Plusieurs jours passèrent durant lesquels Regina et Emma ne se parlèrent presque pas, au grand désespoir de Henry. Regina était blessée, elle avait eu tellement mal d'avoir été rejetée aussi violemment après avoir passé une telle nuit... Toutefois, elle voulait parler avec Emma de ce moment qu'elles avaient toutes les deux apprécié, afin d'évacuer le malaise, mais elle n'osait pas, voyant qu'Emma, elle, était toujours perturbée et furieuse contre elle-même et ne souhaitait pas en parler. En effet, elle n'était pas encore prête.
Toute la ville avait remarqué ce changement de comportement entre les deux femmes mais personne ne relevait, si ce n'est leur propre famille. Henry était attristé. Il voulait aider ses mères mais ne savait pas comment s'y prendre. De même pour Snow et surtout David, qui commençaient à se poser tout un tas de questions.
Regina vivait de façon presque automatique. Elle se levait tous les matins à la même heure, s'habillait et mangeait machinalement, puis elle prenait sa voiture et se rendait à la mairie, en milieu d'après-midi, elle quittait le bureau et passait prendre Henry au lycée, afin de passer du temps avec lui. Le soir, elle faisait à manger, allait prendre une douche, puis allait se coucher. Elle ne laissait place à aucune fantaisie et ses seuls moments de bonheur étaient avec son fils.
Emma s'était mise à fonctionner quasiment de la même façon, à la manière d'un robot qui avait été programmé pour vivre les mêmes journées. Mais après avoir passé plusieurs jours à fond dans le travail, essayant de ne penser à rien d'autre qu'au bien-être de la ville et de Henry, la blonde craqua. Ses sentiments reprirent le dessus et les révélations de Belle lui revinrent en pleine figure. Elle s'assit au bureau de shérif, passa ses mains dans ses cheveux de chaque côté de sa tête et se mit à pleurer. Elle resta là quelques minutes à vider toute l'angoisse et l'incertitude qui l'assaillaient depuis des jours. Une main se glissa dans ses cheveux et elle sentit David s'accroupir à côté d'elle.
- Emma, qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il, inquiet.
- J'ai totalement déconné, sanglota-t-elle. Papa, je ne sais plus quoi faire... Elle le regarda. Je ne peux pas te dire ce qui s'est passé mais je suis totalement perdue...
Il la prit dans ses bras et se mit à la bercer pour essayer de la consoler un peu. Il la serra fort, comme il aurait aimé le faire durant les 28 premières années de sa vie... Il voulait rattraper le temps perdu et se faire pardonner, même s'il savait qu'Emma leur avait pardonné depuis longtemps. A présent, une question lui brûlait les lèvres et il se risqua à la lui poser.
- Est-ce que... ça a un rapport avec Regina ?
Ses sanglots reprirent de plus belle, ce qui répondit à la question de son père.
- Tu sais, je comprends qu'il y ait des choses que tu ne veuilles pas nous dire, chacun a son jardin secret et certaines choses sont mieux lorsqu'elles restent secrètes, la rassura-t-il d'une voix douce. Mais, Emma, nous sommes inquiets pour toi. Cela fait presque une semaine que tu n'agis pas normalement, on dirait que tu as été remplacé par un robot... Si tu vas mal, pourquoi n'irais-tu pas voir Archie ? Je pense que l'aide d'un psychiatre pourrait t'être bénéfique, tu ne peux pas tout garder enfermé en toi si cela te détruit.
- Je... Merci de me comprendre, balbutia Emma. Tu as raison, je n'y avais pas vraiment pensé, je devrais peut-être aller prendre un rendez-vous...
David sourit. Pour une fois que sa fille l'écoutait... Il se releva et lui tendit la main pour l'aider à se lever à son tour.
- Tu as assez travaillé dernièrement, vas-y, je prends le relais, déclara-t-il.
Emma le remercia à nouveau, prit sa veste et sortit. Hésitante, elle finit tout de même par se diriger à pied vers le cabinet du Dr Hopper, alias Jiminy Cricket.
La shérif était assise sur un canapé dans le cabinet d'Archie, ce dernier se tenant en face d'elle et l'écoutant. Elle avait réussi à avoir un rendez-vous en fin d'après-midi. En voyant sa mauvaise mine, le psychiatre lui avait tout de suite accordé le créneau qu'il gardait pour les urgences, c'est-à-dire à l'heure à laquelle il était censé finir sa journée. Cela faisait quelques minutes qu'il écoutait patiemment sa patiente et la guidait pour exprimer ce qu'elle ressentait, ce qui prenait un peu de temps.
- Il n'y a rien de mal à cette attirance que tu ressens, Emma, tu sais. Et si tu penses que Regina ressens la même chose, alors... chercha-t-il ses mots, alors vous devez en discutez. Ça pourrait être une bonne idée.
Emma voulait lui faire comprendre qu'il s'était passé quelque chose mais ça la bloquait tellement qu'elle ne s'approchait même pas du sujet. Elle se dit que le Docteur ne pouvait pas deviner tout seul ce qu'elle voulait dire alors elle prit son courage à deux mains et se lança.
- Archie... Ce que j'essaie de dire, commença-t-elle d'une voix prudente en baissant les yeux sur la table basse, c'est que, ce soir-là, Regina et moi... avons couché ensemble.
Il arrêta tout geste et regarda Emma, décontenancé. Ses lèvres formèrent un "o".
- Je vois, répondit-il, remettant machinalement ses lunettes en place.
- Ne le dis à personne, s'il te plaît, supplia presque Emma, qui oubliait que l'homme était soumis au secret médical.
- Ce n'est pas dans mes intentions, je suis là pour t'aider, pas pour raconter ta vie à tout le monde... C'est donc pour ça que tu es venue me voir ?
- Oui, je me sens coupable et en même temps, j'ai envie de recommencer... Je ne sais pas ce qui se passe. Il y a quelques jours, j'étais encore insensible aux... avances qu'elle me faisait... à ses charmes...
- En es-tu certaine ? Vois-tu, je suppose que tu sais déjà certaines des choses que je vais te dire mais quelquefois, il arrive que nous soyons complètement aveugles à des sentiments, des émotions que l'on ressent, parce qu'inconsciemment, nous pensons que c'est mal, se mit-il à expliquer. Notre Sur-Moi, comme l'appellerait notre ami Freud, prend le dessus et nous n'avons pas conscience du fait que c'est en nous, on le refoule. Et puis, un jour, quelque chose déclenche un déclic et tout ce que nous avons essayé de cacher à nous-mêmes remonte indéniablement à la surface. Pour certaines personnes, ça peut être destructeur. Pour d'autres, c'est révélateur, cela leur fait comprendre beaucoup de choses qu'ils ne comprenaient pas avant et ils décident d'accéder pleinement à leurs désirs. D'autres encore, et dis-le-moi si je me trompe, mais je pense que c'est ton cas, veulent à tout prix enfermer à nouveau cette "révélation" afin de ne pas blesser leur entourage ou une personne en particulier. Réfléchis-y.
Emma semblait choquée des mots que venaient de prononcer l'homme à qui elle venait de se confier. Ceux-ci avait été tellement puissant, ils avaient réveillé en elle quelque chose de profond, comme s'ils étaient aussi magiques que la ville dans laquelle ils vivaient. Archie était un magicien. Un magicien de l'inconscient. Il trouvait toujours les mots justes, sans blesser qui que ce soit. La jeune blonde savait ce que ça voulait dire, mais elle était toujours trop perturbée pour l'accepter.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas...
- Je pense que si, tu comprends. Je peux t'aider à le voir.
Elle savait qu'il avait raison. Elle réfléchit quelques instants, le temps de tout mettre en ordre dans son cerveau puis ne put qu'accepter la vérité.
- Je crois que... je me sens coupable parce que Killian est un homme adorable, il a fait beaucoup de choses pour moi et je l'aime beaucoup. Mon amour pour lui est sincère. Mais je ne culpabilise pas parce que je l'aime, je culpabilise parce que je ne veux pas le blesser, il l'a trop été dans sa vie... Mais je... j'aime Regina plus que je ne l'aime lui, avoua-t-elle, d'une voix faible.
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The Swan is a Hot Animal
Fanfiction[EN PAUSE] Deux ans après leur mariage, Emma et Killian sont en proie à des doutes concernant leur couple. Regina tourne autour d'Emma, qui n'est pas si indifférente qu'elle le laisse paraître. Après avoir ramené une inconnue à son peuple, Killian...