sapphô

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"mais tu comprend pourquoi, maman,
je n'ai pas besoin de prendre la pilule ?"
elle m'a percé d'un regard sans traitement
plus fatigué qu'une pendule ;

sa lèvre s'est tordue d'une moue
et elle est restée bouche cousue,
tandis que s'enflammaient mes joues
d'un sang tout tendu.

"c'est un peu gênant mais voilà..."
furent mes dernières paroles,
et trouant l'atmosphère saveur tabac
j'ai fui comme une sale bestiole.

j'avais pourtant hésité vingt-sept minutes
en ressassant cette même phrase,
maintenant je tend les bras dans ma chute
à aphrodite qui me toise :

est-ce sale de s'étendre près des filles ?
si je goûte au miel d'un amour sapphique,
vais-je être la déception de la famille,
vais-je leur faire honte en public ?

pourquoi est-ce à moi de me cacher ?
les dieux m'ont donné du courage :
j'ai dévoilé mon identité,
alors pourquoi se transforme-t-il en rage ?

sapphô m'a épaulé lors de ce rituel,
sa main tendre apaise mes maux ;
elle me chuchote que ce n'est pas un duel,
mais un conflit à résoudre par les mots,

mais quels mots employer face aux siens ?
je partage l'amour de la poétesse
car les mêmes vents soufflent en nos seins,
et elle adoucit ma tristesse.

un bouquet de violettes flotte au vent
qui irrigue mon cœur de femme,
couronne de sapphô et savant message
aux siècles derniers de nôtre flamme.

ad nauseamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant