Chapitre 15 - Le Loup dans la Bergerie

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Il se tenait là en haut des escaliers tels un rêve alors que je lui fonçais dessus, chevauchant les marches deux par deux en criant de joie.

« AAAAAAAAH ! »

Je remontais les marches une à une à toute vitesse, jusqu'à arriver à sa hauteur et lui sauter littéralement dans les bras. Son rire envahit mon oreille pour réveiller tout mon être, il était revenu et se tenait devant moi. J'avais encore du mal à réaliser.

« À une seule condition ! » lui demandais-je.

« Laquelle ? » répliqua-t-il ses beaux yeux dorés qui m'avaient tant manqués dans les miens.

Avant qu'il n'ait le temps de me répondre, les normes et conventions sociales se rappelèrent à moi. Alors que je me rendis brusquement compte de la proximité soudaine que mon geste spontané avait entraînée. Je pouvais sentir son regard pesé sur moi semblant essayer de sonder le plus profond de mon âme, ses lèvres à seulement quelques centimètres des miennes, et ces mains qui me retenaient par les fesses... Si j'avais voulu être plus lisible, je n'aurais pas fait autrement.

« Il est hors de question que je sois le petit chaperon rouge ! » lui assurais-je en tentant de reprendre un peu d'assurance.

« Tu brises un rêve, j'espère que tu le sais ? » me répondit-il d'un ton dramatique.

Je me mordis l'intérieur de la joue face à ce regard étoilé, ces pommettes saillantes laissant largement apercevoir sa cicatrice. Poussée par un élan de curiosité je me passionnais soudain pour cette marque. Mon doigt l'effleura du début à la fin comme pour essayer de la faire disparaître d'un geste. Je pouvais sentir le regard bienveillant de Luke sur moi. Et soudain le stress monta parce que je voulais faire quelque chose, mais s'il refusait ? L'appréhension. Après tout il est parti un mois... Le déni. Peut-être que les choses ont changé... Et enfin l'abandon de soi. Tant pis pour mon honneur et mon intégrité. Je me penchais vers son oreille pour lui chuchoter :

« Tu auras d'autres occasions de le voir j'en suis certaine... »

Je laissais traîner ma joue à la sienne en glissant lentement jusqu'à ses lèvres étirées par un grand sourire. J'y déposais un doux baiser qui devînt finalement l'expression même de notre manque durant ce mois entier. Beaucoup plus bestial et comme animée d'une passion croissante. Une de ses mains quitta mes fesses pour remonter le long de mon dos et s'enrouler autour de ma queue de cheval. Il exerçait une pression constante pour me garder près de lui et toutes mes inquiétudes disparurent comme par magie.

« Tu... n'as pas... cours ? » me demanda-t-il entre deux baisers.

« Oooooh » soufflais-je en me penchant dramatiquement en dehors de ses bras comme si j'allais mourir.

Il me laissa doucement retomber au sol en riant et je regrettais presque immédiatement notre proximité à peine retrouvée.

« On se voit ce midi » me glissa-t-il dans l'oreille en embrassant délicatement mon cou.

J'acquiesçai un sourire béat sur les lèvres en descendant l'escalier. Mes cours passèrent à une vitesse affreusement lente. Je regardais ma montre toutes les minutes quasiment si ce n'est pas moins. J'étais complètement ailleurs en dehors de mes pompes, mais heureuse. Mes élèves profitèrent de mon manque d'attention envers eux pour se dissiper et discuter. Ce que quand le volume sonore devenait insupportablement haut que je haussais le ton. Une chose est sûre, je ne révolutionnerais pas l'éducation aujourd'hui. Quand midi sonna enfin un soupir de soulagement m'échappa tout en accompagnant les derniers élèves à la porte que je pris soin de fermer derrière moi vers 12 h 30. J'allais avancer vers le réfectoire, mais tombais nez à nez avec un groupe d'élèves. Devant mes yeux ébahis, une scène des plus méprisante se passa devant moi. Des élèves de 4e année s'en prenaient encore et toujours à Pete.

Luke Jackson et la malédiction du LycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant