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J'ai trouvé !

Je me jette sur le casier. J'empoigne le cadenas et le tire de toutes mes forces.

- Ouvre-toi !

Je tente toutes sortes de combinaisons stupides les unes comme les autres. Tu es stupide, Len ! Ce n'est pas ce que tu dois faire ! Je frappe contre le casier d'à côté. Foutue Meiko ! Je décide de faire la première chose qui me traverse l'esprit. Je vais à l'extérieur de la rangée et hurle de toutes mes forces.

- À l'aide ! Par pitié, venez m'aider !

Un surveillant, alerté par mon hurlement, accourt vers moi. Il me demande :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Mon amie ! dis-je, à bout de souffle. Elle est prise dans un casier ! Vous devez m'aider.

Il part un moment et revient quelques minutes plus tard, alors que la cloche du début des cours retentit. Je m'en fiche, de mes cours, la sécurité de Miku avant tout. Le surveillant a avec lui des grosses pinces coupantes, dédiées à couper le cadenas. Je le dirige au casier et il s'installe pour couper le cadenas. Le cadenas fait un bruit étrange en se sectionnant et je le retire rapidement.

La porte s'ouvre toute seule. Je vois Miku tomber à la renverse et profite qu'on m'ait enlevé ce plâtre hier pour me jeter sous elle avant de la rattraper dans mes bras. Je me mets à pleurer et à la serrer contre moi. Ses yeux sont clos, elle ne réagit pas à ma main contre sa joue, ma main qui pousse ses cheveux de son visage ou même à mes larmes qui tombent contre ses joues. Par pitié, réponds-moi quand je dis ton nom !

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Cela fait deux semaines que Miku ne bouge pas de son lit, selon les dires de Mikuo. Chaque jour, chacun d'entre nous va la voir. Mais nous ne voyons pas son visage, elle préfère fixer le mur sans dire un mot. En fait, je dis chacun d'entre nous, mais...

Pas moi.

Je n'ai jamais osé aller la voir. J'étais tellement mort d'inquiétude en la retrouvant. L'école l'a envoyé d'urgence à l'hôpital, en ambulance. L'école voulait être certaine qu'elle allait bien. Résultat, perte de conscience. Elle s'est réveillé le soir même. Mikuo dit qu'il n'avait jamais autant pleuré de joie. Il est resté à son chevet toute la journée. Il a été soulagé et heureux de la voir ouvrir les yeux.

L'hôpital l'a laissé partir chez elle le lendemain matin.

Chez les Hatsune, Mikuo dit que l'ambiance est lourde. Il n'est désormais jamais seul, il est toujours accompagné d'une fille qui se prénomme Miki, selon mes amis. L'aîné des Hatsune ne sort que pour ses cours au Cégep puis, revient rapidement chez lui. Il donne à manger à sa soeur, mais jamais elle ne dit un mot. Il a dit à Gakupo, qu'une nuit, il s'est réveillé en sursaut; Miku hurlait. Il paraîtrait qu'elle pleurait aussi. Il aurait abandonné Miki dans sa chambre et aurait rejoint sa soeur dans son lit. Ils ont dormi ensemble, pour une rare fois depuis que Miku n'est plus une enfant.

Aujourd'hui, j'ai décidé que c'était mon tour d'y aller. Je me suis dit que je ne pouvais pas la fuir éternellement. J'avais déjà manqué ma chance, le mercredi du concours. Je voulais lui dire mes sentiments, lui annoncer et peut-être même avoir une réponse d'elle. Maintenant, j'ai perdu ma chance.

Je soupire et toque à la porte des Hatsune. Comme mes amis le disent, c'est Miki qui ouvre la porte. En entrant, je trouve Mikuo assis dans le salon, l'air dévasté. Il lève la tête et me voit. Des larmes se forment sous ses yeux et il se tourne, probablement pour cacher sa tristesse. J'entends tout de même un «Merci» venant de lui.

Connaissant déjà où se trouve la chambre de Miku, je vais à l'étage. J'ouvre doucement la porte de sa chambre et entre. À ma grande surprise, elle est couchée sur le dos et regarde le plafond. Jamais mes amis m'ont dit qu'elle regardait le plafond. Je m'approche tout de même du lit et me penche à sa hauteur. J'ai le temps de voir ses yeux me regarder avant qu'elle retourne son attention au plafond.

Aime-nous ! { 3 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant