Chap. 36 : Une vision plus nette

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Les vampires ne nous rattrapèrent pas, alors meme que nous pénétrions dans le centre de la capitale. Or, bien que nous utilisions la Marque de la vitesse, ils auraient dûs nous avoir rattrapé depuis longtemps. La fatigue me broyait les jambes mais je tins bon. A chaque fois que je ralentissais malgré mes efforts. Sébastien me donnait l'impulsion necessaire pour que je reprennes la cadence. Nous allions vite. Les maisons defillaient, sans que nous ne croisions ame qui vive. Je devinais que mon père avait fait passé le mot aux habitants pour qu'ils s'enferment. Un silence de mort regnait, seulement brisé par les cognements sonores de mon cœur à mes tympans. J'étais tendue au possible. Je sentais dans chaque cellule de mon corps que la partie n'était pas gagnée, loin de là. Une armée avait été annoncée et pourtant, nous n'avions vu que des vampires, moins nombreux que je ne l'aurais crus. Ensorcelés qui plus est. Ils n'étaient pas conscients de ce qu'ils faisaient. Et j'en avais tué un. J'avais tué un innocent. Je tentais en vain de repousser cette idée, ce n'était pas le moment pour craquer et pourtant, la vision de ses yeux vides revenants vivants à nouveau pour ensuite redevenir immobiles tournant en boucle dans ma tete. Mais je ne devais pas y penser. Pas maintenant. Pas alors que mon instinct me hurlait qu'un danger imminent allait se mettre sur notre chemin. Comme pour me donner raison, un bruit de déchirement retentit non loin, comme celui que j'avais entendu un peu plus tot avant que n'en émerge le corps sans vie de l'espion de Carl. Les gardiens autour de moi s'arretèrent et je fis de meme, encerclés par mes amis en position de défense.

-Je crois que nous avons de la visite, lâcha Sébastien en designant de la pointe du poignard qui siégait dans sa main une petite ruelle sur notre gauche.

En effet, l'air semblait onduler et je devinais qu'un portail allait se former, le meme portail que j'avais vu se former devant l'auberge, semblant ne mener qu'au néant, bien loin des portails lumineux des Gardiens. Aussitôt, l'air se déchira, laissant place a une fissure sombre et mouvante. J'eus à peine le temps de me saisir de mon révolver qu'un cri plus qu'animal qu'humain résonnait de l'autre coté de la brèche, juste avant qu'en émerge un Damné. Tremblant sur ses jambes, le visage balafré de veines noiratres et les yeux fous, il fit quelques pas vers nous. Son cri résonna à nouveau mais cette fois ci de nombreux autres lui firent échos juste derrière. La peur arreta mon cœur ne seconde avant qu'il ne reparte dans sa course affolée.

-Vas y, Laia, on les retient, me jeta Bridgess en me poussant vers la grande rue, a l'opposé des Damnés qui sortaient un à un du portail, grondant sourdement comme des fauves.

-Non ! Protestais je vainement. Vous ne les affronterez pas seuls ...

-Ils ne sont pas seuls, Yelaiah, fit une voix familiere dans mon dos.

Je pivotais sur mes talons et découvris avec surprise le General des Gardiens, affublé d'un véritable bataillon de soldats armés, l'air déterminés. J'allais bafouiller que je voulais aider mais d'un signe rapide de la tere, le grand homme ordonna à Tobias de m'éloigner. Sachant que toutes protestations seraient vaines, je suivis le Gardien qui me tira durement dans l'allée. Il reprit la course alors que je ne cessais de jeter des regards inquiets en arriere.

-Ils s'en sortiront, ils y sont entrainés, bien plus que toi.

J'allais donner raison au chef de l'élite mais je me mis a douter lorsque la masse de Damnés chargea le bataillon. Je perdis aussitôt Bridgess, Sebastien et le General de vue. Adressant une priere silencieuse aux Anges, je suivis Tobias qui semblait me mener au Siege de l'Ordre. L'immense tour s'élevait parmis les batisses colorées, presque menaçante. Je sursautais lorsqu'un cri resonna juste derriere moi et me jetais juste a temps sur le coté pour que la Damnée me manque de justesse de ses mains aux ongles noirs. Tobias lui tira aussitôt une balle dans la tete, sans hesiter une seconde et s'en ciller. L'odeur forte et métallique du sens me parvint et je m'éloignais, tremblante, realisant que d'autres nous poursuivait. Ceux que le bataillon ne parvenait pas a retenir nous poursuivait. Tobias me saisit par le poignet et me tira vers la grand tour, lâchant avec son éternel air impassible :

ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant