Luke Jackson et la malédiction du Lycanthrope

Chapitre 13 - Des Réponses Brûlantes

Un appel micro demanda à Cara de venir dans ma classe pour un livre oublié, mais en fait il n'en était rien. J'avais les fesses posées contre le bureau et les bras croisés quand elle entra. Son air guilleret et ouvert se transforma soudain en inquiétude que j'aurais presque cru pouvoir palper.

« Assieds-toi devant moi s'il te plaît » lui demandais-je en lui pointant le premier rang du doigt.

Elle s'exécuta en silence sachant pertinemment qu'elle n'avait rien oublié ici. Et probablement qu'elle allait être cuisinée dans les règles de l'art.

« Écoute Cara, je suis désolée de te prendre en porte-à-faux, mais je suis inquiète. Luke et moi nous sommes disputés alors que depuis mon arrivée nous sommes très proches et ça me préoccupe parce que notre sujet de discorde n'est pas anodin. Du moins il a tenté de m'en persuader, mais je n'en crois rien. Une fois n'est pas coutume j'ai écouté les rumeurs et il se trouve qu'on m'a laissé entendre que tu pourrais m'aider d'une manière ou d'une autre alors je pense que tu pourrais m'être très utile, si tu le veux bien sûr. »

« Que lui est-il arrivé ? » me demanda-t-elle un peu plus inquiète.

« Il est parti au Chili apparemment. La dernière fois qu'on s'est vu, je lui parlais du mythe des loups-garous et il s'est emporté parce que je ne lâchais pas l'affaire. Alors, dis-moi ce que j'ai à connaître s'il te plaît ou tout du moins les informations que tu as en ta position. Ou à défaut, ce que tu crois savoir ce serait déjà un début. »

« Bien. Je vais commencer par moi dans ce cas, mais promettez-moi de garder l'esprit ouvert. Ma famille vit ici depuis des générations, depuis que Salem existe. Ici la magie a toujours été forte, je ne saurais dire si c'est à cause de ses bois, de cette rivière où des poissons bien étranges nagent, de l'ambiance, de la terre, mais toujours est-il qu'il est le berceau de phénomènes plus qu'étranges. Au commencement ma famille était tout ce qu'il y a de plus normal dans une société où le puritanisme séchait le cœur des hommes. Une de mes grands-mères était la femme du Pasteur qui régnait sur la ville, un affreux personnage qui prêchait la bonne parole tout en battant et violant sa femme. Un soir épuisé, malmené et bafoué elle s'est réunie en secret avec des amies à elle et ces 5 femmes ont fait des incantations pour appeler le diable afin qu'il les aide à surmonter leurs maris qui n'étaient tous pas mieux les uns que les autres. Au beau milieu de la nuit après des heures d'incantations le diable leur est apparu. Il a passé un marché avec les filles, il donnait un pouvoir à chacune en échange d'une seule âme. Les filles ont accepté et celle d'entre les 5 qui était malade se proposa pour donner son âme. Le lendemain elles se réveillèrent toutes dans leur lit marital avec de vagues souvenirs de la veille. Alors elles se réunirent avant l'office quotidien et ma grand-mère pouvait contrôler les mouvements des gens grâce à leurs ombres, ce qui lui permettrait d'éviter à tout jamais son mari. La seconde pouvait lire dans les pensées et donc anticiper les mauvaises humeurs ou colères de son mari, pour mieux les vivres, je suppose. La troisième avait développé la capacité de sortir son âme de son enveloppe corporelle ce qui lui permettait de moins ressentir la douleur des coups. La quatrième, elle, faisait des merveilles avec tout ce qu'elle touchait. Si elle voulait que son métal sans valeur se transforme en or, elle n'avait qu'à fermer les yeux et y penser. Ça paraît futile comme ça, mais pour une femme qui est ignorée par son mari qui préfère aller voir les femmes de joies c'est inestimable pour s'offrir sa liberté et enfin. La dernière. Celle qui avait donné son âme au diable faisait des rêves atroces, de pendues, de morts et elle ne ressentait plus aucun sentiment humain. Elle n'était plus qu'une coquille vide. Rapidement les filles se servirent de leur pouvoir en prenant la dernière sous leur aile condamner à mourir d'un jour un l'autre. Piéger dans sa propre chambre à cause des délires qu'elle avait elle devenait tous les jours un peu plus folle que la veille. Un matin elle a décidé de s'enfuir de sa chambre et en pleine place publique elle a désigné des femmes, les mêmes femmes qu'elles voyaient pendues, lapidées, égorgées en criant "Sorcière". Parce que selon elle ses femmes qu'elles voyaient toujours étaient responsables de ces cauchemars et rapidement les procès pour sorcellerie ont commencé. Ces femmes qui avaient été désignées arbitrairement moururent de la même manière que la 5e femme les voyait. Le rapprochement ne se fit pas immédiatement c'est seulement au moment de sa mort qu'elle se rappela les mots que lui avait murmuré le diable avant de prendre son âme :
Tu sèmeras le chaos sur cette terre, tu la marqueras au fer rouge éternellement avant que je ne vienne te chercher en personne. Prends ça comme un cadeau pour ta dévotion.
En fait elle voyait l'avenir sans en avoir conscience et tout ce vide en elle la hantait ne donnant plus de sens à rien. Et effectivement dans tous les manuels d'histoires nous parlons encore des sorcières de Salem, mais pas les bonnes. N'étant plus que 4 elles se sont ressoudées et ont appris à contrôler mutuellement leur pouvoir avant de se les partager pour ne former que 4 sorcières avec des pouvoirs illimités. Cependant ce trop-plein de pouvoir entraîna des jalousies au sein des filles et des créatures furent créées pour savoir qui serait la plus puissante. L'homme immortel, ou vampire est alors née et pour y répondre une autre créa le loup-garou ou Lycanthrope et une mourut en essayant de créer une âme immortelle, l'essence même de l'Homme, mais sans limites de temps. Mais elle a réussi. Son âme n'est jamais morte et on raconte qu'elle roderait dans Salem bloquée dans un monde parallèle. Ma grand-mère elle ne s'intéressa pas à tout ça elle considéra la création comme l'arrogance ultime envers la nature et son cycle et se concentra sur les potions et les remèdes en tout genre pour l'humanité. Au final ma grand-mère eut une descendance alors que les deux autres femmes moururent seules et fatiguées. En y réfléchissant, ses dons n'étaient pas un cadeau, mais une malédiction sans parler des monstres qu'elles ont créés et qui se baladaient désormais dans la nature. »