nouvelle ère. Il ne faut qu'attendre la mort du roi Tartan et celle de la princesse Swan de Sulvatro. Et une accélération ne pouvait faire de tort.
Il prend mon visage avec ses deux mains doucement:
-Tu comprends, Safiya? Je suis le seul qui peut renverser le tyran. Je suis le dernier Devares, celui qui accomplira la prophétie.
Je souris avec un faux espoir dans mes yeux. Non, je ne veux pas que Swan/Emma meurt, et lui, il veut la tuer, pour renverser mon maître, le seul qui m'a ouvert les bras en acceptant pleinement qui je suis (peut-être à part mon homosexualité, mais ça, on s'en fout). La princesse dont je suis tombée amoureuse mérite sa vie, sa fin heureuse, que ça soit avec moi ou non. Et puis, Farsculum, si j'en crois ce que j'entends, ne sait pas un détail important dans cette histoire.
J'ôte ses mains de mon visage et rapproche mes lèvres de son oreille pour révéler:
-Lorsque je suis entrée chez Radfled pour la première fois, contrairement à toi, je n'avais pas de nom. Je n'étais que Rouge, comme tous le autres. Grâce toi, il m'en a trouvé un. Je ne suis pas seulement Safiya: je suis maintenant, pour toute l'administration et tous les esprits, Safiya Devares.
J'ôte complètement ma manipulation pour qu'il voit à quel point il a été manipulé. Il ne tarde pas à le comprendre si je me fie à son visage. Je m'éloigne de lui et continue:
-Et non, je ne te laisserai pas tuer la princesse. J'en ai décidé autrement pour elle. Et surtout, surtout, tu ne seras jamais roi.
Je sors mes griffes et les plante dans son cœur à une vitesse impressionnante. Je les enlève de son corps afin de le griffer à d'autres places, jusqu'à ce que la vie le quitte.
Je déclarerai cette mort sans problème. À ce stade, je ne fous un peu de ce que je deviendrai, ainsi que ma réputation. Tout ce que je veux maintenant, c'est d'aider Swan à faire ce qu'elle est destinée à faire. Tuer Tartan et au pire, si je deviens reine, Swan aura vécu une belle vie de princesse, comme elle l'a toujours voulue.
VOUS LISEZ
Dragon rouge
FantasyComment annoncer à cette fille super craquante qu'elle a un plus grand destin qu'elle le croit? Comment lui expliquer que je dois la protéger contre un monde presque incensé? Comment lui dire que moi-même, je n'ai pas choisi mon camp? Comment lui an...