c'était un vieux marin
qui surveillait les côtes,
la lèvre sèche et l'air serein
il guettait sur sa chaise hauteses mains calleuses et abîmées
ont façonné la spirale des vagues,
et ses pieds ont foulé
les fonds marins avant nos draguesil admirait les enfants
qui édifiaient des châteaux de sable
tels des autels en palaces triomphants
il les trouvait tous formidablesmais la gourmandise des flots
dévorait tout sur son passage,
et l'écume glissant au galop
rendait à la terre tous ces villagesil priait à genoux avec ces vielles dames
qui pleuraient sur le rivage,
lui qui avait vu le drame
laissait la mer couler de leurs visagesparfois il avait une face de morse
et parfois des palmes entre les doigts
mais toujours du corail au torse
et cette fumée dans laquelle on se noiegrand-père fumait et parlait
en démêlant sa barbe tourbillonnante,
et ses épaules recouvertes de filets
grouillaient de créatures étonnantesmais j'ai oublié leurs noms.
grand-père écume n'a pas disparu
je peux le retrouver dans le limon
après la décrue(mais ils ont percé son poumon)