21.

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- Je... Attends, ce n'est rien !, répondis-je choquée de ce qu'il venait de découvrir.

- Non Ana ! Ce n'est pas rien ! Putain, c'est pas vrai ! Pourquoi ?, crie-t-il maintenant. Pourquoi ? Regarde moi Ana !, il me prit le visage entre ses mains. Ne fait plus jamais ça ! S'il te plait plus jamais !

- Ne t'énerve pas Jordan, essayé-je de le calmer.

- J'ai de quoi !

Ses mains ne quittaient pas mon visage,il caressa mes joues de ses doigts, je sentis enfin l'inquiétude etla détresse dans ses yeux, comme s'il avait été touché au plusprofond de son être.

- Je suis désolée Jordan, je ne pensais pas que tu...

- Que je verrais ça ?, me dit-il, ses yeux n'ont jamais été aussi doux à mon égard.

Quelque chose se passait entre lui et moi, c'était officiel, notre relation avait complètement changé.

- Promets-moi Ana !

J'hésitais longuement, persuadée que j'y arriverais pas.

- Je te le promets, finis-je par lui avouer.

On était cette fois debout face à l'autre et me prit de nouveau sans ses bras.

- Je suis désolé pour tout ce que je t'ai fait Ana, c'est de ma faute ça.

Je me séparais de lui et cette fois,c'est moi qui prit son visage entre mes mains. Ses yeux brillaient et je crois que pour la première fois, depuis que je le connais, il se sentait terriblement mal et désolé de toutes ces années.

- Ce n'est pas toi, ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne, le rassuré-je.

- Arrête c'est faux, tu n'as jamais rien faire contre moi, au contraire.

- Non, non. Jordan écoute moi, ça !, fixant mes poignets, ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne ou si tu préfères c'est de la sienne, ce n'est pas toi !

- Je t'ai fait vivre un enfer, je ne vaux pas mieux que lui.

- Non arrête de penser cela, tu regrettes aujourd'hui n'est-ce pas ? Alors que lui, il ne s'en voudra jamais ! Ce que tu as fait n'est rien comparé à l'enfer qu'il m'a fait vivre. Ça fait trois ans, trois ans et il ne cesse de me hanter. Je...

- Attends, il t'harcèle depuis trois ans et personne n'a rien vu ? Ce n'est pas possible !

- C'est plus compliqué que ça Jordan.

- Explique moi.

J'avais enlevé mes mains de son visage quant à lui, il me caressait de nouveau le mien, en plus de mes cheveux, ces gestes de tendresse me faisaient tellement de bien, que lui confiait ce qu'il s'était passé n'était pas aussi dur.

- J'étais en troisième quand j'ai connu William. Il avait redoublé et n'étais pas dans la même classe que moi. Il a arrêté les cours au bout d'un mois à peine et je me suis mise à le fréquenter, mais en tant qu'ami tu vois, je rigolais bien avec lui mais sans plus, je n'ai jamais ressenti quoique ce soit pour lui, à part du dégoût, à présent. Une fois, une seule fois, il est venu me chercher au collège car je finissais avant, on est parti se balader le long du canal et ça a été ma pire erreur, j'avais confiance, enfin du moins j'étais naïve et je voyais le bien partout, je me suis jamais méfiée, c'est de ma faute.

Mes larmes se remettaient à tomber, Jordan les séchait aussi vite.

- Et il a essayé de...

- Non, il n'a pas essayé Jordan, il l'a fait, lui avoué-je après tant d'année où je me suis tue, c'était libérateur de le dire mais ancré à moi à jamais.

Jordan se recula, son visage changea ainsi que son regard qui devenait de plus en plus noir. Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai dit ? Je n'aurais pas dû. Voilà que la rage l'envahie de nouveau. Il regarda dans le vide puis partit.

- Jordan !, crié-je derrière lui.

Il ne se retourna pas, il continuait son chemin me laissant seule. Je me suis lancée à sa poursuite pour le rattraper. Puis m'arrêtai pour lui lancer :

- Je t'en prie ! Ne me laisse pas seule ici !

Il s'arrêta enfin, mais se retourna que quelque minutes après. Il ne bougeait plus alors je me suis remise à marcher vite vers lui, jusqu'à courir.

Arrivé devant lui, je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Je le regardais et des larmes coulaient sur ses joues. BORDEL! Jordan était en train de pleurer. C'était à mon tour de les sécher.

- Jordan ?

- Je suis vraiment désolé.

- Mais non, Jordan, ce n'est pas toi.

- Embrasse moi.

- Quoi ?, surprise ce qu'il me demande, je crois rêver.

- Embrasse moi où je crois que je vais faire une connerie.

Je crois que c'est le meilleur chantage que j'ai entendu de ma vie. Je n'ai pas attendu plus d'une minute pour poser mes lèvres contre les siennes. Je crois qu'au final,Jordan ne s'y attendait, vu la réaction de son corps, qui a doucement reculé. Il mit ses mains au niveau de mon cou, caressant ma mâchoire de ses doigts et continua le baiser. Quand nos lèvres se séparèrent, son regard était le plus doux que je n'avais jamais vu. Ses caresses étaient une merveille. Je crois que malgré toutes les émotions ressentis par rapport à cette histoire, aujourd'hui était le plus beau jour de ma vie.

Jour de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant