Chap. 46 : Museler son cœur.

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J'émergeais lentement, priant aussitôt pour me rendormir tant ma tête me faisait souffrir. Mais le soulagement me gagna en réalisant que c'était une douleur sourdre, un bon vieux mal de crâne. Je repris peu à peu possession de mon corps qui me paru lourd et mon cœur s'emballa dangereusement quand je réalisais que le sol sous lui n'était ni mou ni froid. Je n'étais plus sur la neige ! Je tentais d'ouvrir les yeux mais le fin rayon de lumière qui perça mes paupières accru la douleur battant sous mon front. Je gémis doucement, une seule question tournait en boucle dans mon esprit fatigué : Où est Sam ? Je crus avoir la réponse à mon interrogation lorsque j'entendis des pas, résonnant sur ce qui semblait être de la roche. Mais les pas étaient bien trop légers et un élan de panique me submergea. Ignorant la douleur, j'ouvris grand les yeux. Je fus dans un premier temps éblouie par une lumière dont j'assimilais la couleur flamboyante à un feu de camp, puis ma vision se stabilisa. Inquiète, je jetais des regards aux quatre coins de la pièce. Elle était assez étroite, avec des murs de pierre, dont la régularité prouvait qu'ils avaient été poncés, ce qui les rendaient presque lisse. Chacun d'entre eux avait été creusé pour fabriquer des étagères où étaient entreposés des tas d'objets, dont énormément de bocaux au contenu mêlant plantes, roches et éléments naturels de tout genres. Mais ce qui retint mon attention fut les nombreuses pierres et cristaux, allant du quartz rose aux aigues marines en passant par de magnifiques roses des sables. Le feu de camp allumé au centre de la pièce projetait sur eux sa lumière, créant ainsi des reflets étonnants qui accaparèrent mon attention pendant de longues minutes. L'odeur de bois brûlé et de suie qui me rappelèrent la cheminée de l'Auberge, me rassurant instantanément. Je baissais ensuite les yeux sur l'endroit où j'étais allongée, le petit lit de camp faits de divers branchages et tissus termina de me sidérer. Où avais-je atterris ?

Je sursautais en détectant un mouvement à l'orée de mon champ de vision, faisant d'une même fait sursauter la petite fille qui venait de sortir de l'ombre. Je l'observais longuement, me forçant de me détendre le plus possible tout en m'asseyant sur la couchette. C'était une jeune fille d'une dizaine d'années, aux cheveux d'un rose pâle surprenant, avec un visage aux traits fins et délicats où naquit un sourire timide. Je le lui rendis aussitôt et elle s'avança plus près, me permettant de voir qu'elle tenait un bol fumant entre les mains. Je le pris lorsqu'elle me le tendit et la consultais du regard en respirant l'odeur forte mais alléchante du bouillon. Obéissant à son geste se voulant encourageant, je bus une longue gorgée, puis une autre et une autre. La chaleur du breuvage m'apaisa aussitôt et son goût épicé et sucré à la fois ravi mes papilles. Quand j'eus avalé la moitié du bol en terre sous l'œil satisfait de la jeune fée - car j'avais deviné qu'il s'agissait là d'une fée, même si ses ailes étaient camouflées - je déclarais d'une voix rauque qui me fit grimacer :

- Merci beaucoup. Comment t'appelles-tu ?

- Maïwenn, répondit elle avec un large sourire. Vous vous sentez mieux, mademoiselle ?

- Appelles moi Laïa, m'empressais je de rectifier. Et je vais bien, grâce à ton bouillon ...

Je souris, amusée, lorsque Maïwenn éclata d'un rire cristallin. Elle secoua la tête, laissant des longues mèches rose pâle glisser devant son visage, sans cesser de sourire et déclara :

- Ce n'est pas un bouillon. C'est du nectar sacré coupé avec de l'eau.

- Oh, m'écriais je en baissant un regard neuf sur mon bol où j'admirais son contenu à l'odeur si spéciale et où je discernais désormais des reflets rosés dans l'eau trouble.

Le nectar sacré était la source de la survie des Fées. Avec quelques végétaux, elles ne se nourrissaient que de ça. Le liquide aux facultés si spéciales n'était fabriqué qu'à la Montagne Blanche et il était très rare pour quelqu'un qui ne faisait pas partit de leur peuple d'avoir la chance d'en goûter. Puis, réalisant que c'était probablement là où je me trouvais, je relevais les yeux vers Maïwenn qui n'avait pas cessé de m'observer et demandais :

ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant