Chapitre 8 : A un pas de l'avenir

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Aussitôt libérée du poids du manque de temps, je filais rejoindre Lewis. Ne le trouvant ni en cuisine, ni derrière le bar, je fronçais les sourcils. Tati descendit alors l'escalier de service et marcha vers moi en souriant de toutes ses dents. Je souris à mon tour, amusée par son allure bondissante comme celle d'une enfant. Elle me dit alors :

- Lewis m'a tout raconté pour ta sœur, Laïa... Je ne savais pas ! J'ignore si ma mère est au courant mais elle ne m'en a jamais rien dit. Je suppose que, vu qu'il y a tout un escadron de Gardiens à l'Auberge, tu vas les aider dans les recherches. J'ai raison ?

- Oui, répondis-je simplement, touchée.

- C'est quand même génial qu'ils continuent d'enquêter 5 ans plus tard ! Pour moi, ça prouve que ta sœur est importante aux yeux de ces gens !

J'acquiesçais sans trop y penser. C'était surtout parce que je continuais d'espérer que mon père n'abandonnait pas et ne demandait pas à ses Gardiens d'en faire de même... J'allais prétexter devoir me rendre auprès de ma Grand-mère lorsqu'elle déclara :

- Oh, suis-je bête ! Lewis te cherchait, il t'attend dans ta chambre.

Je la remerciais rapidement et m'éclipsais, impatiente de parler à mon meilleur ami. J'espérais sincèrement qu'il ne serait pas blessé par mon départ, même si je savais au fond de moi qu'il accepterait mon choix et m'encouragerait. Je gravis les escaliers le plus vite possible et déboulais comme une flèche dans ma chambre. Lewis était bien là, avachi sur mon lit, lisant ou plutôt faisant semblant de lire un gros livre sur les sciences occultes. Un sourire idiot naquit sur son visage quant il me vit, tellement contagieux que je l'imitais aussitôt. Refermant la porte, je m'étalais de tout mon long à côté de lui. Il posa le livre et pivota vers moi, un air faussement sérieux sur le visage. Il commença alors :

- Après la mort de mes parents, ta grand-mère m'a accueillit à bras ouvert. Toi aussi, tu l'as fais. Presque tout de suite, je vous ai aimés toi et Asaliah, comme les propres sœurs, ta grand-mère comme si c'était la mienne.

- Lewis, je... commençais-je, la gorge noué, ayant soudainement l'impression de l'abandonner.

- Laisse moi parler s'il te plaît. Quand Asi a disparue, j'avoue avoir eu peur qu'on ne la retrouve jamais. Mais chaque jour tu m'engueulais et on se disputait toi et moi car toi, tu n'as jamais perdu espoir... Et ça fait 5 ans, Laïa. 5 ans que tu attends la possibilité de prouver à tous qu'il est encore possible de découvrir ce qu'il lui est arrivé. J'ai foi en toi, je sais que tu y arriveras. Avec toutes les ressources dont disposent les Gardiens, c'est impossible que tu n'y parvienne pas !

Je ris de bon cœur. C'était vrai. Avec la magie et les capacités des Gardiens avec moi, comment échouer ? Cependant, je ressentais un pincement au cœur à l'idée de le laisser derrière moi alors je demandais :

- Tu sais que je t'aime, hein ? Je reviendrais vite ! En attendant... Garde un œil sur Tatiana pour moi...

- Ferme la, veux-tu ! Et moi aussi je t'aime.

Il me poussa et on éclatait de rire. J'étais prête à parier que, lorsque je reviendrais, ces deux là seraient ensemble et prêt à se marier ! Personnellement, j'en serais ravie ! La discussion dériva et on restait là, ensemble comme toujours, à rire de tout et de rien. Ces moments de calme et d'insouciance allait cruellement me manquer... Mais il approuvait et c'était le principal !

Plus tard, lorsque je jetais un coup d'œil par la fenêtre, je réalisais alors qu'il faisait nuit. Nous avions passé la journée à nous esclaffer ! Mon ventre grogna alors et celui de Lewis lui fit écho. Hilare, on se levait dans l'espoir que ma grand-mère nous ai concocté un bon petit plat. Dévalant les marches, je souriais comme jamais. Je me sentais apaisée, prête à faire le pas qui déterminerait à coup sûr le reste de ma vie. Mais en descendant la dernière marche pour arriver dans le coin restaurant, je sus que quelque chose était anormal. La pièce était silencieuse, aucun signe des enfants gesticulant et brayant à tout vas, aucun rire ni aucune discussion bruyante. J'échangeais un regard perplexe avec mon meilleur ami avant de pénétrer dans la pièce. Là, ma bouche s'ouvrit toute seule et je restais figée alors que des rires fusaient de toutes parts devant ma mine effarée. Là, assis à chaque table, étaient installés tous les clients réguliers de l'Auberge. Mais une dizaine de plats trônaient sur une longue table servant de buffet, les verres de cristal fraichement astiqués reflétaient la douce lumière des chandeliers, les vieilles assiettes rudimentaires avaient été remplacés par les plats élégants que l'on ne sortait qu'aux fêtes... Je demandais alors, dans la plus grande incompréhension :

- Qu'est-ce qu'on fête exactement ?

Ma grand-mère sortit alors de l'ombre avec un grand sourire affectueux. Elle avait troqué son éternel tablier tâché de sauce pour une tenue plus festive. Elle s'écria en venant m'étreindre brièvement :

- On fête ton dernier repas ici avec ton départ, mon ange ! J'ai prévenu tout le monde que tu partais demain dès l'aube avec les Gardiens, et ils ont insisté pour t'organiser ceci. Je n'ai quasiment rien fait, si ce n'est la nourriture !

- Vraiment !? Me... Merci ! bégayais-je, émue par cette attention.

Les rires reprirent et Lewis se joignit à eux. Je lui jetais un regard suspicieux auquel il répondit par un sourire taquin. Il était au courant, le fourbe ! Sans plus attendre, je laissais Grand-mère m'entraîner parmi les tables. Cette fois, ce fut des "Bonne chance !", des "Tu as de quoi être fière !" ou encore des "Tu atteindras ton but !" qui résonnèrent à mon passage. Un sourire ravi plaqué sur les lèvres, je les remerciais. Cependant, je me doutais que ma grand-mère n'avait pas évoqué la réelle raison de mon départ, mais ça ne changeait rien et j'en étais heureuse. La vieille femme me guida jusqu'à la grande table qui trônait au milieu des autres. Une quantité considérable de plats y avaient été déposé. Il n'y avait que mes plats préférés. Nos amis les plus chers, à ma grand mère et à moi, y étaient installés. Lorsque je m'approchais, le seul couple de sorciers se tourna vers moi. Mon sourire s'élargit, c'était de loin les deux locataires dont j'étais le plus proche. Cécile me prit dans ses bras en souriant à son tour, et je lui rendis son étreinte. C'était une belle femme aux cheveux blonds et aux yeux clairs. Sa Marque était discrète mais particulière, il s'agissait de tâches écailleuses sur sa peau, qu'elle camouflait à la perfection. Elle me murmura :

- Fais attention à toi, surtout.

- Vous aussi ! Répondis je en reculant.

Émilie bondit de table et vint enlacer ma taille de ses petits bras, levant vers moi ses yeux de chats. À son âge, elle ne savait pas encore les cacher. Je lui souris tendrement en lui caressant la tête avant qu'elle retourne avec ses parents. Lewis surgit alors à mes côtes et m'encouragea à aller m'asseoir en bout de table, où il me suivit. C'est alors que je remarquais avec stupéfaction le Général et ses quatre Gardiens installés non loin. Le Général se leva à mon arrivée et déclara :

- Il n'est pas dans mes habitudes de participer à se genre de ... Décontraction. Cependant, je suis celui qui t'arrache à ton quotidien et donc, je me dois de te laisser assimiler la nouvelle en famille.

- Merci Général !

Je souriais de toute mes dents, ignorant le regard agacé de Carl. Je m'assis près de ma Grand-mère mère et de Lewis qui s'écria alors :

- À table !

On se jetait littéralement sur la nourriture délicieuse de ma grand mère. Le repas se poursuivit longtemps, dans une ambiance festive et joyeuse. Même les Gardiens semblaient l'apprécier ! Je profitais à fond de ce moment réuni avec tous le monde car je me doutais que je ne les verrais pas avant un long moment...

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