24. Le père de William

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Pars avant ou ne pars jamais. Je n'ai plus beaucoup de temps.

Il faut que je parle à William, il faut que je le persuade de m'aider, maintenant.

Je marche dans les champs de la zone A en réfléchissant, le talkie dans la main. Je suis déjà rentrée de la centrale, mais Austin et son père travaillent encore. 

Lorsque je suis rentrée de la prison hier, je n'ai pas arrêté de penser à ce que Gregory m'a dit, même si ça me fait du mal, je sais qu'il a raison. Je n'ai pas réussi à regarder Austin dans les yeux sans me retrouver à culpabiliser.

Je n'ai presque pas dormi, et aujourd'hui à la centrale je n'y étais vraiment pas. J'étais ailleurs, encore maintenant.

Je pense que je ne suis jamais allée aussi loin dans les champs, mais j'ai besoin de marcher, comme si mon cerveau fonctionnait mieux lorsque j'étais en mouvement.

Je vais parler à William, tant pis si ce n'est pas encore la nuit, je ne peux plus attendre. 

Je réfléchis à des arguments, mais ils sont tous moins biens les uns que les autres. Jamais je n'arriverai à le convaincre de m'aider à frauder la loi, la plus grande loi jamais établie.

Je suis sûre que commettre un meurtre serait moins grave  aux yeux de la Nation que de m'échapper.

Mais je vais tout tenter.

J'appuie sur le bas du talkie.

{Identité reconnue, accès autorisé.}

Si William m'aide, je pars. Si il refuse, je reste.

Le mariage est ma date limite.

-William, tu m'entends?

Le jour du mariage, j'arrête tout. Pour Austin, je resterai. 

Soit je pars avant, soit je ne pars jamais.

Et soudainement j'ai envie de reporter le mariage à l'infinité. J'ai envie de plus de temps, j'ai besoin de plus de temps, je ne suis pas prête.

-Olivia, comment vas-tu?

Je ne sais pas si entendre sa voix me rassure, ou pas.

-Pas tellement bien, pour être honnête.

Je sens comme une boule au ventre, je stresse énormément. J'ai peur de lui dire, et qu'il refuse. Il est ma dernière chance.

C'est comme si mon futur ne tenais plus qu'entre ses mains, et je n'aime pas vraiment ça. Je n'aime pas que quelqu'un ait la possibilité de choisir la fin de ma vie pour moi.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as des ennuis? Il parle vite et je le sens inquiet. Une vague de chaleur me prend soudainement, et j'ai cette intuition, celle qu'il ne me veut aucun mal, celle qu'il veut peut être même me protéger.

Mais pourquoi voudrait-il me protéger?

-Non, non je ne suis pas en danger.

Je l'entends soupirer. -Tu m'as fait peur, putain. 

-Pourquoi?

-Quoi?

-Pourquoi tu t'inquiètes pour moi?

Il ne répond pas tout de suite.

Le silence me semble interminable.

-Parce que j'ai besoin de toi. Je le sens nerveux.

-Comment ça?

-Je, Il s'arrête une seconde, voir cinq, puis reprend avec d'une voix basse. Je ne t'ai pas donné ce talkie juste parce que j'étais curieux sur la Nation, enfin si, si je suis curieux, mais c'est un peu plus gros que ça.

Cross The Force FieldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant