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Dans l'ombre de mes couvertures je sanglote. J'ai pleuré et je pleure encore tellement que je ne sais pas ce qui se passe. Je n'en peux plus, je ne veux pas retourner là-bas, je ne veux pas la recroiser, j'en ai marre ! D'abord, elle m'enlève Kaito puis, elle s'en prend à moi avec une nouvelle fille qui ne me connait même pas. Qu'ai-je fait...? Dites-le moi !

- Je ne vous promets pas qu'elle va vous répondre, elle n'est même pas venue manger.

- Merci, Mikuo.

Partez ! Je ne veux voir personne ! Je sers mes couvertures et les garde tout près de moi. Je m'en sers comme cocon, même ma tête est sous les couvertures. Mon lit, c'est ma seule liberté. C'est tout ce qu'il me reste. On m'a frappée, on m'a insultée... On a abusée de mon droit de vivre ! Meiko l'a utilisé, elle l'a détruit même !

- Je te l'avais dit. On est arrivés et le mal avait déjà été fait.

Je sens une main se poser sur mon bras. Elle caresse mon membre supérieur avant de s'arrêter sur mon épaule.

- Ouais, je sais... Mais je voulais la voir. Je voulais qu'elle sache que je suis là pour elle.

Je me mets à pleurnicher. C'est beaucoup trop dur !

- Miku ?

La main recommence à caresser mon bras. Lâchez-moi ! Je vous en prie !

- Viens, laissons-la seule.

La main disparaît de mon épaule. Je laisse mes larmes couler. J'entends la porte de ma chambre se fermer et je regrette d'avoir souhaité que ces gens partent. Je pleure bruyamment et et frappe le mur devant moi de mes pieds. Rapidement, mes poings se joignent à la bataille et je me défoule, sans pour autant détruire le mur. Je hurle, je frappe et bien assez vite, je perçois le son de ma porte qui s'ouvre. Une main prend mon bras gauche par l'avant-bras et me retient de continuer. Je m'arrête brusquement, sanglotante et tremblante.

J'ai envie de réconfort, alors je tourne vers la personne qui est venue, ce qui cause la chute de la couverture de ma tête, ne la remarque pas dans mes yeux tout plissés et imbibés de larmes, pour l'étreindre de toutes mes forces contre moi.

- Aïe, dit faiblement la personne.

Je cache ma tête dans son cou, me faisant caresser au dos d'une seule main et me faisant chuchoter à l'oreille que tout va bien. Sauf que je sais que ce n'est pas la vérité. Je sais qu'elle sera là, encore, demain, elle va m'attendre, elle va recommencer, jusqu'à temps qu'elle se tanne de moi. Mais cela n'arrivera pas ! Si demain, elle s'en prend à moi, cela voudra dire que j'aurai passé les trois derniers jours de la semaine d'école dans sa ligne de mire ! Tout ce que je veux, demain, c'est un vendredi tranquille !

- Miku...

Je n'en peux plus...

- Miku, regarde-moi.

Je retire ma tête du cou de la personne présente avec moi, me recule un peu et essuie quelques larmes avant d'ouvrir les yeux. Ces cheveux blonds, ces yeux d'un bleu électrique et cette personne si attentionnée à mon intention depuis quelques jours.

- Je suis désolée, Len, dis-je en murmurant.

Sa main droite vient caresser mes cheveux et il se met à sourire.

- Tu n'as pas à t'excuser. Ce qui arrive en ce moment n'est nullement de ta faute. C'est à cause de Meiko que tu es comme ça. Mais je te connais, tu es plus forte que ça.

Ses paroles me rassurent, même qu'étrangement, je me sens drôlement mieux. Certes, je me sens en petits morceaux à l'intérieur de moi, mais d'un autre côté, je me sens détendue et en complète sécurité. Soudain, je réalise.

- Tu... Tu es sorti de l'hôpital ! je m'exclame en relâchant des larmes, de joie cette fois.

Len hoche la tête en souriant plus intensément et m'explique que Rin l'a mis au courant des événements de la journée. Je voudrais lui donner ma version des faits, lui dire l'enfer qu'elle m'a fait subir, comment je suis revenue à la maison, mais... j'ai tout oublié.

- C'est le choc. C'est normal que tu ne te souviennes pas.

Je me mords doucement la lèvre, voulant y croire, mais cherchant à me souvenir de ce qu'il s'est passé. Len se lève et me propose d'aller rejoindre Rin et Mikuo, qui s'inquiètent énormément. Il me tend la main et je la prends en hochant la tête, acceptant sa proposition. Il m'entraîne hors de ma chambre, dans l'escalier, jusqu'au salon et lâche ma main. Rin affiche une expression faciale soulagée alors que j'entrevois mon frère se tourner pour me voir. Visiblement rongé par l'inquiétude qui s'en va d'un coup, il s'approche rapidement et me sert dans ses bras.

Mikuo et moi échangeons une étreinte serrée. Il me dit à quel point il m'aime, qu'il s'inquiétait pour moi et jamais il n'avait eu aussi peur pour moi. Ses paroles viennent me chercher droit au coeur et me font sangloter de nouveau. Je m'excuse un nombre improbable de fois en lui disant que moi aussi, je l'aime, avant que nous mettions fin à l'étreinte.

- Comment suis-je arrivée ici ? je demande.

- Quand tu es partie de la cafétéria, commence Rin, nous voulions te laisser de l'espace. Mais Gakupo a remarqué, trop tard, que Meiko t'avait suivie. Il nous a demandé de le suivre et nous avons suivi, au loin, Meiko. Quand elle a passé la porte, on s'est demandé s'il valait la peine que nous sortions à l'extérieur aussi. Tu seras étonnée d'apprendre que c'est SeeU qui s'est frayé un chemin entre nous pour regarder au travers de la petite fenêtre. Elle a regardé partout et finalement, elle a figée. Elle s'est tournée vers nous, a demandé à Gakupo de l'aide, à Luka et Haku d'aller chercher le directeur et finalement, elle a appelé son frère pour qu'il puisse te ramener ici.

- Et moi, dit Mikuo, j'étais de retour tôt du cégep. Quand tu es arrivée, tu as couru dans ta chambre et tu es restée là jusqu'à maintenant, en jurant de tous les mots possibles et en pleurant.

Len doit avoir raison, le choc, très probablement de nature émotionnelle, m'a tout fait oublié. En fermant les yeux, j'essaie de repenser à tout ça. Malheureusement, un soudain mal de crâne me tambourine la tête. Je gémis de douleur en me prenant la tête.

- Miku ! s'inquiète mon frère.

Il pose doucement ses mains sur ma tête et me tâtonne le cuir chevelu pour trouver l'endroit le plus sensible. Quand il le trouve, je gémis de la vive douleur qu'il provoque. Il conclut que je suis très rouge et que j'ai du recevoir un coup à cet endroit.

- C'est la seule explication possible, ajoute Len.

Suite à ça, je tente d'oublier la douleur pour qu'elle s'estompe et demande à manger. Mikuo me laisse seule avec mes amis et part à la cuisine. Rin vient prendre la place de mon frère, ce qui fait que je me retrouve entre les deux jumeaux. Ils me serrent dans leurs bras, ou celui qui est encore mobile, et me disent, à l'unisson, que tout va mieux désormais. Je souris et passe un bras sur chacun d'eux en me joignant à leur accolade. Cela me procure un bien fou. Je sens que je respire de plus en plus normalement.

À une respiration, justement, je sens une alléchante odeur de lasagne. Mikuo revient au salon, une assiette avec, comme je l'ai sentie, une pointe de lasagne !

- C'était le souper... Mais ta portion est réchauffée au micro-onde.

Je lui dis que ce n'est pas grave, mets fin à mon accolade avec les jumeaux et m'approprie ma part de repas. Sans aucune surprise, mais sûrement aussi pour me rendre heureuse, les deux têtes blondes cherchent à me voler une bouchée, ou un légume qui tombe de la sauce dans mon assiette. Je ris, mais dévore la lasagne. En coin, je vois mon frère sourire, l'inquiétude de mon état partie de son esprit. Nos yeux se croisent et je lui offre un sourire.

Mon sourire le fait s'approcher à son tour et se joint aux jumeaux. Je me retrouve avec trois voleurs de nourriture que je tente de fuir dans toutes les pièces de la maison. Je termine mon repas et, par la suite, passe le restant de ma soirée à rire des bêtises que je me fais conter, dans le but que je retrouve ainsi que je garde ma bonne humeur.

Aime-nous ! { 3 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant