18. La moisson

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Ca fait un peu moins de deux semaines que j'ai reçu l'indication de William. J'ai dormi chez Sandra ces derniers jours, elle m'a accueilli sans rien demander. J'ai passé mes journées à la centrale à bosser pour la Nation comme si rien n'était, comme si je n'étais pas expulsée de chez moi, dormant chez la patronne de la bibliothèque de la zone B.

Comme si je n'attendais pas ce jour depuis deux semaines. 

J'avais demandé à Austin quand étaient les moissons la dernière fois que je l'ai vu. C'est aujourd'hui.

D'ailleurs, en parlant de lui, je n'ai pas encore été le voir. J'aimerais, mais c'est comme si quelque chose en moi me retenait d'y aller. En fait, je pense que j'ai peur qu'il me demande en mariage, qu'il me propose de vivre avec lui.

Je veux vivre avec lui, c'est pas ça, mais je suis si proche du but, si proche de partir, je ne veux pas lui infliger de me perdre juste après m'avoir épousé. 

Pourtant je sais que c'est ce que je dois faire, vivre ma vie ici comme si rien ne se passait, pour ne révéler aucun soupçon de la part des gens, et... Pour ne pas me retrouver sans rien si mes plans ne marchent pas.

Je fais aveuglement confiance à William pour cette fois, mais je ne sais rien de lui, si ça se tombe c'est un piège, si ça ce tombe il ne m'aidera jamais, et je vivrai ici pour toujours.

Si je dois vivre ici pour toujours, je veux que ce soit avec Austin, quitte à vivre ici, autant avoir un semblant de vie heureuse. 

Je devrais passer le voir. Maman est surement allée chez lui, me recherchant, il est sûrement au courant que je ne suis plus à la maison, il est sûrement inquiet.

Puis il serait mon billet pour regarder les moissons sans que personne se pose des questions. Je dirais que je l'aide à charger les camions, et il serait mon alibi.

J'ai toutes les raisons d'aller le voir, mais j'ai peur. J'ai peur de devoir planifier un futur que je ne pourrais vivre.

Pourtant en rentrant de la centrale aujourd'hui je suis allée chez lui, le coeur battant. 

-Olivia? Il me prend dans ses bras alors que je suis toujours sur le pas de sa porte. Je suis bien, dans ses bras. Ta mère est venue il y a quelques jours, qu'est-ce qui

-Je me suis disputée avec elle, je suis partie de la maison, j'ai pas trop envie d'en parler.

Il me regarde avec ses yeux si compatissants que je fond presque. 

-Ne t'en fais pas, tu n'as pas à en parler tout de suite. Qu'est-ce qui t'amènes ici?

-Tu me manquais. C'est la vérité. J'aime être avec lui. C'est avec lui que je me sens chez moi. Et je me suis dit que je pourrais passer la journée avec toi.

-C'est les moissons aujourd'hui, c'est une journée plutôt chargée je n'ai pas une seconde pour toi. Il baisse les yeux, déçu de ne pas pouvoir rester avec moi.

-Je peux vous aider.

-Tu veux venir? C'est pas très fun tu sais, des gardes à tous les mètres, des gens qui se pressent, qui crient, qui stressent, qui se bousculent.

-Ne t'en fais pas, je sais ce que c'est. Je veux t'accompagner.

-Vraiment?

-Je veux faire partie de ta vie. Je lui avoue, me surprenant moi-même. Et si ta vie veux dire participer aux moissons, alors moi aussi.

Il me sourit. Un vrai sourire. Un sourire d'amour, un sourire que je ne suis pas prête d'oublier.

-On part dans 10 minutes, mais je dois encore finir de préparer les caisses. 

Cross The Force FieldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant