Crystal castel - île flottante de Djaha
Un nouveau coup retentit, pressant cette fois, je me hâte en direction de la porte, le coeur rebondissant sous mon corset fleuri. Ma main hésite, suspendue au-dessus de la poignée de la porte, mon souffle s'accélère, j'ouvre non sans une certaine appréhension.
- Lapis.Bonjour, m'interpelle une suave voix masculine que je pourrais reconnaître entre mille.
Achille se tient dans l'encadrement de la porte, plus beau que jamais, intimidant avec son regard de braise. Je comprends pourquoi la grande Halanà a jeté son dévolu sur lui, sa beauté exotique tourmente les sens. Mon ventre se noue malgré moi, il n'attend pas mon invitation pour entrer, ma voix n'a pas su dépasser mes lèvres pincées.
Félin, il se dirige vers l'immense baie vitrée qui ouvre sur l'extraordinaire cascade des cieux, dont la chute incessante berce les alentours de sa douce musicalité. La porte claque dans mon dos, je sursaute, un courant d'air invisible, je remarque ensuite la tête de Sisyphe qui émerge des franges pendantes du dessus-de-lit. Je fronce les sourcils, il m'adresse un rapide geste de la patte me désignant Achille, toujours immobile face à la vue magistrale qui s'offre à lui. Mal à l'aise dans cette robe d'apparat, je tente de me ressaisir.
- Cette robe te va à ravir, me complimente Achille, comme s'il avait lu dans mes pensées les plus intimes.
Où peut-être fait-il référence à cette fameuse soirée partagée il y a quelques mois de cela ? Je m'empourpre davantage, les joues rosies d'embarras, je manque cruellement d'assurance. Il se retourne enfin vers moi, attendant visiblement que je sorte de mon profond mutisme.
- Bonjour Achille. Je n'ai jamais eu l'occasion de te remercier de m'avoir raccompagné, bredouillé-je tout en me dirigeant vers le fond de la suite me prenant tout à coup d'intérêt pour une commode en bois incrustée de pièces de nacre, n'ayant pas eu l'occasion de te revoir depuis . . . ma voix meurt dans ma gorge avant que je n'ai pu terminer, nouée par le stress. Je ne sais si c'est le fait d'être en terrain inconnu, mais sa présence me déstabilise plus que de raison.
- Pourtant, je n'étais jamais très loin, me répond-il, plus énigmatique que jamais.
Derrière moi, je l'entends se déplacer, mon regard balaye la commode s'accrochant sur d'infimes détails comme s'il s'agissait d'une oeuvre d'art aux mystères inviolables. Le temps s'étire, le silence s'installe, j'ai l'impression de sentir son souffle sur ma nuque mais lorsque je me retourne pour l'affronter, il se tient près de la sortie, droit, impérieux.
- Tu sembles bien installée, je voulais m'en assurer, déclare-t-il tout en ouvrant la porte.
Il est sur le point de partir, je reste plantée près de la commode, figée, incapable de prononcer le moindre mot. Je devrais engager la conversation, montrer un certain détachement, mais je n'y parviens pas: tout cela est si nouveau pour moi. J' ai toujours vécu dans une bulle depuis la tragique mort de mes parents. Achille s'immobilise avant de refermer la porte derrière lui, il se tourne avec grâce, me fixe: une étrange lueur illumine son regard bleu tranchant.
- Je suis content de partager cette compétition avec toi, affirme-t-il d'une voix doucereuse. Sache que je ne suis en rien ton ennemi, je te soutiendrai si tu en ressens le besoin.
Sur ces dernières paroles, il me laisse seule dans ces appartements colossaux, déboussolée.
- Moi aussi, murmuré-je à la porte en bois qui vient de l'engloutir.
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* I. Mortality *
Paranormal* Lapis-Lazuli vit dans un monde bien différent du nôtre, un monde dans lequel la magie règne, et les déesses veillent avec soin au bon équilibre des forces qui s'exercent. Mais lorsqu'une société aux ressources illimitées perce le grand mystère de...