Chapitre 38 - Mes Sorcières Bien Aimées

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J'aurais bien voulu finalement que Luke soit là... Je ne comprenais pas trop le comportement de Maggie et Red et ça me blessait beaucoup plus que je n'aurais bien voulu... Je suis devenue quelqu'un de fier, je n'aime plus prendre les choses à cœur parce que donner de l'importance ça veut dire prendre le risque de souffrir et j'ai assez donné. Ces dernières années, j'avais distribué ma confiance aussi facilement que des billets dans des clips de rap alors je me devais de faire quelques ajustements de personnalité. Si je ne regarde que le côté pragmatique c'est normal que Red ne m'aime pas car il a l'air lié à l'organisation des chasseurs. Il sait donc au mieux que je suis la descendante de Tituba au pire que Luke est un loup et que je le protège. De quoi ne pas beaucoup m'apprécier mais Maggie... Elle, vraiment je ne voyais pas. Ce n'est quand même pas de l'immaturité ? J'envoyais tout de même un message à Luke pour lui expliquer, le connaissant je savais qu'il sentirait que quelque chose n'allait pas. Mais il me répondit seulement quelques secondes plus tard qu'on verrait ça ce soir ensemble, pas d'une grande aide en somme. D'un autre côté il a pris le temps de me répondre alors qu'il est en plein cours, c'est plutôt prévenant de sa part.

En arrivant chez Luke, je me couchais sur le canapé me résignant à trouver des réponses aux milliers de questions qui commençaient à sérieusement me donner la migraine. La commande des meubles pour la future maison encore remise à plus tard, évidemment on ne se félicite pas. Plusieurs heures plus tard c'est mon téléphone qui me réveilla, ces bips incessants me rendaient dingue. Quand j'émergeais, j'ouvris les yeux et mon cerveau reconnut la pièce dans le noir après un petit temps d'adaptation s'attendant à être dans cette cage. Puis les derniers souvenirs arrivèrent eux aussi remettant tout en place dans ma tête et je me souvins de ce que je devais faire.

À peine levée que je bus un verre d'eau et partie en trombe de l'appartement non sans laisser un petit mot doux à Luke pour ne pas qu'il s'inquiète. Dans les rues sombres, je regardais partout aillant toujours aussi peur, même apeurée par les souvenirs traumatisants de celle de mon enlèvement. Malgré tout, la soirée était calme et silencieuse, je ressentais à peine cet oppressement que j'avais l'habitude de sentir avec les chasseurs mais il était perceptible. En arrivant devant l'orée des bois, je me dis que c'était ridicule, que je ne retrouverais jamais mon chemin. Pourtant à l'instant où je me fis ces réflexions un courant d'air passa rapidement sur ma main ce qui me fit sursauter. La seconde d'après je me demandais si je n'avais pas rêvé mais non j'en étais certaine. Je l'ai bien sentie. Je pris mon courage à deux mains pour ne faire ne serait-ce qu'un pas. Avant curiosité scientifique oblige j'aurais fait n'importe quoi pour comprendre la raison de cette brise uniquement sur ma main puisque les arbres autour de moi n'avaient pas bougé d'un seul pouce et que la nuit était plus que calme.

Je reculais sans le vouloir de quelques pas, complètement terrifiée quand j'entendis des foulées au loin et soudain ce n'était plus aussi loin mais tout autour de moi. Je ne pouvais rien voir cependant je pouvais percevoir que c'était de plus en plus rapide. Je ravalais mes sentiments négatifs, soufflais un bon coup comme la sage-femme m'avait montré il y a quelques années puis je suivis ces signes étranges qui s'étaient calmés avec moi semblant me montrer un chemin. J'essayais de les suivre au mieux sachant que je marchais dans une forêt totalement plongée dans le noir, je devais me fier à tous mes autres sens. Je crus marcher pendant une heure, j'étais épuisée de ne rien voir et d'avancer à l'aveuglette. Concrètement la peur avait laissé place à une exaspération profonde alors je m'arrêtais brusquement, asséchée et vidée par cette promenade nocturne digne des plus mauvais films d'horreur. Je me laissais choir sur la première chose que je pus difficilement apercevoir autour de moi à savoir un arbre mort et laisser à même le sol. Mon tronc était assez confortable pour un canapé forestier, les bruits et courants d'air autour de moi disparurent aussitôt laissant place à un épais brouillard. Cette espèce de nuage dense entourait mes chevilles quand tout à coup un feu s'alluma sous mes yeux et 5 sorcières apparurent juste devant moi comme si elles étaient en chair et en os. 5 vieilles femmes me faisaient face. Par contre elles n'avaient rien à voir avec les sorcières des contes pour enfant ou les jolies jeunes filles des séries B à la télé, non, ces femmes-là n'avaient pas d'âge. Elle ne ressemblait à tout et rien à fois, ni à une personne vivante ni à un fantôme.

Luke Jackson et la malédiction du LycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant