Chapitre 9 : Le Départ

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Je me réveillais avant l'aube, le ciel pâlissait à l'horizon. Un sourire naquit sur mon visage encore bouffi de sommeil. J'y étais. C'était aujourd'hui, c'était le grand jour. La veille, le repas festif s'était terminé dans la bonne humeur, j'avais dis au revoir aux personnes que je côtoyais depuis plus ou moins longtemps. Mon coeur s'était serré quand était venu l'heure de prendre dans mes bras les enfants, mais ils n'y avait pas eu de crise de larmes, je doutais qu'ils aient réellement compris que je ne partais pas juste pour l'une de mes balades quotidiennes.

Je jetais un coup d'œil à ma chaise de bureau où patientait mon sac à dos. Sans trop savoir quoi emporter, j'y avais fourré quelques tenues pratiques pour diverses températures ainsi qu'un cadre qui contenait une photo de ma famille au complet et une de ma petite sœur toute seule au cas où se serait utile. Sans plus attendre, je bondis hors de mon lit. Après une toilette méticuleuse, j'enfilais ma tenue si semblable à celles des Gardiens qui devaient sûrement se préparer dans les chambres d'à côté. Je nouais mes cheveux mouillés en queue de cheval et attrapais avec délicatesse le collier que ma Grand mère venait de m'offrir. C'était une superbe chaîne en or blanc où était attaché un pendule en véritable aigue-marine d'un magnifique bleu turquoise. Il absorbait la lumière de ma lampe et créait de beaux reflets, c'était époustouflant. Je l'adorais. Je l'accrochais autour de mon coup avant d'empoigner mon sac et de sortir sans un regard en arrière. Je faillis percuter l'Armoire en glace qui sortait lui aussi de sa chambre, tout près de la mienne. Il m'esquiva agilement en souriant et levant les mains en signe de protection :

- Doucement ! Pas la peine de m'attaquer... Je ne suis pas Carl !

Je me retins de rire de peur que l'intéressé ne nous entende. Je fronçais les sourcils en réalisant qu'il était le seul dont je ne connaisse pas le nom. Comme s'il lisait dans mes pensées :

- Sébastien. Je m'appelle Sébastien.

- Ok. Moi, c'est...

- Yélaiah MerryWeather, me coupa t'il avec un sourire en coin. Le Général nous a dit.

Prise de court, je m'avançais vers les escaliers où je m'engageais en lançant derrière moi :

- C'est Laïa.

J'arrivais au rez de chaussée en même temps que ma Grand mère, accompagnée de Lewis. La vieille femme me détailla avec fierté avant de me caresser le visage, les yeux posés sur son cadeau. Elle déclara alors tristement :

- Je dois m'occuper de l'Auberge donc je ne vais pas pouvoir rester avec toi jusqu'à ton départ mais je te ferais signe et je suis de tout cœur avec toi, mon ange.

- T'inquiète pas Grand mère tu en as assez fait ! répondis je en la serrant dans mes bras.

Déjà, elle déposa un baiser sur mon front et s'éloigna. Lewis vint alors passer un bras autour de mes épaules en me lançant une pomme que je rattrapais au vol avant de croquer dedans. Mais on ne restait pas longtemps seuls car Bridgess passa la porte. Elle posa ses yeux noisette sur moi et avança de sa démarche élégante et déterminée. Ses cheveux blonds étaient tressés, se qui lui donnait un air raffiné. Elle me demanda :

- Tu es prête ?

- Oui, répondis je aussitôt.

- Parfait. Et... Est ce que tu as une monture ? Nous partons toujours à cheval.

Déstabilisée, je ne sus pas quoi répondre. Mais Lewis me devança :

- Elle en aura un.

- Parfait, répéta la Gardienne sans lui accorder un regard ni me lâcher des yeux. Nous partons au lever du soleil, ce qui ne va pas tarder.

Sans me laisser le temps de répondre, elle grimpa l'escalier. Je me tournais alors vers moi meilleur ami et m'écriais :

- Mais je n'ai pas de cheval ! Je vais toujours en ville à pieds...

- Il est évident que je ne compte pas laisser ma meilleure amie partir seule avec des inconnus armés dans une protection en plus ! répliqua t'il fièrement. Tu pars avec Apache.

- Quoi !? Mais c'est ton cheval depuis qu'on l'a acheté ! Je ne peux pas.

Il haussa les épaules et m'entraina à l'extérieur sans cesser de sourire.

- Tu n'as pas le choix, lâcha t'il.

Je soupirais mais je lui étais si reconnaissante que je n'eus pas le courage de protester. Je le suivis jusqu'aux écuries et m'agitais nerveusement quand j'y reconnus la carrure de Carl, occupé à panser un grand cheval noir. Heureusement, Tobias sortit d'un box, suivit de près par une monture plus petite d'un gris sombre. J'admirais l'obéissance de leurs chevaux qui les suivaient sans qu'ils n'aient à donner d'ordre. Le Gardien me remarqua et déclara d'une voix impassible qui semblait le définir :

- Le Général a préparé lui même ton cheval. C'est une belle monture, elle tiendra facilement la route.

J'acquiesçais, ignorant le regard méprisant de Carl. Décidément, il ne m'aimait pas beaucoup celui là ... Je marchais vers Apache et caressais sa magnifique robe pie, mêlant le brun au blanc. Je lui tendis le reste de ma pomme qu'il englouti sans demander son reste. C'était une vrai perle, Lewis l'avait dressé à la perfection. J'avais l'impression de le lui voler. Mais mon meilleur ami s'avança à son tour et me dit avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas :

- Je compte sur toi pour faire attention. Ne prend pas de risques... Ok ?

- Je suis toujours prudente, le taquinais je.

Il ne rit pas à ma blague et me prit dans ses bras. Surprise, je mis quelques secondes avant de l'étreindre à mon tour. La voix cassante de Carl brisa le moment lorsqu'il lâcha :

- On a pas toute la journée, la citadine.

Je serrais les dents et m'éloignais de mon meilleur ami qui me sourit avant de s'éloigner. Je déglutis, comprenant qu'il s'agissait là de son au revoir. Ne pas les voir, ni lui ni ma grand mère serait douloureux. Je fusillais Carl du regard, lui arrachant une moue méprisante. Sébastien et Bridgess arrivèrent alors et je m'enquis :

- Où est le Général ?

- Il est déjà parti, répondis simplement Bridgess en s'avançant vers son propre cheval qui patientait calmement un peu plus loin.

Perplexe, je me tournais vers Sébastien en priant pour que lui, il accepte de m'expliquer. Il me sourit franchement, comme si nous étions amis depuis longtemps et me dit :

- Le Général est parti en avance parce qu'il allait voir ton père en ville.

Je me contentais de hocher la tête, commençant à redouter la réaction de se dernier. Sébastien grimpa souplement sur sa propre monture et je me tournais vers Apache. J'avais appris à monter très tôt mais cela faisait très longtemps que je ne m'y étais pas attelée ! La voix du Gardien résonna dans mon dos, amusée :

- Besoin d'aide, Princesse ?

Sans lui jeter un regard, je glissais mon pieds dans l'étrier et me hissais en selle. Pas trop mal, Apache ne protesta même pas. Tobias déclara alors :

- Allons y. Direction Neptune.

D'un coup de talons, il lança l'expédition. Il avançait en tête, Bridgess et Sébastien le suivaient côte à côte, et Carl fermait la marche derrière moi. Lorsqu'on sortit des écuries, je fus éblouie par la vive lumière du soleil levant. Je souris en pensant à ma mère. Aurait-elle approuvée ?

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