19.

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Ma nuit fut mouvementée et Tiffaine ne s'est pas privée de me le faire remarquer. J'étais tellement agitée qu'elle a dormi très peu. Heureusement, elle ne m'en veut pas, je lui ai prétexté que j'avais rêvé que des araignées géantes me poursuivaient, étant donné qu'on avait horreur de ça, toutes les deux, elle a très bien compris. En revanche, les araignées géantes étaient en fait...William.

Tiffaine passait la journée avec , Marcus, ils allaient faire, d'après ce qu'elle m'a dit, les magasins, regarder un film au ciné et aller à la patinoire. Je devais la rejoindre au bar ce soir, mais je ne pensais pas rentrer tard cette fois, je n'avais pas la tête à faire la fête, je pense que je voulais rentrer chez moi pour dormir, je ne voulais qu'une chose : dormir toute une vie.

Arrivée chez Jordan, c'est Sarah qui m'ouvrit la porte avec un grand sourire que je ne pus m'empêcher de rendre.

- Je suis contente de te voir, me dit-elle.

- Moi aussi, ça fait un petit moment qu'on ne s'est pas vue.

- Et la dernière fois, tu es partie d'une telle vitesse, me rappelle-t-elle, je n'avais pas oublié.

- Jordan est là ?

- Non mais il va bientôt arriver, il était parti acheter quelques trucs à manger, installe toi. Ce n'est pas la veste à mon frère celle-là ?, fixant du doigt la veste que Jordan m'avait prêté hier soir.

- Si, je lui ramène justement, il me l'avait prêté à la soirée hier, il faisait froid dehors.

- Mon frère, un gentleman, qui l'aurait cru ?, plaisante-t-elle.

Je lui souris puis elle partit vers le salon. Elle revint quelques minutes plus tard avec sa mère, toujours aussi triste de visage mais sans bouteille à la main, et même si elle avait l'air extrêmement fatiguée, elle me paraissait sobre.

- Bonjour, Madame Graham, lui dis-je avec le sourire.

- Appelle moi, Charlotte, ma puce.

Je ne savais pas si c'était son nom qui me faisait sourire ou si c'est parce qu'elle m'avait appelé "ma puce". Je trouvais le prénom Charlotte super jolie, mais je ne me doutais pas du tout qu'elle s'appellerait comme ça. Je crois qu'elle remarqua mon étonnement.

- Comment vas-tu ? Je suppose que tu es venue voir mon fils.

- Vous supposez bien, je viens lui ramener la veste qu'il avait oublié hier soir.

- Oh à l'avenir, si tu pouvais surveiller mon fils lors de ses soirées, je t'en serais redevable, me demande-t-elle en me faisant un clin d'œil.

Je ne savais pas où elle venait en venir, je suppose qu'elle ne voulait pas qu'il fume ou boive quoique ce soit, il était un peu trop tard pour ça, mais j'acquiesçais tout de même.

- Je vous laisse, je dois faire mes devoirs, il va bientôt arriver, tu peux l'attendre ici, se met à dire Sarah, comme si c'était elle qui organisait tout dans la maison.

Quand elle partit, je me retrouvais seule avec sa mère, un peu mal à l'aise.

- Il est temps de boire un coup, commence-t-elle à dire.

Un peu étonné de ces paroles, je voulais lui détourner son attention. Mais mes mots ont dépassé ma pensée.

- Pourquoi ?

- Pardon ?, me fit-elle.

- Excusez moi, je ne voulais pas...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'elle m'interrompit.

- Je comprends, ne t'en fais pas ma petite. En fait, c'est... comment dire... ma bouée de sauvetage. J'aimerais arrêter vraiment, pour ma fille, pour mon fils, je sais que c'est difficile pour eux, mais même quand je me persuade de vouloir arrêter, je ne peux m'empêcher de prendre un verre, deux verres, ainsi de suite, parce que c'est le seul moment où je me sens enfin respirer normalement, sans que ce manque me prends les tripes.

Elle se mit à retenir ses larmes, je ne pus m'empêcher d'être touchée parce qu'elle venait de me dire,surtout que j'avais vraiment l'impression de la comprendre, qu'elle avait dit exactement ce que je ressentais par moment. Alors je la pris dans mes bras. Elle me serra fort et je pense qu'au fond,  ça lui faisait du bien.

- Merci, me dit-elle, tout en restant entrelacées.

Je sentais comme une libération dans son souffle et j'étais fière d'avoir aidé cette femme à se libérer de celui-ci, qui était, je suppose, coincé en elle depuis trop longtemps.

- Maman ? Ana ? Il se passe quoi ici ?




Jour de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant