Aime-nous ! { 3 }

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La poignée dans ma main, je ne sais plus quoi faire. Len attend une réponse. Je ne sais pas quoi lui dire. Et... mon visage. Est-il encore marqué par la violence de Meiko ? Et si c'était le cas, Len va s'inquiéter, c'est inévitable. Il est toujours comme ça, avec nous, quand nous avons une petite coupure, ou ne serait-ce qu'une simple éraflure, il s'inquiète.

Allez, arrête de penser à Meiko. Reprends le contrôle de toi-même, Miku.

Je tourne la poignée et entre dans la chambre. Sans aucune surprise, Len y est. Assis sur son lit, le bras gauche toujours dans un plâtre, mon ami me sourit, tout juste avant de voir son visage s'assombrir. Je suis le mouvement de ses yeux, il inspecte mes blessures. Merde ! J'aurais dû... les cacher ! Maintenant, il va s'inquiéter, alors qu'il est le plus mal en point entre nous deux ! Je tente bien que mal de camoufler mes poignets, pendant que mon ami me fait signe de m'approcher.

J'avance vers le lit, tandis que Len s'installe à l'extrême gauche de son matelas. Il tapote l'espace libre à sa droite, comme pour m'inviter à m'asseoir. Je suis... mal à l'aise ?

- Ne t'inquiète pas, me dit-il. Rin et moi on s'asseoit comme ça pour des sujets plus sensibles.

Il veut donc effectivement parler de mes marques... Foutue Meiko. J'accepte quand même sa proposition, ne pouvant pas refuser grand chose dans l'état qu'il est. Je grimpe sur le lit et m'installe en ramenant mes jambes contre moi. J'enroule mes bras autour et Len commence à parler.

- Qui t'as fait ça ?

- La pire des pestes en personne, je réponds.

Len soupire. Il a compris. J'aime mieux éviter d'avoir à prononcer son nom.

- Tu permets ? demande-t-il doucement.

J'écrase ma joue droite non blessée sur mes genoux, faisant en sorte que je me retrouve face à lui. Ses yeux bleu électrique croisent les miens. Je lui demande ce qu'il veut dire par «permettre».

- Ça, fait-il tout aussi doucement.

Je vois sa main s'approcher de mon visage. Par réflexe, j'ai un léger mouvement de recul, ce qui arrête Len dans son élan. Mais après un court moment sans geste, sa main recommence à s'approcher. Ses doigts frôlent ma peau. Il n'utilise que le bout de ses doigts. Bizarrement, je me sens incroyablement bien, en sécurité et protégée.

Je sens qu'il touche aux points les plus sensibles, et pourtant, je le laisse faire. Pourquoi est-ce que je le laisse faire ?

- Elle t'as giflée..., dit-il. Il a encore de petites traces de ses doigts. Et tu as de petits creux dans ta peau. Qu'a-t-elle fait ? Tu ne mérites pas qu'on te maltraite.

Ses paroles m'apaisent. Il comprend ma douleur et il tente de me réconforter. Je me sens beaucoup mieux.

- Ah...! Tu souris ! Voilà enfin la Miku que je connais !

Le blond devant moi aborde un chaleureux sourire, ce qui me fait échapper un petit rire. On dirait presque que rien ne va mal, que l'accident n'a jamais eu lieu. C'est si bon de retrouver des bons moments en sa compagnie.

- Alors, commence-t-il, as-tu réfléchi à ma demande ?

Arg. Je savais que ça allais venir. J'échange ma joue droite pour mon menton et me mets à fixer le mur devant nous. Je ne sais pas quoi répondre.

- Je... Je ne sais pas, dis-je en bafouillant.

Len est un très bon ami, mais... il y a toujours cette part de moi qui est incertaine quand je pense à ça... ou à lui. Et c'est très étrange, car je ne ressens pas ça en pensant à Gakupo. Cette incertitude vit en moi, mais seulement lorsque je pense à Kaito ou Len. Un espèce de tiraillement entre deux camps, sauf que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.